« Mets-toi debout, marche » : le dialogue, c’est demain !

Lundi 27 juin 2016 - 12:58

Dialogue ! Dialogue ! Pour beaucoup, c’est le moment de le voir fleurir. Et bien fleurir...

L’heure-a-t-elle sonné pour, en fin de compte, passer rapidement du comité préparatoire au dialogue politique proprement dit? Dans bien de milieux, tout semble indiquer d’ores et déjà que le décor est suffisamment planté pour que les choses sérieuses puissent commencer.

 

VATICAN, UE, UA, OIF...

D’ailleurs, que de voix ne sont-elles pas élevées, appelant à ce qu’on en arrive finalement à ce «go» tant attendu Dans tous les cas, sur place au pays, elles sont nombreuses, les différentes strates de la société qui continuent à demander, voire à réclamer pour certains, la tenue du dialogue. Au-delà des frontières nationales, on n’en a pas moins embouché la trompette des institutions internationales et africaines au nombre desquelles l’Union européenne, l’Organisation internationale de la Francophonie… et l‘Union africaine, se sont associées, dans une posture commune, à ce vibrant appel au dialogue.

A ces voix dont la plupart font évidemment autorité dans le monde, il faudra ajouter, et de manière particulière, celle du Saint-Siège. Le pape François a en effet donné de sa voix à la faveur du dialogue congolais.

Il est vrai que des semaines entières se sont déjà écoulées sans que l’on n’ait presque rien vu venir, mais il n’empêche que e big event va finir par se tenir… sur le sol congolais. «Le soleil ne se couchera pas, avoue la main sur le cœur un grand politologue congolais, sans que l’on ait vu s’organiser ce dialogue, avec comme point d’orgue le processus électoral notamment.

 

A vrai dire, ce n’est plus qu’une question de jours pour donner le ‘go’ à un forum qui a certes pris un peu de temps pour «se mettre debout et marcher». Les tout derniers réglages sont en train d’être faits. D’ici là, tout va devoir être fin prêt quant à ce. «‘Le dialogue, embraye-t-il, c’est la voie royale. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, il aura bel et bien lieu. Le dialogue est incontournable.

 

Le pays, conclut-il, gagnerait pour beaucoup dans ou avec l’organisation d’un tel forum, même s’il n’est pas le premier du genre. Depuis janvier, mois où il avait été désigné l’émissaire de la présidente de la Commission de l’Union africaine pour aider à l’organisation d’un dialogue politique en RD Congo, suivi de sa nomination en avril, par la même organisation, facilitateur du dialogue, Edem Kodjo semble avoir pris ce dossier pratiquement à bras-le-corps.

 

Il s’y est investi...à sa manière. Tout le bonheur est à lui s’il arrivait à mener sa mission jusqu’au bout, c’est-à-dire à bon port. Chemin de croix par ici, parcours du combattant par-là, l’homme en aura vu de toutes les couleurs. Est-il au bout de ses peines ? L’ancien secrétaire général de l’Organisation panafricaine essaie de tenir le coup là où certains n’hésitent pas à lui demander de carrément jeter l’éponge.

 

Mais rien n’y fait. Au contraire, il est resté tout droit dans ses bottes. Se montrant d’une patience à nul autre pareil. Patient, il tient à le demeurer. «Je veux être patient. Et s’il faut être patient jusqu’à boire toutes les eaux du fleuve Congo, je le ferais», a-t-il affirmé, paraphrasant ainsi le célèbre poète Aimé Césaire.

Patient, Edem Kodjo entend garder cette difficile posture. Il espère voir se tenir ce dialogue présenté comme «la clé du déverrouillage pour des élections apaisées».

 

« SOUVENT PERDU... »

Souvent perdu ? Edem Kodjo le reconnaît. Notamment lorsque la presse étrangère l’interroge sur le dialogue, précisément sur l’état d’esprit des opposants congolais. A la question de savoir «Dans quel état d’esprit se trouvent les opposants, et en particulier Etienne Tshisekedi», il répond : «Je suis moi-même souvent perdu. J’ai rendu deux visites à M. Tshisekedi à Bruxelles; la dernière fois, c’était le 5 mai. Je lui ai rappelé que son parti devait nous remettre la liste des représentants qui assisteront au comité préparatoire du dialogue. L’UDPS a souhaité avoir son mot à dire et se prononcer sur la participation des autres partis d’opposition. Nous avons accepté. Et pourtant, aucune liste ne nous a été transmise à ce jour. D’où le blocage ».

«Je le regrette, avait-il fait prévaloir, car il ne faut pas sous-estimer l’effet apaisant qu’aura le dialogue ».

Par Marcel LUTETE