RDC : une conseillère de Kamerhe visée par une plainte… pour un tweet

Mercredi 24 février 2016 - 12:54
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La journée ville morte du 16 février dernier ne passe décidément pas pour les autorités congolaises. La conseillère en communication et porte-parole de l’opposant Vital Kamerhe (UNC) vient d’en faire les frais. Dans une plainte que nous avons pu consulter, Lydie Omanga est accusée de « faux et usage de faux » par le ministre de la communication et des médias, Lambert Mende. En cause, un tweet envoyé le 16 février, journée de l’opération ville morte, relayant un message de Télé50, affirmant que le ministre allait interrompre la connexion internet à 18h :

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Une heure après ce premier message, Télé50 apporte un démenti sur son compte Facebook, assurant qu’internet ne serait finalement pas coupé le 16 février :

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Dans la plainte, l’avocat de Lambert Mende estime « ces propos calomnieux, diffamatoires, subversifs et délibérément incitateurs aux troubles à l’ordre public (…) et faussement attribués à mon client ». Un tweet « qu’il convient de poursuivre et réprimer avec rigueur afin de décourager cette pratique hautement dangereuse ». Il faut dire que le sujet est sensible en République démocratique du Congo (RDC). Le 20 janvier 2015, en pleine manifestation contre la loi électorale, les communications SMS et l’accès à internet en 3G avaient été coupés sur ordre des autorités congolaises – voir notre article. La violente répression policière avait fait « au moins une quarantaine de morts » selon les ONG internationales. Internet avait été rétabli progressivement après une dizaine de jours.

Interpellations en série

Après la journée ville morte organisée contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila, une vague de répression s’est répandue sur l’opposition congolaise – voir notre article. Une douzaine de personnes ont été arrêtées selon José Maria Arana, le directeur du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme. A Goma, six militants d’un mouvement citoyen, la Lucha, ont été interpellés et déférés devant la justice pour avoir confectionné des « calicots subversifs » demandant « l’alternance politique par des élections dans les délais constitutionnels ».

L’opposition dans le viseur

L’UNC, le parti de l’opposant Vital Kamerhe, a été particulièrement touché par cette vague d’arrestations. François Yuma, le porte-parole de l’UNC à Uvira a été arrêté le 16 février avant d’être libéré le lendemain. Il était soupçonné d’avoir « planifié » l’opération ville morte dans la ville. Tout comme José Tedika à Matadi, Kake Bulindi à Bukavu ou Victor Tesongo à Kinshasa. Contactée par Afrikarabia, Lydie Omanga se dit « surprise » par cette plainte. « J’ai simplement fais mon travail et je constate que, pour le moment, Télé50 n’a pas été inquiété pour son message. Mais je comprends que ce n’est pas ma personne qui est visée par cette plainte, mais la personne pour qui je travaille » explique la conseillère du patron de l’UNC. « Par cet acharnement judiciaire, c’est évidemment Vital Kamerhe que l’on cherche à déstabiliser et je compte bien me défendre ». prévient Lydie Omanga.

Christophe RIGAUD – Afrikarabia