Et ce, afin d’éradiquer ces maux qui rongent la musique et la société congolaise. En effet, les musiciens ne font que relayer comme dans un effet miroir le reflet d’une société en déperdition morale accentué par les technologies de l’information et de la communication. Les plus véreux de musiciens soutiennent que le sexe et la sensualité payent bien dans la musique. Les coups de reins et autres déhanchements des danseuses endiablées font bonne recette dans leurs concerts, sans compter de thèmes, des chansons et des paroles qui peignent des scènes d’ébats sexuels. Même de façon codifiée, le public, à force d’écouter, parvient avec le temps à décoder des paroles et des messages.
Les mélomanes ne sont pas aussi bêtes. Ils ont un pouvoir de jugement sur le bien et le mal. Mais hélas, pour certains mélomanes, ils font de ces chansons obscènes un répondant à leur immoralité. Ils en raffolent au point d’influencer leur comportement dans la société. D’autres observateurs estiment que les compatriotes ont droit à la culture de l’excellence à travers les fruits de l’industrie musicale congolaise. Ils s’inquiètent de la dépréciation de la musique congolaise noyée dans l’immoralité et l’obscénité... les cris, les danses et spectacles obscènes ne reflètent plus l’identité culturelle congolaise. Le showbiz prime sur tout.
Parce qu’il est question du showbiz. Les artistes musiciens congolais ont tout intérêt à réfléchir sur la refondation de la musique congolaise, sur la reconquête de son leadership musical tant en Afrique que dans le monde, tout en préservant des valeurs sûres.
Mais de quelle musique s’agit-il pour que les Nations Unies en arrivent à lui consacrer toute une journée ? « Il ne s’agit pas de la musique pour la musique, mais plutôt d’une musique saine, éducative, une musique qui élève l’esprit de l’homme et lui apporte une paix intérieure, une musique qui ne heurte pas les consciences, ni ne porte atteinte aux bonnes mœurs ». Face à cette approche des choses, certains musiciens congolais se disqualifient d’office par rapport à leur œuvre qui reflète des pratiques orgies et occultes, dénuées de tout sens.
Dans l’industrie musicale congolaise, les responsabilités sont partagées. Au niveau les plus l’Etat par l’entremise des ministères de la culture, de médias et à l’initiation à la nouvelle citoyenneté, de la justice et ses services qui doivent prendre
des mesures conservatoires à l’endroit des récalcitrants qui entretiennent et vont entretenir cette médiocrité dans les medias et sur la place publique. D’ailleurs, les profanateurs de cette musique congolaise sont déjà connus et bénéficient des tapis rouges dans certains milieux à travers la capitale. Et les médias ? Les Directeurs des programmes télévisés, des réalisateurs et au plus bas des caméramans ont tout intérêt à rectifier les tirs. Certains d’entre eux ont versé dans les antivaleurs et la médiocrité, en diffusant à souhait sur les médias 24 heures sur 24, des chansons et spectacles obscènes. Les journalistes et autres chroniqueurs culturels doivent s’investir dans la critique des œuvres phonographiques pour éclairer la lanterne sur les élans des profanateurs de la musique congolaise. Comme l’industrie musicale est une chaîne d’acteurs qui se complètent dans leurs actions. Certaines entreprises brassicoles qui bradent également l’image de marque de la musique congolaise par la diffusion des spectacles obscènes. Elles doivent rectifier leurs tirs en associant l’image de marques de leurs produits à des valeurs sûres.
Le débat est lancé.
(Saint Hervé M’Buy)