La session de septembre s’est ouverte lundi 15 septembre dans les deux chambres du Parlement. Dans leurs allocutions de circonstance, le président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku et celui du Sénat Léon Kengo wa Dondo ont mis à l’avant-plan la question de la révision constitutionnelle. Cette matière, hautement politique, va sans doute soulever des débats houleux qui prendront énormément de temps aux députés et aux sénateurs.
Pour mémoire, à la veille de l‟accession de la RDC à la souveraineté nationale et internationale, il s‟était tenu à Bruxelles (Belgique) une table ronde politique et une autre économique. Les acteurs politiques congolais qui avaient fait le déplacement de la capitale belge se sont plus intéressés aux discussions politiques reléguant au second plan les débats à caractère économiques. Ce comportement est symptomatique du mal de la classe politique congolaise qui ne vise avant tout que le pouvoir. Malheureusement le pouvoir qu‟ils désirent arracher par tous les moyens ne l‟est que pour leurs propres intérêts. C‟est sans doute fort de sa longue expérience dans les institutions du pays que le président du Sénat a mis en garde les parlementaires en leur rappelant que « le temps était arrivé pour notre pays de dépasser le stade des querelles politiques byzantines pour se concentrer enfin sur les vrais problèmes du peuple et du pays ». Il a raison de lancer ce genre d‟appel au regard de nombreux défis auxquels la RDC est confrontée et qui appellent des solutions idoines et urgentes. Le temps n‟est donc pas aux atermoiements.
Parmi ces nombreux défis, se trouve au centre la délicate question de la lutte contre la pauvreté. Pour endiguer tant soit peu celle-ci ressemble à un fléau, les parlementaires sont appelés à élever leurs débats en s‟attaquant aux causes profondes qui sont à la base de cette situation. Comme nous l‟avons relevé dans notre édition du lundi 15 septembre dernier, la hauteur des budgets octroyés au gouvernement ces dernières années, ne sont pas de nature à permettre le développement de la RDC. C‟est pourquoi, au lieu de consacrer le plus clair de leur temps aux débats qui visent la conservation ou l‟accès au pouvoir, les parlementaires feraient oeuvre utile à arrêter des voies et moyens favorisant la reconstruction du pays.
En lieu et place des querelles byzantines sur la révision constitutionnelle, pourquoi ne pas privilégier le débat par exemple sur la nomenclature des taxes imposables aux opérateurs économiques pour résoudre la question de la multiplicité de ces taxes qui asphyxient les hommes d‟affaires ? Qu‟en est-il de la sécurité alimentaire dans un pays comme la RDC dotée de fabuleuses potentialités agricoles et halieutiques mais qui dépense en moyenne 1 milliard de dollars américains pour l‟importation des vivres dont la valeur nutritive est sujette à caution ? Où en sommes-nous avec l‟amélioration du climat des affaires lorsque, malgré la farouche détermination du gouvernement à attirer plus d‟investisseurs, certains commis de l‟Etat s‟obstinent à persévérer dans des pratiques rétrogrades qui découragent les opérateurs économiques ?
Sortir des sentiers battus
Pour aborder ce genre de questions, les parlementaires surtout les députés doivent sortir des sentiers battus. Jusque-là il s‟observe que la plupart d‟entr‟eux se prennent plus pour des applaudisseurs que des intellectuels appelés à débattre sagement des problématiques de la société congolaise. Pour nous en convaincre, prenons seulement le cas de l‟actuelle législature issue des élections de novembre 2011. Jamais les députés n‟ont soulevé un débat sur le chômage qui frappe de plain pied la majeure partie de la population active congolaise. Depuis quelques années, la RDC a élaboré son Document de stratégie pour la croissance et la réduction de la pauvreté (DSCRP) dans lequel sont couchées les recommandations qui donnent des pistes notamment pour la réduction du chômage, une des causes de la pauvreté. Malheureusement la plupart des députés ignorent complètement l‟existence de ce document. Pourtant il constitue une sorte de boussole pour les institutions de la RDC. En principe, lors de chaque session, les députés devraient évaluer le niveau d‟exécution des recommandations contenues dans cet important document. Il y a peu pour mettre fin aux nombreuses transactions des agents du fisc dont les opérateurs économiques sont objet dans les ports de Kinshasa, le gouvernement a réagi vigoureusement en supprimant une kyrielle de 38 taxes jugées illégales. Pour remettre de l‟ordre dans ce secteur et mettre à la disposition du gouvernement un arsenal législatif approprié, les députés devraient voter une loi fixant la nomenclature des taxes auxquelles sont assujettis différents opérateurs économiques.
A la fonction publique, il y règne un cafouillage indescriptible à tel point où le ministre ayant en charge ce secteur ne peut pas donner avec exactitude le nombre d‟agents de l‟Etat que le gouvernement paie.
Le trésor public décaisse beaucoup de fonds pour payer des agents fictifs. Il faut un contrôle sérieux pour assainir le fichier de paie de la Fonction publique. Vu la complaisance observée lors des contrôles opérés par les fonctionnaires eux-mêmes, l‟implication des députés dans cette opération s‟avère la seule voie de salut. Il est établi que si l‟ordre est rétabli dans la maîtrise des effectifs, les fonctionnaires de l‟Etat peuvent toucher le fameux barème de Mbudi. Plusieurs autres questions de la vie nationale qui exigent un débat à l‟Assemblée nationale peuvent être citées. Il revient aux députés de prendre conscience de leurs responsabilités et de s‟assumer pour sortir tant soit peu la RDC du bourbier dans lequel ses propres fils l‟ont placée.