Rigobert Kuta : « L’arrestation des activistes pro-démocratie préjudicie l’image de la RDC »

Jeudi 26 mars 2015 - 08:45

La Majorité présidentielle populaire (MPP) demande à la communauté internationale - en réaction à l’arrestation à Kinshasa des leaders sénégalais, burkinabè et congolais des mouvements citoyens pro-démocratie - d’exiger au président de la RD Congo et à son gouvernement de respecter les prescrits de la Constitution en matières de libertés d’expression, d’association et des réunions.

« L’arrestation arbitraire de ces figures célèbres des associations citoyennes illustre un comportement très préjudiciable à l’image de la République démocratique du Congo (RDC) », souligne le chargé des Relations extérieures de la MPP, Rigobert Kuta, dans un communiqué datant de Bruxelles (Belgique).

Il souligne que « cette situation est un mauvais signal pour les futures élections en RDC, qui doit interpeller la communauté internationale, la Francophonie et l’Union africaine ».

Kuta appelle les principaux acteurs du régime congolais à « éviter de défier la communauté internationale et à rechercher une bonne politique de bon voisinage avec ses pairs africains et avec l’ensemble des Congolais pour apaiser les tensions politiques qui s’amplifient de jour en jour » dans le pays.

La MPP salue la bravoure et la contribution de ces jeunes militants africains aux échanges sur la bonne gouvernance et à l’instauration d’une « société réellement démocratique » en RDC.

Une plainte pour « arrestation arbitraire »

Me Sylvain Lumu a déposé lundi 23 mars 2015 une « plainte contre inconnu pour enlèvement, arrestation arbitraire, détention et perquisitions illégales ainsi que pour violation des droits garantis aux particuliers », renseigne une copie de la lettre adressée au procureur général de RDC.

Selon cette plainte, qui viserait à « défendre ces sept militants pro-démocratie arrêtés », d'autres personnes restaient détenues, sans pouvoir en indiquer le nombre ni l'identité.

Parmi les militants qu'il défend figurent Fred Bauma, du mouvement Lutte pour le changement (Lucha) basé à Goma (Nord-Kivu) dans l'est du pays, et Mi-Yangu Kiakwama kia Kiziki, membre du mouvement « Filimbi » et fils du député national Gilbert Kiakwama.

« Vendredi, l'appartement de ce dernier a fait l'objet d'une perquisition forcée », a dénoncé Me Lumu, qui demande au procureur général « des investigations et des poursuites pénales contre les responsables de ces présumées arrestations arbitraires ».

En marge d’une motion du député d'opposition Gilbert Kiakwama, père du militant de « Filimbi » arrêté, « une mission d'information doit être mise en place pour étudier toute l'affaire ; chaque groupe parlementaire va désigner un député dès demain (mardi)», a indiqué lundi un député du même camp, Juvénal Munubo.

Le but est de « s'enquérir de la situation, de faire la lumière sur ce qu'on reproche à ces jeunes » et aussi de savoir où ils sont détenus », a-t-il expliqué.

Le 15 mars 2015, les forces de l'ordre ont arrêté une trentaine de personnes, dont trois militants sénégalais, un Burkinabè et plusieurs Congolais qui avaient participé à une rencontre sur la bonne gouvernance et la démocratie, en plein débat sur un éventuel troisième mandat du président congolais Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001.

Une partie des personnes arrêtées, dont des journalistes et un diplomate américain, ont été libérées le 15 mars au soir.

Les militants étrangers, accusés de s'être rendus en RDC pour préparer des « actes de violence », ont été expulsés de la RDC le 18 mars. Le lendemain de ces expulsions, six militants et rappeurs congolais ont été libérés. Cette affaire a éclaté dans un climat politique tendu en RDC.

140 organisations montent au créneau

Selon RFI, 140 organisations de la société civile ont lancé un appel pour demander la libération de la dizaine de militants détenus depuis dimanche 15 mars à l'Agence nationale des renseignements (ANR). Elles dénoncent le « deux poids deux mesures » dans cette affaire, après la libération des activistes de Y en a marre et du Balai citoyen.

L'Association pour l'accès à la justice (ACAJ) fait partie des organisations signataires de l'appel. Elle « dénonce le silence des autorités sur une pratique, celle d'arrestations et de maintiens en détention décidés, explique-t-elle, par la seule Agence nationale des renseignements et en violation de la Constitution qui prévoit entre autres le droit de visite des familles et de recevoir les conseils d'un avocat ».

« Il n’existe aucune loi en République démocratique du Congo sur laquelle ce service peut fonder le pouvoir de pouvoir interpeller des citoyens, sans titre, et les enfermer dans des cachots sans droit de se faire visiter par les membres des familles ou d’obtenir l’assistance de leurs conseils. Ça n’existe pas », a martelé le président de l'ACAJ.
« Les responsables de (l'Agence nationale des renseignements) continuent à agir comme s’ils n’étaient pas soumis à l’autorité de la loi », a souligné Me Georges Kapiamba.

Il a ajouté que son association a écrit plusieurs lettres adressées au ministre de l’Intérieur, au ministre de la Justice, au Premier ministre et jusqu'au niveau du président de la République « pour attirer leur attention sur ces violations graves des droits fondamentaux ».

Dans ses correspondances, l'ACAJ estime qu’il fallait « prendre des dispositions rapidement pour y mettre fin et sécuriser ainsi tous les citoyens sur l’étendue de la République démocratique du Congo ».

« Et malheureusement, nous constatons que rien n’est fait et (que) les responsables de ce service continuent à agir comme s’ils n’étaient pas soumis à l’autorité de la loi. Voilà la situation dans laquelle nous nous retrouvons », conclue-t-elle.

Aucun responsable du gouvernement ou du parquet n'était disponible samedi 21 mars pour répondre à ces questions de procédure soulevées par l'ACAJ.

 

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