La semaine dernière¨, Moïse Katumbi a formellement exprimé son adhésion au principe d’une candidature unique de l’opposition pour l’élection présidentielle de 2016, une option apparemment soutenue par tous les ténors de l’opposition politique nationale.
Pour l’ancien Gouverneur, le candidat unique devrait être désigné au terme de primaires organisés à cet effet. La proposition du dernier Gouverneur du Katanga peut comporter de dangereux pièges et sous-entendus. L’embrasser sans précaution serait hasardeux.
Les primaires du Gouverneur Katumbi ont été diversement accueillis. Certains en ont relevé le caractère inopportun ou irréaliste. Ceux qui s’y sont montrés favorables ont notamment évoqué la convocation d’une plénière «pour trouver un consensus sur le candidat unique faute de quoi on passerait à un vote».
Attention aux messes noires officiées par d’obscurs distributeurs de billets verts !
Pour ma part, réussir des primaires démocratiques et propres dans le huis clos de pourparlers entre politiciens relèverait du miracle. En effet, trop souvent dans le passé pareilles concertations se sont rapidement transformées en messes noires officiées par d’obscurs distributeurs de billets verts; des pratiques dont le Palais du Peuple de Lingwala connaît bien les secrets.
La paralysie actuelle de la vie politique nationale ne serait pas étrangère à ces achats d’allégeances politiques d’un autre âge au regard de leur extrême étendue.
Un candidat unique sorti des entrailles de la corruption serait manifestement de mauvaise augure pour une opposition qui doit avoir la noble mission d’amener le changement vrai et d’assainir les mœurs politiques dans ce pays qui en a tant besoin.
Manipulée par les forces de l’argent, la plénière qui en serait la génitrice ne pourrait être qu’une simple rampe de lancement pour les opposants aux plus longs bras financiers et un Golgotha pour les moins nantis, y compris ceux qui sont peut être les mieux préparés pour gérer les défis de la grande RDC dans un monde en mutations constantes.
Après M. Katumbi, d’autres membres de l’opposition vont sans doute s’exprimer sur la meilleure façon de choisir le porte-étendard des forces du changement à la prochaine élection présidentielle.
En attendant, je propose ci-dessous un cadre opérationnel pour des primaires de l’opposition à la fois démocratiques et protégés des méfaits de la corruption et de l’argent sale.
Exigences de primaires démocratiques
Les primaires doivent être une grande opportunité pour le peuple congolais de commencer à connaître la vision de ses compatriotes qui ont l’ambition de succéder au Président Joseph Kabila à la tête du pays. Ces primaires devraient dès lors s’articuler autour de débats entre les prétendants à la magistrature suprême.
Lors de tels échanges avec les futurs électeurs, les présidentiables défendraient leurs programmes pour la nouvelle RDC sous la modération de journalistes nationaux respectés de l’intérieur et de la diaspora retenus par consensus.
Au terme de chacune de ces séances de discussions, les invités, électeurs potentiels, exprimeraient leur choix de candidat(e)s par vote secret dont les résultats seraient aussitôt rendus publics.
A la fin du processus, le candidat ayant recueilli le plus grand nombre de voix (de préférence) sur l’ensemble du territoire national deviendrait de facto le porte-étendard de l’opposition.
L’implication de la population donnerait à l’exercice un caractère véritablement démocratique. En même temps, elle éviterait la vente aux enchères de la noble position de candidat unique de l’opposition.
Une prise en charge financière par les candidats nantis
De ce qui précède, il ressort que l’organisation de primaires crédibles est une entreprise complexe et coûteuse. Les dépenses y afférentes pourraient être prises en charge par des membres de l’opposition qui disposent de gros moyens.
Ce faisant, les opposants fortunés faciliteraient la marche du pays vers une alternance politique efficace, propre, et porteuse de changement vrai. C’est le défi que la population congolaise devrait leur lancer.
Gouverner, c’est prévoir
A dix mois de l’élection présidentielle, la question de la désignation du candidat unique de l’opposition revêt un caractère urgent. Il ne serait donc pas prématuré de déjà l’inscrire à l’ordre du jour de l’agenda des Congolais qui militent pour une alternance politique de progrès.
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