Mathieu Ngudjolo Chui, ancien chef de guerre congolais acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) en février, est rentré lundi en République démocratique du Congo après l'échec de sa demande d'asile aux Pays-Bas, a constaté un correspondant de l'AFP.
M. Ngudjolo est arrivé à l'aéroport international de Ndjili à Kinshasa peu avant 17h30 (16h30 GMT) escorté par cinq policiers européens.
Après avoir rempli les formalités douanières, il est reparti libre, entouré de membres de sa famille et d'amis.
M. Ngudjolo est le premier, et à ce jour le seul, accusé jugé par la CPI à avoir été acquitté. Il "a été expulsé des Pays-Bas et renvoyé en République démocratique du Congo cet après-midi", a déclaré à l'AFP Jaap Oosterveer, porte-parole du ministère de la Justice néerlandais.
Ancien membre dirigeant de la milice des Forces nationalistes et intégrationnistes (FNI), M. Ngudjolo avait été arrêté en 2008 par les autorités de Kinshasa et transféré aux Pays-Bas à la demande du procureur de la CPI, qui l'accusait d'avoir dirigé une attaque ayant fait plus de 200 morts en 2003 dans un village d'Ituri, district aurifère de l'est de la RDC.
La Cour de la Haye a confirmé le 27 février l'acquittement dont il avait bénéficié en première instance, en 2012, faute de preuves suffisantes.
M. Ngudjolo était poursuivi devant la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Il avait présenté une demande d'asile aux Pays-Bas, disant craindre pour sa sécurité dans son pays, mais celle-ci ne lui a pas été accordée.
L'Ituri a été le théâtre entre 1999 et 2007 d'un conflit marqué par des atrocités commises par toutes les parties en présence et qui aurait fait plus de 60.000 morts. De nombreuses milices s'y sont affrontées sur des bases essentiellement ethniques pour le partage des richesses naturelles de la région.
Le sud de l'Ituri connaît depuis quelques mois un regain de violence alimenté par la résurgence d'un des groupes ayant participé à ces combats: les Forces révolutionnaires patriotiques de l'Ituri (FRPI).
Après avoir contribué à créer un nouveau groupe armé en 2005, M. Ngudjolo avait négocié l'année suivante un accord de paix avec Kinshasa en échange de sa promotion comme colonel au sein de l'armée congolaise, qu'il avait rejointe fin 2007, moins de trois mois avant son arrestation.
Dans un communiqué publié lundi, l'organisation de défense des droits de l'homme américaine Human Rights Watch (HRW) a appelé "les autorités congolaises [à garantir] le bien-être et la sécurité" de M. Ngudjolo.