C'est en 1990 que l'écrivain Henri Djombo s'est distingué à l'occasion de la sortie de son roman « Sur la braise » qui reçut un écho favorable de la part de la critique et du grand public.
Au fil de ses publications, apparaît chez cet auteur l’impression d’une œuvre inachevée qui le conduit à remettre un personnage en scène. Déjà présent dans le livre précité, Joseph Niamo se retrouve un quart de siècle plus tard au centre de « Vous mourrez dans dix jours » que l'illustre romancier et dramaturge vient de publier.
Joseph, chef d'entreprise prospère, est destinataire d'une balle de plomb accompagnée d’une lettre anonyme sur laquelle est écrit : « Vous mourrez dans dix jours ». Le monde s'écroule pour cet entrepreneur ayant réussi sa vie et, par crainte d’être abattu par son ou ses ennemis en s’exposant à l’extérieur, il s'assigne donc à résidence dans sa chambre. Niamo s'isole alors dans un véritable « couloir de la mort ».
Qui veut ma mort et pourquoi ? Est-ce un meurtrier solitaire ou une meute d'assassins à mes trousses ? Il revoit sa vie et refait son monde dans cette période de sursis. La trame de l'ouvrage est fluide et l'écriture est remarquable. L'auteur est à la littérature ce qu’Alfred Hitchcock a été au cinéma. Chez Henri Djombo aussi, ça fleure bon le suspense comme dans ses romans « Le mort vivant » ou encore « La traversée ».
Une analyse réussie de la nature humaine et des mœurs contemporaines
À l'approche de son requiem, l'homme d'affaires Joseph Niamo retient que l'homme est tourné vers le mal et empêche la collectivité de se développer. « Mon pays qui accélère sa plongée dans l’abîme, a le plus grand nombre de sorciers par habitant. Ils empêchent la marche vers le progrès », pense-t-il. Pour le condamné, un autre constat s'impose : « Les sorciers du monde des affaires et de la classe politique défont la nuit ce qu'ils construisent le jour. »
Il réfléchit à propos de l'avenir de sa femme et de ses enfants ainsi que de son testament, certain que, soutenus par la coutume rétrograde et la méchanceté, ses proches feront vivre l'enfer à Mathilde, sa veuve, et à ses héritiers en les dépouillant au passage de tous leurs biens. Les imposteurs diront aussi au sujet de la veuve : « Coupez-lui les cheveux, on verra bien quel homme elle séduira encore avec une couenne sur la tête ! »
L’oraison funèbre chantera bien entendu ses louanges et Mathilde assistera au spectacle de l'hypocrisie humaine. Des plaisantins essayeront de la séduire, cherchant vainement la veuve joyeuse. Pendant que Joseph gamberge, l'inattendu arrive.
Cet ouvrage est somme toute une analyse réussie de la nature humaine et des mœurs contemporaines. Il est un cri d'alarme face aux entraves au progrès social et au rejet des commandements divins. À lire absolument.