Sénateurs et députés nationaux appelés à choisir entre la voie de la raison et leurs privilèges.
La session parlementaire ordinaire de septembre 2014 s’ouvre aujourd’hui lundi au Palais du peuple, siège du Parlement de la République. La nouvelle a été confirmée par un communiqué officiel publié le samedi 13 septembre dernier par le bureau de l’Assemblée nationale et signé par le rapporteur de cette chambre législative, Norbert Ezadri Eguma.
Comme à l’accoutumée, la cérémonie aura lieu dans la salle des Congrès du Palais du peuple, sous la houlette du président de la chambre basse, Aubin Minaku. Le même jour, Léon Kengo wa Dondo, aura l’insigne honneur de présider la cérémonie d’ouverture de la session pour le compte du Sénat, dont il tient les rênes.
Trois mois de vacances
C’est dire que les membres du Parlement congolais, députés et sénateurs, vont reprendre, dès ce lundi 15septembre, le chemin du siège du Parlement, après de longues vacances débutées le 15 juin dernier. Compte tenu du fait qu’une session extraordinaire n’a pas été organisée, il y a de bonnes raisons de penser que ces parlementaires ont eu le temps de savourer pleinement les 3 mois de vacances qui leur sont officiellement reconnus.
Cependant, les observateurs avertis savent que les vacances parlementaires constituent une occasion d’intenses activités pour les élus du peuple, appelés à se rendre dans5leurs fiefs électoraux respectifs, en vue dé briefer leur base sur le déroulement de la session parlementaire précédente. C’est pourquoi, les parlementaires sont tenus de s’acquitter du devoir de déposer leurs rapports de vacances aux bureaux de leurs chambres législatives. Cette tâche ne peut pas les empêcher de prendre des dispositions nécessaires afin d’amener le gouvernement de la République à déposer au Parlement, dans les meilleurs délais, le projet de loi du budget de l’Etat pour l’exercice 2015.
La session parlementaire de septembre est, en effet, principalement consacrée à l’examen et adoption de la loi de finances de l’année suivante, qui interviennent après l’examen et adoption du projet de loi relative à la reddition des comptes de l’avant dernier exercice budgétaire. Par ailleurs, plusieurs dossiers, tels que la désignation et l’installation des membres du bureau de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), attendent aussi d’être finalisés, sans compter beaucoup d’autres arriérés législatifs.
C’est autant dire que les députés et sénateurs ont du pain sur la planche au cours de la session qui commence aujourd’hui. La tâche risque de se compliquer davantage, si le point relatif à la révision de la Constitution du 28 février2006 est inscrit dans le calendrier de la présente session.
Une abondante correspondance
Le numéro un de l’Assemblée nationale a reçu une abondante correspondance par rapport au refus de larges franges de la population à la révision constitutionnelle. A titre d’exemple, quelques 650 ONG lui ont demandé de ne pas accepter ce changement de la loi fondamentale du pays. D’ailleurs, Aubin Minaku lui- même, au début de cette polémique, avait déclaré publiquement que le chef de l’Etat allait respecter la Constitution. Il y a aussi eu des manifestations, à l’instar des deux ayant eu lieu le samedi 13 septembre dernier à Kinshasa, que les forces de l’ordre ont réprimées. Pour rappel, les opposants à une modification de la Constitution soupçonnent les partisans d’un changement de vouloir faire sauter l’article 220 de te texte, prévoyant que le chef de l’Etat ne peut effectuer plus de deux mandats successifs.
Les parlementaires ont la lourde responsabilité de favoriser les concertations et le dialogue, plutôt que des démarches risquant de créer des situations dangereuses pour, la démocratie. Ainsi en 1996, des parlementaires avaient voté des textes retirant la nationalité, zaïroise à l’époque, à des centaines de milliers de gens. La conséquence de ce vote est connue. Une succession de guerres, dont les populations subissent jusqu’à présent les séquelles.
D’autant plus que même dans le camp de Joseph Kabila Kabange, la révision constitutionnelle ne fait pas l’unanimité. Ainsi, La société civile du Katanga, pourtant réputée proche de l’actuel locataire du Palais de la Nation, refuse la révision. Et le bâtonnier Jean-Claude Muyambo, président de la Solidarité Congolaise pour le Développement (SCODE), a pris solennellement et publiquement ses distances avec le projet de révision constitutionnelle prônée par sa famille politique, la Majorité Présidentielle (MP). L’ancien ministre des Affaires sociales l’a fait savoir le 30 août dernier dans la commune de Katuba, à Lubumbashi au Katanga, lors un meeting. L’homme a même eu le courage politique d’avouer n’être pas la seule notabilité de la province cuprifère à s’opposer à des changements de la loi fondamentale.
Quoiqu’il en soit, le patriotisme et l’intérêt national doivent l’emporter sur les intérêts individuels et orienter le travail des parlementaires pendant cette période cruciale où l’opinion tant nationale qu’internationale attend voir la République Démocratique du Congo préparer et organiser des élections présidentielles transparentes et réellement démocratiques en 2016.
MARCEL TSHISHIKU ET YHR