Rudy Mandio: "30 Juin, Kabila a manqué l'opportunité de marquer l'histoire"

Vendredi 1 juillet 2016 - 13:33
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Les réactions fusent de toutes parts après le discours du président Kabila à l'occasion de la célébration du 56è anniversaire de l'indépendance de la RDC. Rudy Mandio, président du parti politique PSN (Peuple au service de la Nation) nous accordé une interview à partir de Johannesburg en RSA.  Ce cadre de la Diaspora qui n'a jamais coupé les ponts avec son pays de coeur, la RDC, a dit que le président Kabila a encore raté le coche pour clarifier l'horizon politique et apaiser les esprits. Ci-dessous l'intégralité de l'interview.

1. Après 56 ans d'indépendance, quel bilan faites-vous de la gouvernance en RDC?

R) C'est vraiment triste quand il faut parler de l'après indépendance en terme de bilan car beaucoup parmi nous célèbrent cette journée de l'indépendance dans l'esprit de 1960, une victoire de nos pères face aux colons, mais pas dans l'esprit des réalités actuelles que vivent les Congolais dans leur quotidien. S'il faut parler du bilan  rentrons d'abord dans la pensé originaire qu'avait nos pères de l'indépendance en 1960 (Lumumba, Kasa Vubu, Kamitatu, Mbuta Kanza...), la pensé qui s'incarne comme "la dignité de l'homme Congolais" et il est vrai qu'à nos jours, cette dignité reste un mythe. Juste question de voir les réalités actuelles dans notre pays où nous comptons des milliers de morts, des successions de guerres et massacres, des graves abus  des droits de l'homme. En général la RDC est un pays de non droit car nos dirigeants actuel reproduisent ce que les colons nous ont fait, seulement cette foi-ci ils utilisent des chaines invisibles.

2. Quelle est votre réaction par rapport aux propos de Barack Obama selon lesquels il soutient le premier passage du pouvoir pacifique et démocratique imminent en RDC?

R) Le premier passage pacifique du pouvoir en RDC restera un moment historique pour notre pays comme était le cas en 1960 lors de l'indépendance, cela reste le souhait de tout Congolais qui aime le Congo pas seulement le président Obama. Je salut le courage du président Américain de se mettre du coté des Congolais qui veulent écrire une nouvelle histoire de leur pays. Nous souhaitons voir d'autres pays en Afrique comme ailleurs suivre le courage des USA car nous voulons avoir des amis et alliés qui non seulement aiment le Congo et ses richesses mais aussi son peuple.

3. Joseph Kabila lui a parlé dans son discours d'ingérence étrangère.  Quelle votre opinion?

R) Il ne s'agit pas d'ingérence,  les Américains reprochent au gouvernement Congolais des abus graves du pouvoir en l'encontre de la population Congolaise et des violation inacceptables de principe de libertés et de droits. Le président Kabila doit savoir que la respect des droit de l'homme est une notion universelle et donc sans frontières. Cela est écrit noir sur blanc dans la Charte  Internationale des Droits de l'Homme adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU le 10 Décembre 1948.

4. De manière générale, comment avez-vous accueilli son discours à l'occasion de la fête d'indépendance?

R) De manière générale, je juge le discours du président Kabila d'inopportun et n'ayant aucune place pour cette grande tribune historique pour notre pays, "30 Juin" une tribune pas comme les autres, celle qui incarne la liberté, la dignité et l'espoir. En parlant de la tenue des élections avec imprécision sur la date exacte de ces scrutins et donc imprécision sur son avenir politique, Kabila a une fois de plus manqué l'opportunité de marquer l'histoire du Congo. Décevant ainsi la majorité de la population qui attendait de plus amples précisions de sa part car l'avenir meilleur du pays est d'une manière ou d'une autre directement lié à ces élections.

5. Le président Kabila a promulgué la loi électorale. Celle-ci offre la possibilité aux congolais de la Diaspora  de voter. Êtes- vous car c'était l'un de vos principaux objectifs.

R) Je rappel que dans la diaspora ce message ne pas reçu comme un cadeau du gouvernement Congolais mais plutôt comme un droit des Congolais vivant à l'étranger. Une partie de ma lutte est consacré sur l'impact de la diaspora Congolaise en matière de gouvernance en RDC car celle ci représente le 10% de la population de la RDC. Notre lutte ne se limite pas seulement sur l'obtention de droit de vote mais aussi à voir des ressortissants de la diaspora élu en  d'autre terme un quota de 10% des députés élus dans la diaspora qui représenteront valablement la diaspora en RDC

6. Comment avez- vous accueilli les premières sanctions américaines à l'endroit de Kanyama, le patron de la police de Kinshasa?

R) Je salue la décision qu'a prise le gouvernement Américain sur les sanctions contre ce regime. La réalité est que nous approchons des élections mais le climat reste non favorable, il y a une multiplication des arrestations, enlèvements, et intimidations des opposants, des activistes des droits de l'homme, voir même des condamnations basées sur des accusations montées de toute pieces comme le cas recent de Moise Katumbi qui démontre l'instrumentalisation de la justice Congolaise. Bref, la fermeture de l'espace politique. Nous voulons voir d'autres sanctions au cas où le gouvernement Congolais se montre de plus en plus incapable d'ouvrir l'espace politique comme la vraie démocratie l'exige.

7. Joseph Kabila a dit que l'histoire de la RDC ne s'écrira plus avec le sang ni par les autres?
Comment y arriver concrètement?

R) Personne ne veut voir le sang des Congolais coulés encore, trop de sang à couler et maintenant il est temps d'écrire une nouvelle histoire du Congo en toute paix et quietude. Le président Kabila ne doit pas ignoré qu'il détient l'une des plus grande responsabilité etant que président de la république et doit sagement  l'utilisé au profit du Congo et des Congolais pour ne pas voir ce pays sombré dans le chaos total. Il n'existe pas de formule magique, seul le respect de la constitution reste la formule clé pour sortir ce pays de l'impasse où il se trouve actuellement.

 

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