La société civile demande à Kengo et Minaku de décourager la révision de la constitution

Lundi 15 septembre 2014 - 11:05

Les ONG réunies au sein de la Campagne pour la démocratie en RDC, ont déposé les conclusions de leurs travaux aux deux chambres du Parlement, dans lesquelles leur réserve sur le projet initié par la Majorité présidentielle est clairement ressortie. Elles ont transmis, le samedi 13 septembre 2014, aux présidents de deux chambres du Parlement, Léon Kengo wa Dondo et Aubin Minaku, les résumés des recommandations de leur rencontre du 3 septembre, à Kinshasa. En somme, ces activistes invitent ces deux personnalités, à répercuter et à décourager toute nouvelle initiative de révision ou de changement de la constitution. Ces ONG, qui ont souligné leur mobilisation, ont également promis de continuer à la faire dans toutes les provinces du pays contre ce nouveau projet. L‟objectif est de faire entendre la voix du citoyen sur le projet de la modification de la constitution. En effet, dans ces conclusions, qui ont été expliquées à la presse lors d‟un échange organisé au siège de la Voix de Sans Voix (VSV), après ce dépôt au Palais du peuple, six cents cinquante ONG ont dit Non à la révision de la constitution telle que préconisée par la Majorité présidentielle (MP). Ces organisations disent s‟inscrire plutôt dans la logique du renforcement, mieux de la consolidation, en RDC, de la démocratie et d‟un Etat de droit, gage de la paix et du développement économique et social. Pour les signataires, dans les circonstances actuelles, la révision constitutionnelle est inopportune. « On ne peut pas changer la constitution sans que ce changement soit un coup d‟Etat constitutionnel », a expliqué le secrétaire exécutif de la Ligue des électeurs (L.E), Sylvain Lumu. Dans leur opposition à cette démarche initiée par la MP, ces ONG motivent leur réserve par l‟expérience de la révision expresse de la constitution intervenue en 2011, qui a, selon elles, laissé des séquelles que le peuple congolais gère jusqu‟à présent. « Contre toute attente, cette révision avait accordé au président de la République, des pouvoirs additionnels, notamment de dissoudre une assemblée provinciale et de relever un gouverneur de province de ses fonctions », ont-elles déploré. Pour ces ONG, en effet, au-delà des arguments avancés, les motivations profondes de la révision constitutionnelle sont à chercher dans l‟instinct de survie des animateurs des institutions publiques, « sacrifiant ainsi les valeurs démocratiques et de l‟Etat de droit auxquelles le peuple congolais est fermement attaché et pour lesquelles il a consenti énormément de sacrifices ». Par ailleurs, elles ont également noté que le débat sur la révision constitutionnelle ne devrait pas être réservé aux seuls parlementaires, mais il requiert aussi l‟implication de l‟ensemble de la population congolaise. Dérive totalitaire en perspective Les ONG signataires de ces recommandations ont également souligné leur opposition à l‟organisation d‟un référendum, qualifiant ce dernier de violation de la démocratie. « On ne sait pas aller au référendum sachant ce que vaut le référendum dans le pays », a insisté le président du Conseil de l‟apostolat des laïcs catholiques du Congo (Calcc), Crispin Nlanda. Pour ce dernier, en effet, le changement de la loi fondamentale ne pouvait être tolérée que si la vision était conforme à celle de la population. « Ici, on veut personnaliser la constitution afin de permettre au président actuel de se représenter à nouveau. C‟est ce qui choque », a-t-il dit. Relevant les motivations et les enjeux de la démarche de changement promue par la MP et des difficultés de garantir la transparence des opérations référendaires, ces ONG se sont dit décidées d‟entreprendre des actions susceptibles de préserver la paix et contrer toute initiative de révision constitutionnelle portant atteinte aux valeurs démocratiques et de prendre des dispositions nécessaires à une surveillance renforcée du processus électoral de manière à prévenir tous les cas de fraude. Ces organisations ont également décidé d‟attirer l‟attention de la base sur les risques de « dérive totalitaire » et d‟atteinte aux droits de l‟homme qui pèsent sur la nation et de mobiliser la population contre ce projet de révision de la loi fondamentale.