Au cours d’une communication faite dernièrement devant la presse, au siège du Mouvement Lumumbiste Progressiste (MLP), le président de cette formation politique et du Front anti dialogue (FAD), le député national Frank Diongo, a annoncé avoir réuni suffisamment de preuves sur les dérapages des éléments de la Police Nationale Congolaise (PNC), lors des manifestations liées à la victoire des Léopards au Chan et de leur accueil à Kinshasa. Ce fait lui permet de préparer une action à initier à l’Assemblée nationale, sous forme d’une motion, contre les responsables de la police et contre les auteurs de ces actes inciviques décriés.
Au cours de cet échange, le Député national a reçu la famille du chauffeur Gianni Okundji Otshudi, couramment appelé Adjedje, qui aurait été abattu par un policier, ainsi que les jeunes de Matete et autres membres de la corporation de chauffeurs à laquelle appartenait le défunt. Ceux-ci ont apporté au bureau des doléances de Frank pour se plaindre de Frank Diongo des éléments de preuves sur cet événement malheureux qui a frappé leur famille et ladite corporation.
Il a aussi reçu le dossier d’un jeune homme répondant au nom de KianguKanika Honoré, résident toujours à Matete, dans le quartier Mutoto. Lui est porté disparu non pas cette année, mais depuis le début de l’année dernière alors qu’il avait été arrêté par la police. Un casse-tête, c’est vrai, mais un problème qui doit aussi trouver une solution.
Des actions pour obtenir la justice
- Franck Diongo a salué le geste de l’Association Africaine de Défense des Droits de l’homme (Asadho), qui a déjà mobilisé un collectif d’avocats pour suivre cette affaire. En ce qui le concerne, il a souligné qu’il a va, à son tour, mettre à contribution l’Assemblée nationale.
Mais d’emblée, le leader politique congolais a relevé quelques éléments qui dénotent d’une mauvaise gestion de ce dossier de la part des services de la police et de la justice. Ce qui est choquant, c’est que le policier auteur de ce meurtre s’est retrouvé au commissariat provincial de la police/ville de Kinshasa, alors qu’il avait été arrêté à Matete. Comment dès lors comprendre cette procédure judiciaire qui ressemble à une tentative de protection du “ criminel “ ?
En plus, a-t-il poursuivi, lorsque les les avocats commis sur le dossier se sont présentés, celui-ci a été déféré devant l’auditorat militaire de le Gombe, alors qu’il y a également un auditorat à Matete, lieu où l’infraction a été commise et en même temps lieu de l’habitation de la victime. Voilà qui va poser un poser un problème de compétence territoriale de la juridiction saisie. Ce qui va occasionner ipso facto une perte de temps.
Devant ce qu’il a qualifié d’irrégularités flagrantes, Frank Diongo voit en ces gestes une volonté manifeste de faire disparaître quelques traces de ces dérapages. “Au regard du caractère ambigu et flou de la procédure, j’admets que mon bureau est saisi de cette affaire... “, a souligné le Député national.
Devant une telle confusion, il a promis de faire son travail d’élu et parler au nom de ses électeurs de tout Kinshasa et de toute la République. Plus concrètement, il a juré d’initier une interpellation à l’Assemblée nationale du Vice-Premier ministre et ministre de intérieur et de la Sécurité. Dans sa requête, le député a dit qu’il cherche à savoir exactement qui a donné l’ordre au Commandant de la police de la ville de Kinshasa de menacer la population à la télévision, en l’interdisant de jubiler en cas de victoire des Léopards et qu’elle est la base légale de cet ordre donné par le Général Kanyama à la population.
Citant plusieurs endroits, de la ville où les balles ont crépité, dont Mont Ngafula, Matete, Kimbanseke et Ndjili, le député national Frank Diongo chercherait également à savoir celui qui a donné l’ordre de tirer à balle réelle sur la population. Ces communes sont-elles si redoutées pour que la gâchette des armes de la police soit si facile.
Au plan judiciaire, le Député national a plaidé pour une audience foraine à Matete, au cours de laquelle devraient être jugés tous les auteurs de ces dérapages.
Enfin, Franck Diongo a lancé un appel à tous ceux qui ont constaté une disparition dans la famille à la date du 7 février, car il semble qu’il y en a trop, ou qui ont enregistré des blessés, ou encore des arrestations de venir informer son bureau pour le suivi. Il a également exhorté les ONG de défense des Droits de l’homme à s’impliquer en vue d’obtenir le procès qu’il veut public sur le lieu d’u forfait.
Au niveau de la police, cette démarche de Franck Diongo est observée avec circonspection. Comment pourra-t-elle aboutir ? Il est vrai qu’il y a au sein de la police de mauvais éléments. Pour s’en défaire, cela prendra-t-il encore du temps. La question est posée à qui de droit.
Enfin, demain mardi 16 février 2016 risque d’être une autre journée quelque troublée à cause des mots d’ordre politique. En attendant de savoir ce qui peut réellement se produire, il faut noter que la police est de nouveau placée devant une autre épreuve.
Kinshasa: la police accusée d’avoir arrêté des jeunes
Par ailleurs, rapporte la radio Okapi, la police nationale est accusée d’avoir arrêté au cours de la nuit de lundi au mardi 16 février des jeunes garçons dans certains quartiers des communes de N’djili et Masina à Kinshasa. Des témoins rapportent que des policiers ont arrêté ces jeunes clans leurs domiciles alors qu’ils dormaient.
“Une vingtaine de policiers sont entrés dans la parcelle. Ils ont frappé à la porte et quand nous avons ouvert, ils ont demandé aux garçons de sortir. Ils ont indiqué qu’ils les amenaient au commissariat de Mabanga. Très tôt matin, en arrivant à la police, on se rend compte qu’ils ont arrêté beaucoup d’autres gens, apparemment une vingtaine”, raconte le tuteur de l’un des jeunes arrêtés qui a requis l’anonymat. Qu’est-ce que cela signifie ?
La population redoutait que ces jeunes arrêtés soient présentés le soir à la télévision comme ayant perturbé l’ordre pendant la journée la ville. La même source indique qu’aucune explication n’a été donnée au sujet de cette arrestation.
D’autres sources confirment ces arrestations qui auraient été réalisées dans la nuit. Interrogé, le commissaire provincial de la police de Kinshasa,’ Célestin Kanyama dit ne pas être au courant d’une quelconque arrestation. Il estime que s’il y a eu des arrestations, elles pourraient être liées à des dossiers judiciaires. Allez-y comprendre ce casse-tête !
Ces arrestations interviennent la veille du jour même où l’opposition a décrété une journée ville- morte dans le pays pour appeler les autorités à la tenue des élections dans le délai.
Par Claude Nyembwe Mutoka