Le peuple a besoin de bons exemples

Jeudi 25 septembre 2014 - 16:17

L’exemple est assez rare pour ne pas être souligné. Un brigadier de la police du nom de Gaston Katalay a été honoré mardi à Kinshasa par la haute hiérarchie de la police. Il a reçu, à l’occasion d’une parade organisée au stade municipal de Bandalungwa et à laquelle assistaient le général Kanyama et le gouverneur de la ville, une prime spéciale constituée d’un congélateur, un écran plat et un lecteur vidéo.

La récompense lui a été accordée pour avoir fait preuve de professionnalisme le dimanche 14 septembre aux environs de 19 heures lorsque la station-service Cobil, située au croisement des avenues Kasa-Vubu et Enseignement, a été attaquée par des bandits armés opérant à bord de deux véhicules, une jeep Rav 4 et une voiture Toyota.

L’attaque avait été menée par deux hommes, les autres conservant leurs positions dans les véhicules pour protéger le repli de deux qui opéraient sur le terrain. Malheureusement pour eux, la stratégie a rencontré deux grains de sable. Le premier était de brigadier Gaston Katalay qui a réussi à dompter l’un des assaillants, et le second est un texi-moto communément appelé « Wewa » qui attendait d’être approvisionné en carburant. Très courageux, ce dernier s’est jeté sur le deuxième bandit qu’il a réussi à maîtriser malgré l’arme qu’il avait entre ses mais et qui crachait déjà quelques balles.

Surpris par la tournure des événements, les complices qui attendaient dans les véhicules ont à leur tour ouvert le feu, dans le but de reprendre le contrôle de la situation. Mais c’était sans compter avec la détermination du policier qui leur a expédié plusieurs rafales, touchant au passage l’un des véhicules utilisés par les membres de la pègre.

Le Phare qui s’était rendu sur les lieux peu après l’attaque, avait appris de quelques témoins qui avaient trouvé leur salut dans la fuite avant de revenir quand la situation s’était normalisée, qu’il y avait une femme armée dans le groupe. Certains ont même établi un lien avec l’attaque perpétrée il y a quelques mois contre une agence de Western Union sur l’avenue Kanda-Kanda et à laquelle la même femme aurait pris part.

Heureuse de voir, pour une fois, la pègre tenue en échec au moment du déroulement des opérations, la population avait exprimé sa joie e portant en triomphe le texi-moto et en congratulant le policier de faction à la station-service.

En invitant les membres du corps de la police à suivre l’exemple de Gaston Katalay, la hiérarchie de la police a sans doute voulu rappeler à tous ceux qui ont choisi ce métier que celui-ci est avant tout exigence : exigence de protéger la population, exigence de protéger les biens des citoyens et de l’Etat, exigence d’éviter la corruption, exigence d’être en tous temps et tous lieux l’exemple, le bon exemple.

Cet objectif ne devrait pas être celui des seules autorités policières. Il devrait préoccuper aussi le gouvernement provincial dont la volonté de sécuriser les coins et recoins de la capitale doivent trouver des relais au sein de la population. Parmi ces relais, il y a l’implication des kinoises et kinois dans les secours à apporter aux personnes en danger.

Dans le capitale, il est fréquent en effet que des individus soient détroussés, agressés voire blessés sous le nez et la barbe d’autres personnes qui tournent leurs regards ailleurs. Les mêmes scènes se produisent dans les différents quartiers lorsqu’une maison est attaquée et ses occupants violentés. Malgré les cris d’épouvante, les appels au secours ne trouvent aucun écho, et généralement, les éléments de la police dite de proximité, trop préoccupés à veiller sur des parkings de véhicules, ne trouvent le temps de se présenter que quand il n’y a plus rien à faire. C’est cette absence générale de réaction et surtout l’inutilité de la police de proximité qui expliquent la montée en puissance du phénomène « kuluna » qui a aujourd’hui pris ses quartiers dans toutes les communes de la capitale.

C’st contre ces comportements qu’il faut agir, et les incidents du 13 septembre fournissent une belle occasion à l’Hôtel de ville pour cultiver dans la conscience collective notamment le respect de la règle d’assistance à personne en danger. Peu connue du public, celle-ci pourrait être mieux explicitée par les autorités urbaines en présentant au public des cas qui constituent des bons exemples.

A l’image de ce taxi-moto qui devrait être retrouvé pour être récompensé en vue de montrer à l’opinion que chacun de nous a des devoirs envers l’autre, surtout lorsqu’il se pose un problème d’atteinte à l’intégrité physique.

LP