Fonctionnaires des administrations et entreprises publiques et salariés de quelques grandes sociétés privées ont défilé vendredi à Bujumbura à l'occasion du 1er-Mai, une cérémonie délocalisée et boycottée par les syndicats en raison des protestations contre un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza.
Le défilé, traditionnellement organisé dans le centre de Bujumbura, s'est exceptionnellement déroulé sur le terrain de football de l'Ecole technique secondaire (ETS) de Kamenge, à la périphérie nord-est de la capitale, dans une zone relativement isolée, sur lequel des tentes blanc-vert-rouge, couleurs nationales du Burundi, avaient été dressées.
"Nous avons décidé de déplacer les festivités du 1er mai du centre-ville à l'ETS pour éviter que des manifestants ne surviennent pour troubler la fête", a expliqué à l'AFP le maire de Bujumbura, Saïdi Juma.
Des manifestations, émaillés de heurts avec la police, agitent depuis dimanche plusieurs quartiers périphériques de la Bujumbura, où les policiers bloquent les protestataires, les empêchant de converger vers le centre-ville pour s'y rassembler.
L'accès au terrain était réservé aux officiels, aux participants au défilé et à la presse. Les festivités ont été bien plus réduites que les autres années.
Le défilé des fonctionnaires et salariés, sous les bannières de la Poste, des Finances publics, de la Banque nationale, de l'Onatel (office des télécoms), de la Regideso (eau et électricité), de Brarudi (Brasserie du Burundi) ou Lumitel (opérateur téléphonique), a duré à peine 40 minutes contre quelque cinq heures habituellement.
"Il y a très peu de gens contrairement à d'habitude, parce les syndicats ont appelé à ne pas défiler", a expliqué à l'AFP un fonctionnaire de la Poste ayant requis l'anonymat. "Je suis venu parce que nos supérieurs nous ont menacé de nous renvoyer si on ne venait pas", a-t-il expliqué.
Les deux principales centrales du Burundi avaient appelé jeudi leurs adhérents à ne pas participer au défilé en protestation contre la candidature de Pierre Nkurunziza à la présidentielle prévue le 26 juin.
Aucun représentant des syndicats n'était présent. Dans son discours, le Secrétaire général de l'Association des Employeurs du Burundi (centrale patronale), Gaspard Nzisabira, a appelé "le gouvernement et les manifestants à tenir des négociations, car tôt ou tard, il faudra en arriver là".
Les divers responsables appelés à s'exprimer ont fait leurs discours respectifs devant un stade quasiment vide, l'essentiel des participants ayant quitté le terrain à l'issue du défilé.
Le mot d'ordre de la journée était "Allons aux élections, tout en étant au travail". Les élections législatives et communales sont prévues le 26 mai et la présidentielle le 26 juin.