Le sang continue à couler dans ville meurtrie de Beni dans le Nord-Kivu. Au cours d’une manifestation réprimée hier par les forces de l’ordre à Beni, un jeune homme a reçu mortellement une balle dans le dos, neuf autres ont été blessés dont quatre par balle.
Un manifestant a été tué par balle mercredi lors de heurts avec les forces de l’ordre au cours d’une manifestation anti-gouvernementale à Beni, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a-t-on appris de source hospitalière.
«Cette personne a été tuée par une balle qui est entrée par le dos sans sortir de son corps», a déclaré le Dr Jérémie Muhindo de l’hôpital de Beni, où plusieurs centaines de personnes manifestaient contre l’inaction des autorités contre les violences qui touchent la région depuis deux ans. «Cinq personnes bless4es dont trois par balles», ont été admises pour des soins, a ajouté le Dr Muhindo à l’AFP.
«Un jeune homme a été tué par un policier près de la rivière Kilokwa», a confirmé le président de la société civile de Beni Gilbert Kambale. «Un policier a tiré à bout portant sur un jeune habillé en jeans», parce qu’il paraissait «le plus actif» lors de la manifestation, selon un témoin de la scène près du grand marché de Beni.
MASSACRES À L’ARME BLANCHE
Le territoire de Beni et ses environs sont en proie à une série de massacres principalement à l’arme blanche, ayant causé la mort de plus de 650 personnes depuis octobre 2014. La dernière tuerie d’envergure a vu 51 civils tués dans la nuit de samedi à dimanche dans des quartiers nord de Beni, à la lisière du parc de Virunga, repaire des rebelles ougandais de Forces démocratiques alliées (ADF), selon un bilan de la société civile de Beni. Le gouvernement évalue de son côté le total des morts à 42.
La société civile de Beni avait décrété’ trois journées «ville morte» à partir de lundi.
Les manifestants avaient noué autour de leurs têtes des étoffes tatouées «Amani» (paix, en swahili), pour clôturer le deuil.
En visite-éclair à Beni mardi, le Premier ministre congolais Augustin Matata Ponyo Mapon a été hué par la foule qui l’a appelé à la démission, en accusant les autorités de n’avoir pas protégé la population contre ce danger «bien identifié». Le gouvernement congolais et la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) attribuent ces tueries aux rebelles des ADF. Une version partiellement remise en cause par des experts qui imputent également une, part de responsabilité à des soldats de l’armée régulière.
NOUVELLE ATTAQUE DES PRESUMES ADF A MAYI MOYA, 3 MORTS
Une nouvelle attaque des présumés rebelles ougandais des ADF a été enregistrée dans la nuit de mardi à mercredi 17 août à Mayi Maya, une localité du territoire de Beni au Nord-Kivu. Selon le coordonnateur du Centre d’études pour la promotion de la paix, la démocratie et les droits de l’homme (CEPADHO), Omar Kavota, qui livre l’information, trois civils ont été tués, rapporte Radio Okapi. Omar Kavota pense que c’est une stratégie des ADF pour déconcentrer et démoraliser les FARDC, qui mènent des opérations militaires contre ce groupe armé.
«Autour e 23 heures, B y a eu tentative d’incursion des ADF. Nous pensons que c’est une stratégie de l’ennemi à agir dans les extrémités du territoire de Beni pour que les FARDC soient déconcentrées. Cette confusion peut amener des déstabilisations des agglomérations, villes et cités du territoire », affirme Omar Kavota. Il appelle à la multiplication des patrouilles des forces de l’ordre dans la zone. Omar Kavota plaide aussi pour la solidarité de grandes puissances pour aider la RDC à mettre fin à ces tueries :
«Nous en appelons à la solidarité des grandes puissances qui ont l’expérience dans les combats contre le terrorisme. Ce qui arrive à Beni, comme c’est une première expérience du terrorisme, on peut être débordé et nous avons besoin qu’on surpasse ce qui passe à Beni».
Cette attaque meurtrière intervient quatre jours après le nouveau massacre de plusieurs dizaines de personnes perpétré samedi 13 août à Beni par des présumés rebelles ougandais des ADF. En réaction, les autorités congolaises ont décrété un deuil national de trois jours à partir du lundi dernier.
Par BELGA avec RO/LP