VILLE MORTE

Vendredi 12 février 2016 - 05:29

Presque toutes les structures politiques et sociales qui militent pour la tenue des élections dans les délais constitutionnels, le respect strict de la Constitution du 18 Février 2006 et l’alternance démocratique à la tête de l’Etat en 2016, à l’exception notable de l’Udps de Tshisekedi Wa Mulumba ont lancé un appel à la mobilisation générale. C’est le mardi 16 février, journée qui symbolise la marche des chrétiens sous Mobutu qui est retenu pour une grève générale.

Les organisateurs à la tête desquels le " Front citoyen-2016 ", le " Front contre la révision de la Constitution ", le G-7 et la " Dynamique de l’unité de l’Opposition " ont prévu qu’Il n’y aura aucune activité sur toute l’étendue du pays. C’est donc la formule de la " journée-ville " morte qui est à l’affiche. Les organisateurs recommandent à tous les Congolais de quelque recoin que ce soit de rester à la maison ce mardi 16 février 2016.
L’objectif poursuivi est d’exiger du Président Joseph Kabila de respecter la Constitution du pays, de ne pas être tenté par un quelconque 3ème mandat, de favoriser la tenue des élections dans les délais constitutionnels et d’assurer l’alternance démocratique en décembre de cette année à la fin de sa mandature.
On entrevoit en filigrane de l’organisation de cette ville morte de ce mardi, une sorte de mise en garde diffuse sur ce qui pourrait advenir lors des événements futurs. Le succès de cette grève générale aurait valeur de test réussi pour ses organisateurs dont la plupart sont des novices en cette matière.

LA POPULATION NOURRIE PAR LE SECTEUR INFOMEL
En cas d’échec, ce sont les manifestations pacifiques de rue qu’ils projettent à l’avenir pour les mêmes revendications, qui risquent d’être compromises. Il ne faudra pas perdre de vue le contexte économique dans lequel se déroule une ville-morte dans un pays où le quotidien de la population est alimenté par de l’activité informelle.
C’est ce secteur de l’économie qui nourrit les Congolais avec toutes ses incertitudes. Ceux-ci doivent sortir chaque jour, même les dimanches, pour avoir de quoi mettre sous la dent. Ils n’ont pas de férié. Ils vivent au jour le jour. A ce titre, toute ville-morte, malgré de nobles objectifs qu’elle peut poursuivre comme celle de ce mardi destinée à la défense de la Constitution du 18 Février 2006 devient un véritable cauchemar.
Son succès ou son échec, dans ces conditions sont liés à des paramètres de survie quotidienne de la population. Et ce, en dépit d’une meilleure sensibilisation sur les motivations en suivant l’adage populaire qui dit que ventre affamé n’a point d’oreilles. On ne sait pas si les organisateurs ont intégré ce paramètre-clé lors de la conception de leur grève générale.
Toutefois, il n’est pas exclu que la partie des Congolais à qui est adressé ce mot d’ordre de ville-morte se fasse violence en termes de sacrifices pour l’observer scrupuleusement. Ce n’est un secret pour personne que les objectifs de la journée-ville sont partagés par la majorité des Congolais.
D’autant que même à la MP de Joseph Kabila, il est des gens pour défendre la Constitution du 18 Février. Ce qui veut-dire que sans le dire, ceux-là sont favorables à la tenue de élections dans les délais constitutionnels car les deux sont intimement liés. Ce qui signifie aussi que ces membres de la MP sont pour l’alternance démocratique en 2016.

DES LIGNES ROUGES A NE PAS FRANCHIR POUR L’UDPS
On peut noter aussi que même l’Udps qui rejette l’organisation de la ville-morte de ce mardi a comme fondement de son cahier des charges le respect de la Constitution du 18 Février 2006, des délais constitutionnels dans l’organisation des élections et l’alternance démocratique à la tête du pays en décembre.
A chacune des sorties médiatiques du chef de lUdps Etienne Thsisekedi Wa Mulumba, il a toujours rappelé ses lignes rouges à ne pas franchir. La dernière en date, c’est après l’entrevue avec le Facilitateur de l’UA Edem Kodjo par une déclaration du parti rejetant le dialogue de Kabila.
Cependant, il serait exagéré d’avancer que le succès de toute ville-morte de l’Opposition est lié à l’association de l’Udps dans l’organisation. Si c’était le cas, les manifestations pacifiques organisées par l’Opposition en janvier 2015 n’auraient jamais réussi. Or c’était bien un succès alors que l’Udps s’y était farouchement opposée prédisant déjà l’échec. Or la grève générale de mardi prochain intervient dans un contexte politique favorable.
A l’époque, l’Opposition qui avait lancé les marches pacifiques de janvier 2015 se résumait principalement à l’Unc de Vital Kamerhe et au Mlc de Jean-Pierre Bemba Gombo. Ce sont eux qui étaient au four et au moulin.
Aujourd’hui, ils sont renforcés par de grosses cylindrées comme le très populaire Moïse Katumbi Chapwe, Charles Mwando Nsimba, Kyungu Wa Kumwanza, Pierre Lumbi etc. qui viennent d’arriver de la MP. En plus il y a des structures comme le " Front citoyen-2016 " où il y a le G-7, la " Dynamique de l’Opposition " et d’autres leaders sociopolitiques dont les organisations respectives ont pignon sur rue. Autant d’atouts pour voir la grève générale suivie par la population. KANDOLO M.