RDC : 234 ONG réclament la libération des activistes de « Filimbi »

Lundi 15 juin 2015 - 14:19

Une coalition de 220 organisations congolaises et 14 ONG internationales réclament d’une seule voix la libération sans condition des deux activistes de « Filimbi », Fred Bauma et Yves Makwambala, emprisonnés depuis trois mois en République démocratique du Congo. Les deux Congolais ont été arrêtés le 15 mars 2015 à Kinshasa, lors d’un atelier organisé pour le lancement de « Filimbi » (« Coup de sifflet » en swahili) qui se présente comme un collectif de mouvements d’éducation à la citoyenneté, non-partisan et non-violent. Au total, plus de trente militants avaient été appréhendés puis ensuite relâchés au compte-goutte, à l’exception de Fred Bauma, un des leaders de la Lutte pour le changement (Lucha), mouvement basé dans l’est du pays, et Yves Makwambala, webmaster et graphiste de « Filimbi ».

« Les membres de Filimbi et d’autres organisations devraient être autorisés à tenir des ateliers sur le processus démocratique sans crainte d’être arrêtés », a déclaré Ida Sawyer, chercheuse senior sur l’Afrique à Human Rights Watch (HRW).

Selon HRW, Fred Bauma et Yves Makwambala sont inculpés, entre autres, d’appartenance à une association formée dans le but d’attenter aux personnes et aux biens, de complot contre le chef de l’État et d’avoir tenté de détruire ou de changer le régime constitutionnel ou incité des personnes à s’armer contre l’autorité de l’État.

Filimbi n’a aucune visée terroriste

Un rapport d’enquête parlementaire a conclu que les militants du mouvement citoyen n’avaient aucune visée terroriste. Le document, déposé au bureau du président de l’Assemblée nationale fin avril et dévoilé le 11 juin 2015 par l’AFP, demande à la justice congolaise de statuer rapidement sur le sort des deux activistes qui croupissent derrière les barreaux.

« Cela fait des mois que les autorités congolaises maintiennent Fred Bauma et Yves Makwambala en détention, sans aucun motif crédible », a déclaré Jean-Claude Katende, président national de l’Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO).

Les services de sécurité de la RDC avaient aussi procédé à l’arrestation de quatre Sénégalais du mouvement « Y’en a marre » et d’un Burkinabè du « Balai citoyen », qui avaient participé au lancement de « Filimbi ». Ils ont tous été renvoyés depuis dans leur pays.

Lors de l’arrestation des militants de « Filimbi », le gouvernement avait dénoncé une « tentative de déstabilisation » des institutions de la RDC. Trois des fondateurs du mouvement citoyen congolais se sont exilés en Europe en avril dernier pour fuir la répression organisée par le régime de Joseph Kabila.

« Les autorités congolaises ont procédé à des arrestations illégales afin de réduire au silence toute voix dissidente, tout en portant atteinte aux droits humains dans la période menant aux élections en 2016 », a conclu Sarah Jackson, directrice régionale d’Amnesty International.

La coalition de 234 organisations de défense des droits humains exhorte le gouvernement congolais à libérer tous les activistes, les membres des partis d’opposition et les personnes détenues en raison de leur opinion politique et à abandonner toute poursuite contre eux.

 

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