Pierre Lumbi s’est-il disqualifié ?

Jeudi 28 janvier 2016 - 10:17

L’affaire « MSR » vient de connaître un terrible rebondissement avec la signature, par le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, Evariste Boshab, d’un arrêté portant enregistrement d’un nouveau parti politique dénommé « Mouvement Social pour le Renouveau » (MSR). Cette décision ministérielle reconnaît, en fait, la paternité de ce parti à Me Yoko Yakembe et entraîne, entre autres conséquences, l’interdiction à l’aile tenue par Pierre Lumbi de se servir désormais de ce label (logo, sigle), sous peine de poursuites judiciaires.

Naturellement, nombre d’observateurs sont tentés de revisiter les origines de cette formation politique. Et l’on note, à ce sujet, que l’idée de création d’un parti politique « frère », ou « ami » au PPRD avait germe de la tête de feu Samba Kaputo, alors Conseiller spécial du Chef de l’Etat sous le régime 1+4 issu du Dialogue intercongolais. On était en 2006. L’objectif est d’y rassembler des « Kabilistes » qui hésitaient à adhérer au PPRD. Mais, avant de passer à l’action, il fallait l’aval de Joseph Kabila. Convaincu que l’initiative de son collaborateur ne porterait pas ombrage à ceux qui avaient déjà accepté de partager sa vision politique, il avait donne son feu vert.

Une fois cette difficulté vaincue, Samba Kaputo s’était trouvé devant une autre, celle de l’agrément au niveau du ministère de l’Intérieur. Or, à ce niveau, l’enregistrement de nouveaux partis politiques était suspendu, jusqu’à nouvel ordre.

Toutefois, une voie de sortie s’offrait à Samba Kaputo. Elle s’était présentée sous la forme d’une proposition de son assistant, Pierre Lumbi, qui lui avait fait part d’une possibilité d’alliance avec un parti ayant déjà une existence légale : le Mouvement pour la Nouvelle République (MNR), de Me Yoko Yakembe. Grâce à la couverture juridique de ce parti, le MSR (Mouvement Social pour le Renouveau) pouvait fonctionner légalement et s’était aux élections de 2006 d’abord et 2011 ensuite.

Jusqu’à avant la dissidence du G7 en septembre 2015, le MSR avait pour véritable « Autorité morale » Joseph Kabila. D’aucuns se souviennent que lors de la tentative de ce parti de suspendre sa participation à toutes les activités de la Majorité Présidentielle, suite à l’affaire Muhindo, arrêté à Goma puis traduit en justice à la suite des propos attentatoires à la sécurité intérieure de l’Etat, le Chef de l’Etat avait dû hausser le ton, au cours d’une réunion tenue à Kingakati, pour freiner les velléités de rébellion des cadres de ce partis, en leur rappelant que le MSR était sa propre création.

La suite des décisions judiciaires et politiques qui viennent de frapper l’aile dissidente du MSR est que celle-ci risque de ne plus fonctionner, faute de soubassement juridique. Le plus grand risque qu’encourent les dissidents est de ne pouvoir se présenter sous le label de ce parti, dans l’hypothèse de la tenue immédiate ou future des élections, à tous les niveaux. Suite à sa rupture avec la Majorité Présidentielle, Pierre Lumbi s’est-il disqualifié politiquement ? D’aucuns le craignent, à la lumière des conséquences juridiques et politiques que vont désormais produire le jugement rendu par le tribunal de grande instance de Gombe et l’arrêté du vice premier ministre de l’Intérieur en faveur de Me Yoko.

Plusieurs pistes de sortie s’offrent à lui et à ses cadres pour survivre politiquement en cas de joutes électorales, c’est de se présenter en indépendants, en attendant de constituer un dossier d’agrément d’un nouveau parti à soumettre au ministère de l’Intérieur. On pense que la bataille du contrôle du MSR est perdue.                     Kimp