RDC-Procès Yalisika : les parties civiles se rétractent à la Cour militaire de Mbandaka

Jeudi 19 novembre 2015 - 06:54

A la Cour militaire de Mbandaka dans l’ex-province de l’Equateur (nord-ouest de RD Congo), le procès Yalisika a repris mercredi 17 novembre 2015. Les audiences du 9 novembre dernier et l’audition des parties civile sont, par contre, révélé des surprises, toutes en faveur de la Société  Industrielle et Forestière du Congo (Siforco).

Le député  AmbenaZaingali, qui était chef du groupement de Yalisika, a multiplié les contradictions à la barre. Alors qu’il a lui-même signé le protocole d’accord avec Siforco le 4 octobre 2011 prévoyant un arrêt des poursuites entre les deux parties devant les Cours et tribunaux et privilégiant un arrangement à l’amiable, il s’est subitement constitué partie civile.

A la barre, il a reconnu des « dérapages de la population qui a utilisé la violence et des armes contre la Siforco » en avril 2011, suite à un désaccord sur l’application du protocole d’accord sur les engagements sociaux de cette entreprise forestière envers les communautés de Yalisika.

La Cour en a donc conclu que la plainte de Siforco puis l’intervention de la force mixte (policiers et militaires), du 2 mai 2011 sur demande des autorités locales pour rétablir l’ordre et la sécurité, étaient « justifiées ». Aussi, le député Ambena a-t-il reconnu que son arrestation a été ordonnée par le territoire de Bumba et non demandée par Siforco.

Bref, « Ambena a multiplié les dénégations et les incohérences », explique une source proche de Siforco.

Une autre partie civile a aussi multiplié les contradictions entre sa version lors de l’instruction et son discours devant la Cour. Il avait notamment affirmé que les arrestations de villageois avaient été « massives » et que certains avaient été « entassées dans un véhicule Siforco ». Une fois devant la barre, il se rétracte et déclare «être inconscient au moment de son arrestation ».

De même, la prétendue victime de violence sexuelle s’est présentée à la barre avec une fausse carte d’électeur obtenue quelques jours après les évènements de main 2011 à Yalisika. Un cas typique de manipulation de preuve.

Siforco reprend espoir

Au fil des débats contradictoires devant la Cour militaire, la vérité commence à éclater, faisant entrevoir la manipulation des parties civiles lors de l’instruction du dossier par leurs avocats. Ce qui fait dire une source proche de Siforco que « le temps d’une version unilatérale alimentée par Avocats sans frontière est révolue ».

Toutefois, l’industriel du bois reste optimiste. Siforco reprend espoir. Les faits sont têtus, la justice finira par établir la vérité et ceux qui ont inventé, de toute pièce, ce scenario vont devoir en assumer les conséquences. Certaines Ongs qui ont cru bon médiatiser ce procès, manipuler les débats et donc de discréditer  les forces de sécurités, la justice et le pouvoir de la RDC vont devoir s’expliquer », a lâché une source proche de Siforco, préférant garder l’anonymat.

Siforco, cible privilégiée des plaignants en lieu et place d’éventuels responsables présumés des bavures policières lors des interpellations de mai 2011, a toujours soutenu que ce procès est commandité par des ONG internationales pour décourager l’industrie du bois en RDC.

Pourtant, ce secteur d’activités contribue à créer de l’emploi dans les zones rurales où les opérateurs économiques ne se bousculent guère à cause des multiples difficultés liées à l’absence des infrastructures de base.

Dans un communiqué daté du 8 octobre dernier, Antony Bomboko Mwamba et  John Likolo Baya, les conseils des prévenus, 4 militaires et 2 policiers ont eu aussi à exprimer les inquiétudes de leurs clients sur le déroulement de cette affaire qui n’est qu’un « dossier monté de toutes pièces par ceux qui veulent tirer profit et justifier les fonds reçus de par le monde». Une attaque contre Avocats sans frontières (ASF) qui prend en charge les honoraires les conseils des parties civiles.

Le procès Yalisika est une affaire qui remonte à plus de cinq ans. En avril 2011, une trentaine d’hommes de la communauté villageoise de Yalisika (Province de l’Équateur) a entrepris une expédition punitive sur le site forestier d’Engengele, exploité par la Siforco, emportant par la force du matériel et prenant en otage du personnel. Le conflit entre les populations et la société (détenue alors par le groupe DANZER) portait sur un certain nombre d’obligations sociales conclues en 2005.