Les états généraux de la justice qui se sont clôturés samedi à Kinshasa ont notamment recommandé de lutter contre toutes les formes d'impunité en République démocratique du Congo et que la justice soit accessible à tous.
Un accent particulier a été mis sur la lutte contre l'impunité sous toutes ses formes, comme il a été également vivement recommandé le renforcement de l'indépendance du pouvoir judiciaire, a déclaré le ministre de la Justice et des Droits humains Alexis Thambwe Mwamba.
Il a par ailleurs été vivement recommandé au gouvernement de favoriser l'accès à la justice à tous: indigents comme nantis, villageois comme citadins, a-t-il ajouté, s'exprimant lors de la clôture des états généraux, les premiers organisés dans le pays depuis 1996.
Les assises s'étaient ouvertes lundi pour établir un diagnostic complet et sans complaisance de la justice congolaise et trouver des solutions à ses maux : l'incurie, le clientélisme, le trafic d'influence, la corruption, l'impunité et l'iniquité, avait énuméré M. Thambwe Mwamba.
Quelque 300 participants - dont des universitaires, des juristes, des défenseurs des droits de l'Homme - ont pris part aux travaux.
Les participants ont élaboré un grand nombre de recommandations qui, si elles sont bien appliquées, pourraient faire une différence concrète pour mettre fin au cycle de la violence et de l'impunité en RD Congo, y compris par la création de chambres spécialisées au sein du système judiciaire congolais pour juger les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité, a déclaré à l'AFP Ida Sawyer, chercheuse senior pour Human Rights Watch en RDC, qui a pris part aux travaux.
Le principal défi à venir sera pour le gouvernement congolais de transformer l'engagement de haut niveau durant les états généraux en une véritable volonté politique d'aller de l'avant avec les recommandations et de commencer la mise en oeuvre des réformes concrètes, a-t-elle ajouté, alors que certaines de recommandations faites pendant les assises demandent en fait l'application des lois existantes.
Vendredi, Emmanuel Luzolo Bambi, conseiller spécial pour la bonne gouvernance du président Joseph Kabila, a déploré que les sanctions prononcées en matière de corruption n'existent presque pas alors que dans la vie de tous les jours nous voyons la manifestation de la corruption.
Il a promis que, dans le cadre de son mandat de conseiller spécial, toutes les hautes autorités du pays, tant civiles que militaires, qui sont concernées par le phénomène de corruption seront poursuivies, et a appelé les citoyens à témoigner en écrivant à l'adresse [email protected].
Les états généraux de la justice se sont déroulés alors que le climat est très tendu à l'approche de la présidentielle de novembre 2016 : le président Kabila, au pouvoir depuis 2001, ne peut se représenter, selon la Constitution, mais l'opposition l'accuse de chercher à se maintenir au pouvoir.
En janvier, l'opposition avait appelé à manifester contre un projet de révision de la loi électorale qui aurait pu permettre au chef de l'État de rester au pouvoir au-delà du terme de son mandat. Plusieurs dizaines de personnes ont été tuées, essentiellement à Kinshasa, et des opposants ont été arrêtés.