Le feuilleton judiciaire de Vital Kamerhe, l'un des opposants les plus en vue en République démocratique du Congo, a rebondi lundi à Kinshasa avec son renvoi devant la Cour constitutionnelle.
Ancien président de l'Assemblée nationale et ex-meilleur allié du président congolais Joseph Kabila, M. Kamerhe est poursuivi par la justice pour une affaire de diffamation.
Lundi, la Cour suprême de justice a estimé qu'elle était compétente pour juger M. Kamerhe. Face à cette décision, les avocats de l'opposant ont déposé une requête en inconstitutionnalité, qui a été accepté par la Cour.
Ce pourvoi doit donc désormais être examiné, à une date non encore déterminée, par la Cour constitutionnelle, nouvellement entrée en fonction.
Président de l'Union pour la nation congolaise (UNC), M. Kamerhe est poursuivi par le ministère public et Wivine Moleka, élue du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, le parti de M. Kabila), pour avoir accusé publiquement celle-ci d'avoir fraudé pour emporter son siège de député en 2011.
A la suite d'une requête du ministère public, la plus haute juridiction de la RDC avait décidé fin janvier de juger M. Kamerhe "en premier et dernier ressort".
L'UNC, troisième parti de l'opposition par le nombre d'élus à l'Assemblée nationale, avait alors affirmé que le litige entre M. Kamerhe et Mme Moleka avait été réglé à l'amiable de longue date et avait dénoncé "un acharnement aux allures politiciennes" destiné à obtenir la condamnation de M. Kamerhe afin de l'empêcher de se présenter à la prochaine présidentielle, prévue pour novembre 2016.
M. Kamerhe a été l'un des principaux organisateurs des manifestations de janvier contre la nouvelle loi électorale, promulguée en février. Plusieurs dizaines de personnes ont été tuées, essentiellement à Kinshasa, au cours de ces manifestations, de leur répression et des émeutes qui ont eu lieu dans plusieurs villes du pays du 19 au 22 janvier.
M. Kamerhe a été le directeur de campagne de M. Kabila pour la présidentielle de 2006. Entré en dissidence en 2010, il est arrivé troisième (avec moins de 8% des voix) à la présidentielle de 2011, marquée par des irrégularités massives.
M. Kabila est au pouvoir depuis 2001. La Constitution lui interdit de briguer un nouveau mandat en 2016.