Si vous n’avez pas encore violé la Constitution, vous avez bien l’intention de la violer. Donc vous finirez par la violer. Au nom de quoi, nous vous condamnons de manière anticipée ! Dépouillée de sa dimension caricaturale, cette séquence pourrait bien cadrer avec le " procès " en violation de la Constitution qui se déroule en ce moment.
A en juger par la levée des boucliers, sur fond de surenchère verbale, on se croirait devant une infraction déjà consommée. En l’occurrence, le réquisitoire contre le Raïs pourrait donner à penser que ce dernier a déjà violé ou fait violer la Constitution.
Or jusqu’ici, rien de tel. On peut accuser Kabila fils de tous les maux. Sauf de celui d’avoir touché au " sacro-saint " 220 de la Loi fondamentale. Peut-être en rêverait-il ? Peut-être même en aurait-il l’intention ? Serait-il interdit de rêver ? De là à fonder tout un acte d’accusation sur ce qu’on croit être l’intention du " prévenu " d’office et de réclamer presque la sentence, il y a bien comme un crime de lèse-droit !
Tout se passe comme si , pièces à conviction en bandoulière, l’accusation avait déjà instruit l’affaire et requis la peine ! Dans ce drôle de procès, le silence de l’accusé désigné est instrumentalisé par tous ceux pour qui le mal est déjà fait. Du pain béni pour tout le pays compte d’anti kabilistes primaires. Du grain à moudre aussi pour tous les " viveurs " de crises. D’ici et d’ailleurs.
A l’allure où évolue ce procès uniquement à charge, il y a lieu de craindre que la sentence tombe tout aussi ex nihilo ! C’est-à-dire sans que l’infraction ait été commise et l’accusé identifié en tant que tel. Dans ce pays de toutes les démesures, l’outrance fait bien partie de notre ADN. Alors, puisqu’on y est, condamnons par anticipation le " prévenu " d’office d’avoir violé les dispositions intangibles de la Constitution. Cela nous épargnerait d’une polémique longue et ruineuse. José NAWEJ