Traque des FDLR ; bras de fer entre Kinshasa et l’ONU : Une nouvelle affaire Bosco Ntaganda

Mardi 17 février 2015 - 10:02

C’est presque à un jeu de ping-pong que l’on assiste depuis le week-end dernier entre le Gouvernement de la République Démocratique du Congo et la Monusco au sujet de l’affaire de la traque des- Fdlr. Aussitôt que la force onusienne en RDC déclarait avoir suspendu son assistance aux FARDC dans ces opérations de la traque contre les FDLR, Kinshasa répliquait par la voix la plus autorisée pour rappeler à l’ordre les ambassadeurs des puissances occidentales accréditées en RDC au sujet des principes fondamentaux de la souveraineté internationale et de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat tiers.
Sur un ton ferme et sans appel, le président Joseph Kabila venait de renoncer le plus officiellement du monde au soutien de la Monusco dans les opérations de désarmement forcé des FDLR déclenchées officiellement le jeudi 29 janvier dernier.

La goutte qui a fait déborder lé vase et que Kinshasa n’a pas apprécié serait la réclamation faite par la Monusco de voir deux généraux, à savoir Bruno Mandevu et FalI Sikabwe écartés de la chaine de commandement des troupes engagées dans ces opérations de traque contre les FDLR. Pour avoir: été impliqués dans des violations des droits’ de l’homme dans les territoires de l’Est. A ce sujet, des lettres portant la signature de Martin Kobler, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations-Unies, avaient été adressées aux plus hautes autorités politiques du pays. Afin que nul n’en ignore, a-t-on, dit.

Elément de la stabilisation de la paix à l’Est

La toute première crise entre Kinshasa et la communauté internationale éclata au mois de mars 2009 lors des cérémonies de l’intégration des éléments du CNDP dans les FARDC qui se déroulaient à Bunagana, une localité de Rutshuru juste aux frontières entre l’Ouganda, le Rwanda et la RDC. Dès la présentation du général de brigade Bosco Ntaganda, tous les représentants des puissances occidentales et des Nations-Unies quittèrent la tribune des invités de marque en signe de protestation contre la présence de cet officier recherché par un mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale. Les cérémonies se poursuivirent sous le commandement du patriarche Charles Mwando Nsimba alors vice-premier ministre en charge de la Défense entouré des principaux généraux de l’Etat-Major général des FARDC, du ministre Raymond Tshibanda de la Coopération Internationale et Régionale, du Gouverneur Julien Paluku de la Province du Nord-Kivu et d’autres officiels de Kinshasa.

Pour rappel, Bosco Ntaganda avait été récupéré par Kinshasa à’ la suite de l’accord de Paix signé à l’issue des négociations Amani Leo à Goma en 2009 pour mettre fin à la guerre entre le CNDP de L. Nkunda et les FARDC. Bosco Ntaganda réintégra après les FRADC avec le grade de général de brigade.
Approché à ce sujet, les autorités congolaises indiquèrent que le général de brigade Bosco Ntaganda constituait une garantie pour la stabilisation de la Paix dans cette partie du territoire congolais. Elle évoqua aussi le principe de la souveraineté de la RDC et condamna l’ingérence dans les affaires internes de son pays. Pratiquement la même rhétorique que Kabila vient d’administrer aux ambassadeurs de ces puissances occidentales au sujet de la demande formulée par la Monusco de voir écartés les généraux de brigade FalI Sikabwe et Bruno Mandevu de la chaîne de commandement des troupes des FARDC engagées dans les opérations de traque contre les FDLR.

La thèse de la stabilisation de la paix dans la province du Nord Kivu tomba en désuétude lorsque le même homme réapparut comme l’un des commandants du M23. Bien avant, Bosco Ntaganda fut mêlé à un trafic illicite et illégal des matières précieuses. Notamment la vente de 450 Kgrs d’Or à des hommes d’affaires nigérians au prix de six millions des dollars Us.
Après la débâcle du M23, la Cour Pénale Internationale lança un autre mandat d’arrêt à charge de cet homme en indiquant qu’il était né au Rwanda des parents rwandais. Probablement traqué et craignant pour sa vie, il parvint à se réfugier à l’Ambassade des USA à Kigali qui le livra à la CPI. Où il est en détention préventive en attendant l’ouverture de son procès. Voilà autant d’éléments de similitude avec le cas de ces deux officiers généraux de brigade indésirables.

Pour de nombreux observateurs, l’armée congolaise compte plus de 150 généraux. Faut-il hypothéquer la paix et la sécurité des Etats de la sous- région des Grands Lacs à cause de deux généraux? D’autant que Kigali a toujours brandi ce prétexte des FDLR pour justifier les incursions de son armée en RDC. Kinshasa se trouve à présent devant un terrible challenge: ne pas échouer dans la traque des rebelles rwandais, au risque d’être accusé de parrainer leurs activités criminelles de déstabilisation de l’Est du pays et de pillages des ressources naturelles.
F.M

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