La RDC peut accélérer l’accès à la planification familiale

Mardi 4 novembre 2014 - 10:36

Durant les deux dernières années, la communauté mondiale a réaffirmé son engagement envers un ambitieux et important objectif à atteindre d‟ici 2020: faire en sorte que 120 millions de femmes et de filles de plus, dans les pays les plus pauvres du monde, soient en mesure de décider – librement et par elles-mêmes – si elles veulent avoir des enfants et à quel moment. Les dirigeants gouvernementaux, y compris en République démocratique du Congo, ont pris des engagements historiques à rendre plus largement accessibles l‟information et les services en matière de planification familiale.
Cette semaine, la « Planification familiale 2020 (FP2020) » a publié son deuxième rapport d‟étape qui confirme en définitive que nos efforts collectifs renouvelés produisent des résultats. La planification familiale et la contraception atteignent actuellement plus de femmes et de filles dans le monde, sauvant davantage de vies et améliorant leur qualité. En 2013, 8,4 millions de femmes et de filles se sont ajoutées au nombre de celles qui utilisent des contraceptifs modernes. Rien qu‟en RDC, le nombre des utilisatrices a augmenté de 197 000 – et la planification familiale a aidé à éviter plus de 330 000 grossesses non désirées et près de 1 500 décès maternels.
Le Gouvernement de la RDC, de même que ceux de plusieurs autres pays, a donné priorité à la planification familiale dans le cadre de ses efforts plus larges pour améliorer la santé maternelle et infantile, conformément à sa conviction que c‟est l‟un des meilleurs investissements qu‟un pays puisse faire. L‟accès aux contraceptifs pour différer les grossesses et espacer les naissances aide à préserver la santé des femmes, des nouveau-nés et des enfants. La planification familiale permet aussi à davantage de filles de poursuivre leurs études et à davantage de femmes d‟entrer dans la population active et de continuer à en faire partie. C‟est la source de prodigieux avantages sur les plans social et économique pour les familles, les communautés et les nations.
Pourtant, malgré les progrès accomplis, beaucoup de femmes qui veulent planifier leur famille n‟ont pas encore les moyens de le faire, bien que ce soit leur droit humain fondamental. Trop souvent, les femmes se heurtent à d„énormes obstacles pour avoir accès à l‟information et aux services en matière de contraception, surtout dans les zones pauvres ou isolées. Les centres de santé locaux sont souvent à court de fournitures, ce qui limite les options des femmes en la matière. Les agents sanitaires n‟ont pas toujours reçu une formation complète pour fournir ces services. Il est également possible que les comportements culturels ou le manque de connaissances empêchent femmes et filles de poser des questions ou de rechercher des soins.

Du niveau national au niveau communautaire, la RDC et d‟autres pays doivent se pencher davantage sur les obstacles qui entravent l‟accès à la planification familiale, et élaborer des solutions créatives. Par exemple, il est capital d‟atteindre les femmes et les filles à l‟endroit même où elles vivent. Cette année, la RDC a commencé à offrir des implants au cours de campagnes itinérantes de prise de contact avec la population – et la réaction des femmes congolaises a été extrêmement positive. Cela signifie qu‟un nombre accru de femmes et de filles peuvent choisir entre diverses méthodes de planification familiale, sans avoir à parcourir de longues distances jusqu‟aux centres de santé.
En outre, afin d‟avoir le pouvoir de planifier leurs familles, les femmes et les filles – et les jeunes en général – ont besoin de l‟appui de leurs pairs et de leurs aînés. Il est important d‟encourager les dirigeants religieux et communautaires, les maris, les pères et les frères à discuter de la planification familiale, ils peuvent devenir des champions résolus de la santé et du bien-être des femmes et des filles. Les jeunes, en particulier, ont besoin d‟espaces protégés pour discuter de la planification familiale et avoir accès aux services de contraception.
L‟engagement politique à tous les niveaux est également nécessaire pour continuer d‟assurer l‟accès à la planification familiale -- et la redevabilité est essentielle. En RDC, le Gouvernement s‟est engagé sur cette question et a lancé un plan stratégique national couvrant les six prochaines années. Des politiques nationales doivent aussi être élaborées pour continuer à élargir l‟accès à un choix de méthodes de contraception, particulièrement au niveau communautaire.
Enfin, en raison des systèmes de mesure récemment mis en place, nous disposons maintenant de données annuelles plus fiables pour suivre le progrès vers les objectifs de la RDC en matière de planification familiale. Ces données peuvent et doivent être utilisées par les décideurs et les principales parties intéressées pour aider à ajuster les ressources aux besoins, ainsi que pour élaborer des politiques plus fermes et des programmes de planification familiale plus efficaces.
Nous avons quelques très importantes raisons d‟espérer que nous pouvons atteindre notre objectif de rendre la planification familiale volontaire partout accessible aux femmes et aux filles, et que nous y réussirons. Des millions de femmes et de filles de plus ont déjà accès à la planification familiale et à la contraception depuis que ces promesses ont été faites. En outre, la planification familiale fait l‟objet d‟un enthousiasme et d‟une attention sans précédent au niveau mondial.
L‟heure est venue maintenant pour les dirigeants mondiaux, y compris en RDC, de redoubler leurs engagements et d‟accélérer les progrès. Nous n‟avons jamais été en meilleure position de donner aux femmes et aux filles la capacité de planifier leur vie et de façonner leur avenir – à condition que ces efforts soient durables et les ressources mobilisées pour y parvenir.
N.B. : Le Dr. Babatunde Osotimehin (Secrétaire général adjoint de l‟Organisation des Nations Unies et Directeur exécutif de l‟UNFPA, Fonds des Nations Unies pour la population) et Dr. Chris Elias (Président des Programmes de développement mondial de la Fondation Bill & Melinda Gates) sont les Coprésidents du Groupe de référence FP2020.

PAR DR. BABATUNDE OSOTIMEHIN ET DR. CHRIS ELIAS