La sonnette d’alarme tirée le 26 août dernier par la Coalition Nationale contre l’Exploitation illégale du Bois (CNCEIB), à l’intention de l’opinion nationale et internationale sur la présence au port international de Matadi de 584 grumes wenge exploitées illégalement par la société Terco, dans une concession appartenant à l’entreprise Tala Tina, basée dans le territoire de Kwamouth (province du Bandundu), n’a pas suffi pour décourager les auteurs de cette frauduleuse opération et leurs complices. Pour preuve, le parquet de grande instance de la ville portuaire de Matadi vient d’autoriser la levée de la saisie de cette cargaison destinée à l’exportation en Chine, à travers la réquisition d’information No 1310/RAP 179/Pr.081/2014/RML datée du 04 septembre 2014.
C’est ce qu’indique un communiqué de presse publié hier mercredi 10 septembre par la CNCEIB et dans lequel cette plateforme multi-acteurs bénéficiant de l’appui financier du Fonds Mondial pour la Nature (WWF) et constituée de représentants de la société civile environnementale, d’ONG internationales de conservation, et d’agences de coopération multilatérale ou bilatérale œuvrant le secteur des forêts, exprime sa consternation face à cette décision judiciaire prise par le parquet, sur instruction du Procureur Général de Matadi.
Le communiqué de la Coalition Nationale contre l’Exploitation Illégale du Bois rappelle au passage le communiqué de presse que le ministère de l’Environnement et Conservation de la Nature et Tourisme a publié le 2 septembre dernier, par la voix de son Secrétaire Général et dans lequel ce dernier précisait que « ce bois ne peut être exporté, car n’ayant pas respecté les conditions d’exportations telles qu’exigées par la règlementation, notamment l’obtention d’un certificat phytosanitaire, du certificat d’origine, de la validation du contrat ainsi que le PV d’empotage de la Direction de Contrôle et de Vérification Interne qui sont tous, précédés d’une vérification de la légalité ».
Pour la CNCEIB, l’instruction du parquet de Matadi autorisant la levée de la saisie de cette cargaison décriée a été faite au mépris du communiqué de presse du ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature et Tourisme.
La CNCEIB s’indigne aussi de constater que cette scandaleuse décision judiciaire est prise «au moment où le public attend les résultats des investigations annoncées par le Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature et Tourisme ».
La CNCEIB « s’inquiète aussi de la sérénité avec laquelle cette mesure de main levée a été exécutée par le procès verbal de saisie d’objet du 03 septembre 2014 à 14H portant le numéro RI 1296/RMP 179/PR 081/ 2014 RML ».
Dans le communiqué publié hier mercredi, la Coalition nationale se dit aussi « très préoccupée par le fait que la justice congolaise contrarie ainsi le ministère de l’Environnement qui a la responsabilité première de s’assurer d’une gestion responsable du patrimoine forestier congolais; alors que l’Etat congolais et les populations de la zone concernée sont les plus grandes victimes de cette exploitation illégale ».
Face à cette situation, la Coalition « réitère son appel à la saisie conservatoire de cette cargaison de bois et exige l’ouverture d’une enquête judiciaire contre les contrevenants.
Elle réaffirme aussi la nécessité impérative pour les autorités compétentes de prendre les dispositions qui s’imposent pour mettre un terme à l’exploitation abusive et illégale des forêts congolaises qui ternit l’image du pays sur le plan international ».
La plate-forme multi-acteurs exhorte enfin le ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature et Tourisme « à continuer avec plus de détermination pour promouvoir une meilleure gouvernance dans la gestion des ressources naturelles ».
NATHALIE MAWETE