L’Association congolaise pour l’accès à la justice, (ACAJ), condamne fermement le harcèlement judiciaire contre les membres de l’opposition, ainsi que les acteurs de la société civile et exige la libération immédiate sans condition de tous les prisonniers politiques arrêtés arbitrairement. Elle a, au cours d’un point de presse tenu hier jeudi 19 février 2015, à la Gombe, fait l’état de lieux sur l’arrestation du bâtonnier Jean-Claude Muyambo et d’autres prisonniers politiques.
En clair, le numéro un de cette ONG de défense des droits de l’homme, Me Georges Kapiamba, est revenu pour la énième fois sur le problème des opposants privés de leur liberté de mouvement, problème auquel le gouvernement semble être sourd. Il a rappelé les circonstances de l’arrestation du président du parti politique SCODE, Jean-Claude Muyambo. C’est le 20 janvier 2015, vers 4 heures du matin, qu’il a été enlevé de sa résidence de Ngaliema, par des agents de sécurité sans mandat et conduit dans différents bureaux de l’ANR, et de là, il sera amené au Parquet général de la république, avant d’être déféré au parquet de Gombe. Il a été auditionné sur un vieux dossier alors que le plaignant s’était déjà désisté. Me Kapiamba a rappelé que le président de SCODE avait demandé la liberté provisoire, mais elle lui a été refusée sans raison valable. Et alors que son dossier était pendant au degré
d’appel devant le TGI/Gombe, le ministre de la Justice va intervenir sur les antennes de la RFI en affirmant en violation des principes de droit que les faits mis à sa charge, étaient fondés. Et, en violation de l’indépendance de la justice. Son appel a été rejeté bien que toutes les conditions exigées par la loi étaient réunies. « Le bâtonnier Jean-Claude Muyambo est arrêté en vue de sanctionner son opposition à la modification de la Constitution et de la loi électorale. La prétendue plainte de Lubumbashi est un prétexte utilisé par le gouvernement dans le cadre de la répression en cours des opposants et des membres de la société civile pour justifier sa réduction au silence », a martelé Me Georges Kapiamba.
D’autres personnes victimes de cette répression politique sont notamment Vital Kamerhe de l’UNC, dont le procès commence le 23 février devant la Cour Suprême de Justice. Ernest Kyaviro du RCD/KML et Patrick Mundeke du MSR sont détenus depuis le 21 janvier 2015 à l’ANR sans droit de visite ni l’assistance de leurs avocats. Il y a aussi Vano Kiboko, ancien membre de la majorité présidentielle, détenu à Makala depuis plusieurs jours, Cyrille Deo Mupapa et Augy Mulongoy de SCODE, incarcéré à l’ANR depuis le 19 janvier 2015, tandis que Jean-Marc Kabund et Mérimée Ngoie Yoba de l’UDPS sont gardés à la Prison de Kamina au Katanga, Christopher Ngoie Mutamba de la société civile, etc.
Au Premier ministre
Me Georges Kapiamba est revenu aussi sur le mémo qu’ACAJ avait adressé au Premier ministre en date du 14 février 2015. Dans cette lettre, ACAJ avait analysé les préalables essentiels que le gouvernement devra accomplir. Outre les contraintes d’ordre financier et législatif que la CENI a indiquées, l’ACAJ a épinglé aussi l’apaisement de la situation politique et l’effectivité de l’indépendance du pouvoir judicaire.
En ce qui concerne le premier préalable, ACAJ a fait savoir que pour que des élections soient réellement démocratiques, il est urgent que tous les Congolais actuellement privés de leur liberté pour des raisons politiques ou d’opinion, recouvrent leur liberté dans les meilleurs délais. Quant au deuxième préalable, l’ACAJ plaide pour que les cours et tribunaux ainsi que leurs offices assurent leur communication de manière autonome et dans le respect du principe de la séparation des pouvoirs. Sans la libération des prisonniers politiques et d’opinion, le pays risque de connaitre des difficultés pour organiser des élections démocratiques et équitables.
Murka