Un comité directeur attendu pour sortir l’UDPS originelle de ses cendres

Lundi 1 juin 2015 - 09:40

L’Union pour la démocratie et le progrès social, UDPS-Tshisekedi est favorable au dialogue proposé par Joseph Kabila. L’un de ses co-fondateurs, Corneille Mulumba le réaffirme dans cette interview. Selon cet ancien ministre du plan dans l’exécutif Birindwa, il n’y a pas autre façon, que le dialogue pour parvenir à un compromis. Si les uns refusent de dialoguer, dit-il : «l’UDPS va dialoguer pour tenter d’apporter certaines solutions aux problèmes des Congolais». Corneille Mulumba argumente que nous sommes tous dans l’opposition, mais nous ne menons pas nécessairement tous le même combat ni poursuivons les mêmes objectifs. Partisan du dialogue, Corneille Mulumba est conscient des difficultés et désorganisation de son parti UDPS-Tshisekedi. C’est pourquoi il est impliqué personnellement dans des manoeuvres politiques au sein de son parti pour la restructuration de l’UDPS originelle. Il appui le dernier mémo des combattants de la diaspora contre Tshisekedi à cet effet.

Un nouveau dialogue est-il opportun, quand on sait que près d’un millier de résolutions prises par les concertations nationales n’ont presque pas été exécutées?

La plus grande résolution des concertations nationales, visait la mise sur pieds d’un gouvernement de cohésion nationale. Cet exécutif a pris plus d’un an pour être formé. Alors que nous attendions un gouvernement de cohésion nationale, nous avions été surpris par la sortie plutôt d’un gouvernement de glissement –lequel n’a rien à voir avec les objectifs des assises du palais du peuple.

Vous affirmez aujourd’hui que les objectifs des concertations nationales ont été détournés?

Dans ce gouvernement, il était convenu que la majorité et l’opposition gèrent les affaires de l’Etat de manière collégiale. Entre autres missions, le gouvernement de cohésion nationale devrait concourir au financement des élections et à la production des projets de loi pouvant garantir des élections apaisées, tout en évitant des contraintes, tel que la CENI –commission électorale nationale indépendante de l’abbé Apollinaire Malu Malu, nous les a exposées dans son fameux calendrier électoral global. Par exemple, la loi sur les 26 provinces allait si vraiment nous avions un gouvernement de cohésion nationale, être traitée autrement qu’à la manière cavalière et spectaculaire d’aujourd’hui.

Les concertations nationales selon vous, était un marché de dupe à vous entendre parler?

Ceux de nous qui avaient boycotté ces assises ont eu tort. Si nous avions pris tous part aux travaux avec la même détermination que nous avions à la CNS –conférence nationale souveraine, nous aurions gagné beaucoup pour notre peuple. On ne parlerait plus d’un quelconque autre dialogue pour tenter quoi que ce soit. Certains ont plus passé le temps dans des conciliables et guéguerres de leadership. Personne n’a tenu compte de l’Accord-cadre d’Addis- Abeba du février 2013, qui nous facilitait totalement la tâche. Personne n’a saisi le fait que cet accord avait préséance même sur notre constitution pour avoir été signé par notre chef de l’Etat, les chefs d’Etat de la région, l’ONU, l’Union Africaine et la SADEC. C’était un instrument de taille que nous avions néglige.

Avec la demande par Joseph Kabila d’un nouveau dialogue, ne voyez-vous pas que ces concertations n’ont été qu’un échec?

L’opposition n’a pas saisi l’occasion de gagner. Nous devrions nous souder à l’époque et participer à ces concertations. Aujourd’hui, c’est la République qui a perdu à cause des turpitudes de certains opposants qui n’avaient pas compris les enjeux. Entre prendre les armes pour parvenir à un compromis et dialoguer, le choix est clair. Si nous comparons les époques où les mouvements comme RCD, MLC et autres avaient pris des armes pour un compromis ; à celle de l’UDPS –Union pour démocratie et le progrès social avec ses méthodes non violentes, vous constaterait que la démocratie et la liberté ont plus vécues pendant la période où l’UDPS avait le vent en poupe dans les années 90-96. Les périodes des rébellions ont été un désastre. Le pays a enregistré plus de sept millions des morts. La RDC a été pillé et enregistré trop de dégâts avec la complicité de certains congolaise au service de l’étranger. Voila pourquoi j’estime qu’un compromis entre nous Congolais sera toujours meilleur que celui acquis via les interventions extérieures.

Opposant de votre état, personnellement, pourquoi êtes-vous pro-dialogue?

«Nous sommes tous dans l’opposition, mais nous ne menons pas nécessairement tous le même combat ni poursuivons les mêmes objectifs».

Expliquez que cette citation?

Certains sont préoccupés par l’alternance et d’autres par le changement. Les partisans de l’alternance estiment que Kabila et ses potes ont fait leur temps, et qu’il est temps qu’ils partent. Ceux qui prônent le changement pensent que l’essentiel dans ces manoeuvres politiques repose sur l’avenir des citoyens congolais notamment l’amélioration de son bien-être, sa bonne gouvernance, l’assurance de sa sécurité, sa justice… Ceux-là tiennent également à ce que les enfants partent à l’école, aux meilleurs soins de santé pour la population, tout en oeuvrant contre la misère et pour l’éradication de la pauvreté de notre peuple. Ces questions et préoccupations sont importantes et doivent être prises en compte et devraient être au centre de toutes nos discutions, étant donné que ce n’est pas normal que dans un pays aussi potentiellement riche, que son peuple vive dans une telle misère. La guerre dans l’Est de notre pays, pourquoi elle demeure? C’est à ces questions qu’il faut donner des réponses.

Pour vous les gouvernants ne font pas grand-chose pour changer la situation de la population?

Si nous ne répondons pas aux vrais problèmes de notre peuple, nous changerons des présidents tous les jours comme des habits, aucune solution pour le bien-être et le développement de notre nation ne sera trouvée.

La RDC n’a-t-elle pas un sérieux problème d’homme et de leadership?

Dans l’opposition tout comme dans la majorité, ensemble nous ne cernons pas les enjeux ni les causes profonds de nos problèmes. Chez nous à l’UDPS, nous menons un combat qui nous a couté cher en vies humains. Nous avons des responsabilités que d’autres partis de l’opposition. Notre parti mène une lutte pour le changement et non de positionnement ou de jouissance. Quoi de plus normal que nous maitrisions beaucoup de questions politiques de notre pays que tous les autres partis de la majorité ou de l’opposition soient-ils.

Qu’à cela ne tienne monsieur Corneille Mulumba, l’UDPS connait à son sein des sérieux problèmes pour prétendre ou revendiquer encore cette qualité. Certains évoquent même la fin d’une épopée?

Tant que nous avons le souffle de vie, vous ne pouvez pas parler de la fin d’une épopée. Les objectifs poursuivis par notre parti restent d’actualité : démocratie, liberté, sécurité, intégrité territoriale, bien-être social. Le combat continue tant que ces valeurs ne seront pas acquises. Aujourd’hui il n’y a pas de démocratie ni de liberté. Voyez-vous comment est-ce que les journalistes, politiciens et activistes de droit de l’homme sont arrêtés et jetés dans des prisons sans autre forme de procès. Des signales des médias coupés sans motifs, pas question de manifester pacifiquement. Toutefois, je reconnais que la désorganisation de l’UDPS est réelle.

D é s o r g a n i s a t i o n entretenue par le président du parti, Etienne Tshisekedi?

L’erreur grave que le parti a commis, c’est d’avoir à un moment donné laisser le pouvoir se concentrer entre les mains d’une seule personne, en la personne de Tshisekedi, bien entendu. L’UDPS a été confondu avec la personne de Tshisekedi, qui, à la tête du parti se prenait pratiquement pour le Dieu –Tout puissant. Il décidait à tous moments et tous les temps sans consulter personne. L’organisation du parti a disparue pour laisser place à la personne Tshisekedi –seul à détenir la vérité.

Voulez-vous dire qu’un vrai potentat à la tête de l’UDPS?

Pas un potentat, mais tout un véritable Dieu sur terre. Il n’y avait plus de place aux têtes pensantes au sein du parti. Tshisekedi étant devenu la vérité, personne ne pouvait plus parler ou aller à l’encontre de ses mesures.

Très malade, affaibli c o m p l è t e m e n t , inconscient aujourd’hui à Bruxelles, pensez-vous que ce Tshisekedi a encore la sève pour poser ces actes?

Tshisekedi, revenant humain, puisque pouvant tomber malade, le parti se retrouve aujourd’hui désorganisé sans un pouvoir de décision, déstructuré et exposé aux conflits interminables de succession. Cela tombe mal, puisque nous sommes à la fin d’une mandature. C’est trop dommage !

Plusieurs membres de l’UDPS avec à la commande ceux de la diaspora prônent le retour à l’UDPS originelle. En tant que l’un des cofondateurs, quel est votre point de vue?

Nous avons été à la base de l’initiative à travers des réunions que nous avions menées notamment celle du Centre des Handicapés de la Gombe ici à Kinshasa. Nos combattants, membres et sympathisants ont soutenu cette idée pond par leurs fondateurs en vie. Ils ont répondu positivement aux résolutions du conclave des fondateurs organisé au Centre des Handicapés. Nos membres de l’intérieur du pays et ceux de la diaspora ont levé l’option tous de restructurer l’UDPS, la réorganisée pour affronter les défis devant nous. Nous avons confiance. Je vous informe que bientôt sortirons des nouveaux statuts, puis un nouveau comité directeur sera annoncé.

Quand vous évoquez l’UDPS originelle, allez-vous intégrer aussi l’UDPS-Kibasa qui abrite le siège de l’UDPS originelle -situé sur le petit Boulevard, 14ième rue Limete résidentielle à Kinshasa?

Bien sur que oui. Ce sont les combattants qui en ont décidé ainsi. Les démarches que nous menons ont connu l’appui des personnalités comme le président Lumbu Maloba, Lusanga Ngele, Kibasa fils… Certains vieux loups comme Paul Kapita et docteur Mpuila sont impliqués pour la concrétiser l’oeuvre.

Vous désavouez Tshisekedi, quelle sera alors la place de son épouse Marthe Kasalu –véritable patronne de l’UDPS Tshisekedi?

Maman Marthe ne dirigera jamais l’UDPS.

Et son fils Félix Tshilombo?

Il a sa place dans le comité directeur que nous allons former, et si par malheur il veut poursuivre avec son UDPS familiale, cela ne troublera aucunement notre démarche. J’en profite pour lancer un appel à nos combattants dissimilés partout dans le monde et sympathisants de se lever comme un seul homme parce que le pouvoir est à la portée de l’UDPS dans l’intérêt de la nation. Retrouvons l’esprit originelle, reconstituons l’UDPS qui avait fait trembler la dictature et sauvons notre peuple.
CP