Moscou-Washington : Vladimir Poutine critique le double jeu des Etats-Unis avec les terroristes

Samedi 24 octobre 2015 - 07:48

Le Président russe, Vladimir Poutine, a participé à la dernière journée de la 12ème édition du club Valdaï qui s’est tenue à Sotchi du 19 au 22 octobre. Les participants au forum ont eu l’occasion de lui poser des questions qui dominent l’actualité au monde. C’était l’occasion pour lui de critiquer ce qu’il qualifie de  double jeu des Etats-Unis avec les terroristes. Les Etats-Unis, dit-il, possèdent un grand potentiel militaire mais, il est toujours difficile de mener un double jeu : lutter contre les terroristes et en même temps en utiliser certains pour poser des pions sur le damier du Moyen-Orient dans leur propre intérêt. Et d’ajouter, ‘‘il est impossible de vaincre le terrorisme si on utilise une partie des terroristes comme un bélier pour renverser des régimes que l’on n’aime pas. On ne peut pas ensuite se débarrasser de ces terroristes. C’est une illusion de croire qu’on pourra les chasser du pouvoir. Le meilleur exemple nous est donné par la situation en Libye’’, a-t-il analysé forum de Valdaï. Le Président Poutine s’est longuement attardé, aussi, sur d’autres questions reprises dans le bulletin d’information du Ministère Russe des Affaires Etrangères de la Fédération de Russie que La Prospérité publie dans les lignes qui suivent. 

Ministère des Affaires Etrangères de la Fédération de Russie

Bulletin d’information

Vladimir Poutine :

«La Syrie, a tout le drame de la situation actuelle, peut devenir un modèle pour les partenaires au non d’intérêts communs, pour résoudre les problèmes qui touchent tous, pour élaborer un système de gestion des risques »

Le Président russe Vladimir Poutine participe à la dernière journée de la 12ème édition du club Valdaï qui se tient à Sotchi du 19 au 22 octobre.

Les participants au forum ont eu l’occasion de lui poser des questions.

Cette réunion du club Valdaï est placée sous le thème « La guerre et la paix ».

Elle a rassemblé plus de 130 experts de 30 pays.

Vladimir Poutine participe aux réunions annuelles du club Valdaï depuis sa fondation en 2014. Au total, plus de 800 scientifiques et analystes politiques d’une cinquantaine de pays ont pris part aux discussions du club Valdaï depuis 2004.

En ce qui concerne la politique américaine envers l’Iran et la défense antimissile  en Europe, Vladimir Poutine a noté : « La menace nucléaire de l’Iran n’a jamais existé ».

Les Etats-Unis ont tenu leurs premiers exercices de défense antimissile en Europe, qu’est-ce que cela signifie ? Nous avions raison lorsque nous nous sommes disputés avec nos partenaires américains. Ils ont tenté de déstabiliser l’équilibre stratégique et de faire évoluer le rapport des forces en leur faveur pour avoir une possibilité de dicter leur volonté à tous, y compris à leurs concurrents géopolitiques et à leurs alliés ».

Sur le double jeu des Etats-Unis avec les terroristes

Le Président Russe a aussi reproché aux Etats-Unis, du double jeu  avec les terroristes : «Les Etats-Unis possèdent un grand potentiel militaire mais, il est toujours difficile de mener un double jeu : lutter contre les terroristes et en même temps en utiliser certains pour poser des pions sur le damier du Moyen-Orient dans leur propre intérêt.

Il est impossible de vaincre le terrorisme si on utilise une partie des terroristes comme un bélier pour renverser des régimes que l’on n’aime pas.

On ne peut pas ensuite se débarrasser de ces terroristes. C’est une illusion de croire qu’on pourra les chasser du pouvoir.

Le meilleur exemple nous est donné par la situation en Libye.

On espère que le nouveau gouvernement pourra stabiliser la situation mais, ce n’est pas le cas pour l’instant ».

Vladimir Poutine a aussi donné  son avis sur l’usage de la force dans le monde d’aujourd’hui : « La force militaire reste un instrument de la politique internationale. Mais certains l’utilisent sans aucune raison évidente. Pour montrer qui est le maître à la maison. On ne pense pas à la légitimé de leurs frappes et à leurs conséquences. Cela ne résout pas les problèmes mais les multiplie. Les problèmes, à caractère différent, s’accroissent au Moyen-Orient depuis des années.

Mais, les tentatives « grossières »  de reconstruire le Moyen-Orient se sont transformées en allumette qui a mené à l’explosion ».

Sur la définition de l’opposition modérée Syrienne

«  Il ne faut pas diviser les terroristes entre modérés et non-modérés. On voudrait savoir la différence. Les bandits « modérés », tuent-ils un nombre modéré de gens où utilisent-ils des méthodes douces pour décapiter leurs victimes ? On fait face à des ennemis de la civilisation, de l’humanité et de la culture », a déclaré M. Poutine.

Sur le règlement de la crise Syrienne

Le Président Poutine a aussi précisé ce qu’il fallait faire pour mettre fin au chaos qui règne au Moyen-Orient. «  Il faut libérer les territoires de la Syrie et de l’Irak qui sont aux mains des terroristes et ne pas les laisser déplacer leurs activités dans les autres régions.

Il faut unir toutes les forces : les armées régulières de la Syrie  et de l’Irak, des rebelles Kurdes et des groupes d’opposition qui sont prêts à apporter leur pierre à la lutte contre le terrorisme.

Il faut coordonner les actions des pays de la région et d’autres pays qui combattent le terrorisme.

Mais, il est évident que les opérations antiterroristes doivent se baser sur le droit international », a fait savoir le Président russe.

«  La victoire sur les terroristes ne résoudra pas la crise en Syrie mais, servira de base pour un  règlement politique du conflit. Ce sont  les Syriens qui doivent décider de leur sort avec le soutien correct et respectueux de la communauté internationale et pas sous une pression extérieure prenant la forme d’ultimatums, de chantages et de menaces », a-t-il poursuivi.

« Il faut renforcer les institutions sociales dans les zones de conflits. Est-ce que c’est le moment pour la communauté internationale de comprendre qu’il faut coordonner tous ces efforts avec les gens qui habitent ces territoires ? Il faut respecter ces gens, comme tous les autres », a déclaré le Président russe.

Sur la crise migratoire en Europe

Analysant la crise migratoire actuelle, M. Poutine a estimé : « il faut aider les migrants sans léser les intérêts des citoyens des pays dans lesquels ces migrants veulent s’installer.

La collision choquante des traditions de différentes nations ont déjà entraîné une croissance du nationalisme, de l’intolérance, du conflit permanent dans la société ».

Sur les sanctions contre la Russie

Commentant les sanctions adoptées par les Etats-Unis, M. Poutine a noté : « Les guerres de sanctions sont devenues des estampes dans les médias. On utilise les sanctions comme un instrument de concurrence déloyale.

On constate, par exemple, une épidémie d’amendes pour des motifs imaginaires.

On punit sévèrement ceux qui ont violé des sanctions américaines unilatérales.

Est-ce qu’on peut se comporter ainsi avec des alliées ? Je pense que non. On se comporte ainsi avec des vassaux qui ont osé agir de leur propre initiative ».

En outre, le Président russe a répondu à plusieurs questions lors de la 12ème édition du Club Valdaï.

Interrogé sur les accusations de la coalition qui reproche à la Russie de ne pas frapper les terroristes, Vladimir Poutine a répondu : « on leur demande où on doit frapper mais ils ne nous  disent pas ».

Abordant la question de possibles frappes russes en Irak, le Président  russe a précisé que «  La Russie n’avait pas telles intentions compte tenu de l’absence de demande du gouvernement irakien. Nous accordons un soutien à l’Irak en lui fournissant des armes ».

Il a aussi évoqué le centre d’information à Bagdad grâce auquel « L’Iran, l’Irak, la Syrie et la Russie partagent leurs informations ».

Vladimir Poutine a qualifié de faibles, les arguments de l’ambassadeur américain John Tefft à propos de la sortie des Etats-Unis du traité ABM sur la limitation des armes stratégiques et le déploiement des systèmes de boucliers antimissiles américains en Europe.

L’ambassadeur avait indiqué que l’une des raisons du développement du bouclier antimissile américain est de créer des emplois.

« Le rôle de n’importe quel pays dans l’avenir dépendra du niveau de développement de son économie » a déclaré Vladimir Poutine en répondant à la question sur le rôle de la Russie dans le futur. D’après ses dires, la Russie a toutes les chances d’être parmi les leaders « compte tenu du haut niveau d’éducation de la population et des sciences fondamentales ». De plus, le Président russe a mentionné le caractère multinational et multiculturel de la Russie qui peut être « un trait d’union » entre l’Europe et le monde musulman.

Ambassade de la Fédération de Russie en République Démocratique du Congo

Kinshasa, le 23 octobre 2015