Selon un rapport de l’ONU publié hier, les rebelles ADF recourent aux machettes, marteaux, couteaux et aux viols pour tuer systématiquement des civils
Un rapport des Nations Unies publié le mercredi 13 mai 2015 révèle que de graves violations du droit international humanitaire ont été commises par des combattants des Forces alliées démocratiques (ADF), un groupe rebelle d’origine ougandaise, dans le territoire de Beni, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), au cours d’une période de trois mois fin 2014.
A Kinshasa, le Directeur du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’homme (BCNUDH), José Maria Aranaz, est revenu hier sur le contenu dudit rapport, au cours de la conférence de presse hebdomadaire de la Monusco.
Selon ce rapport qui s’appuie sur des enquêtes approfondies menées par le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme en RDC (BCNUDH), ces violations à la fois systématiques et extrêmement brutales pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Des actes de barbarie
Entre le 1er octobre et le 31 décembre 2014, au moins 237 civils, dont 65 femmes et 35 enfants, ont été tués par des combattants ADF dans le territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu.
Quarante-sept civils ont été blessés, 20 ont été enlevés et deux ont été victimes de violences sexuelles. Au total, 35 villages ont été attaqués par des combattants des ADF. » [Il y a eu] exécution sommaire d’au moins 237 personnes de manière systématique, planifié et prémédité par les ADF.
Toutes les 237 personnes que nous avons répertoriées sont des civils et nous pensons que ça peut constituer des crimes de guerre et crimes contre l’humanité par rapport au droit international, droit humanitaire et droit de l’Homme « , a affirmé le Directeur du Bureau conjoint des Nations unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH), José Maria Aranaz.
» Nous avons aussi constaté des violations d’intégrité physique de 49 personnes dont deux victimes de viol, deux enlèvements et privation arbitraire de liberté à l’encontre de grandes personnes, recrutement des enfants soldats et pillage « , a ajouté José Maria Aranaz.
Le directeur du Bureau conjoint des droits de l’Homme des Nations Unies déplore aussi la persistance des attaques contre la population de la part des rebelles ougandais dans le territoire de Beni depuis quatre mois. Cette menace s’est étendue au territoire d’Irumu dans l’est de la RDC.
Les assaillants utilisent des machettes, des marteaux et des couteaux parmi d’autres armes, pour blesser ou exécuter des civils. Certains ont été égorgés, ont essuyé des tirs alors qu’ils tentaient de fuir ou ont été brûlés vifs dans leurs maisons. Plusieurs cas de pillage et de destruction de propriété ont aussi été documentés.
Les officiers des droits de l’homme sur le terrain ont rassemblé plus de 180 témoignages de sources diverses, dont des victimes et des témoins.
Selon le rapport onusien, le total de victimes pourrait être beaucoup plus élevé, dans la mesure où les enquêteurs du BCNUDH ont fait face à diverses difficultés dans la conduite de leurs enquêtes et n’ont pas pu accéder à certaines zones pour des raisons sécuritaires.
Le rapport documente également les violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme commises, dans le territoire de Beni durant la même période, par des militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) déployés dans le cadre de l’opération Sukola I contre les ADF.
La justice interpellée
Au moins 300 personnes, dont au moins 33 militaires des FARDC, ont été arrêtées dans le cadre des enquêtes menées par les autorités congolaises sur les massacres de Beni.
En novembre 2014, deux officiers FARDC et quatre leaders des ADF ont été condamnés par les autorités judiciaires militaires congolaises pour l’assassinat du général des FARDC Mamadou Ndala et pour participation à un mouvement insurrectionnel.
» Je tiens à saluer ces premiers pas vers la justice, mais j’exhorte les autorités à redoubler d’efforts afin que toutes les personnes impliquées dans la série de crimes vraiment horribles qui ont ravagé la zone de Beni l’année dernière rendent des comptes « , a déclaré le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein.
Selon le rapport, les populations civiles de Beni demeurent extrêmement vulnérables aux attaques. La menace s’est maintenant étendue au territoire d’Irumu, également dans l’est de la RDC, où des violations commises par des combattants des ADF ont été signalées depuis le début de 2015.
» Face à l’ampleur et à la persistance des attaques menées par des combattants ADF, j’appelle les autorités congolaises à prendre vite les mesures nécessaires, afin de mettre fin aux massacres de civils « , a déclaré le Représentant spécial du Secrétaire général en RDC, Martin Kobler.
Par Godé Kalonji Mukendi