RD Congo : le Front citoyen lance une campagne de sensibilisation envers les forces de l’ordre

Vendredi 25 mars 2016 - 06:57
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Le Front citoyen, qui regroupe des associations de défense des droits de l'homme, des mouvements pro-démocratie comme Filimbi et Lucha, ou encore des opposants au président Joseph Kabila, a lancé jeudi une campagne de sensibilisation envers les forces de l'ordre. Objectif : prévenir les violences pendant la répression de futures manifestations contre le régime.

Des tracts, une chanson, des fleurs et des photos souvenirs. Le Front citoyen organise du 24 mars au 15 avril la campagne « Yebela pasi nayo pasi nanga » – « sache que ta souffrance est ma souffrance », en lingala – pour sensibiliser les « agents de l’ordre » sur les « droits et devoirs » des citoyens, alors que Joseph Kabila est accusé de vouloir s’accrocher au pouvoir faute de pouvoir briguer la présidentielle prévue en novembre 2016.

Pourquoi cibler les hommes en uniforme ? En janvier 2015, plusieurs dizaines de personnes ont été tuées dans la répression de manifestations dénonçant un projet de loi électoral qui aurait pu allonger de plusieurs années le mandat de Joseph Kabila. Le parlement a voté fin 2015 un amendement pour interdire l’usage d’armes létales ou le déploiement de militaires pour maintenir de l’ordre public, mais le Front citoyen semble dubitatif face à cette mesure.

Les autorités dénoncent un acte « illégal »

Le collectif de partis d’opposition et d’organisations de la société civile appelle donc les Congolais à saluer les policiers et militaires, à leur offrir une fleur, à leur remettre le message de sensibilisation et à prendre une « photo souvenir ». La campagne « prépare aux grandes manifestations de rue (…) qui viendront si Kabila persiste dans sa volonté de se maintenir par la force », prévient Floribert Anzuluni, coordonateur du Front citoyen.

Le général Charles Bisengimana, chef de la police congolaise, estime qu’ils « auraient dû passer par le ministère de l’Intérieur », que c’est un acte « pas autorisé, pas légal ». Un haut-responsable de l’armée dénonce pour sa part une « infraction », un « détournement du policier et du militaire » pour qu’ils servent leur « schéma de renversement des institutions comme c’était le cas au Burkina, en Tunisie, en Egypte, au Sénégal. »

Habibou Bangré