Journée internationale pour la fin de l’impunité des crimes contre les journalistes
L’humanité toute entière célèbre ce lundi 2 novembre 2015 la Journée internationale de la fin de l’impunité des crimes contre les journalistes.
En marge de cette journée, Journaliste en Danger (Jed), une organisation non gouvernementale de défense et de promotion de la liberté de presse en RDC et dans la région d’Afrique centrale, a adressé une lettre ouverte au ministre de la Justice, Garde des Sceaux et Droits Humains, Me Alexis Thambwe Mwamba, l’invitant à agir vite contre les bourreaux des journalistes.
Jed a saisi cette occasion pour partager avec le ministre de la Justice ses préoccupations sur l’environnement politico-médiatique de l’exercice de la liberté de la presse, à quelques mois des échéances politiques cruciales, dans un contexte de plus en plus tendu.
Pour Jed, la sécurité des journalistes est un pré-requis essentiel pour faire progresser la liberté d’expression, fondement de la démocratie, et pour consolider la paix, condition du développement social. Ainsi, la Résolution adoptée par les Nations Unies, et la date symbolique du 2 novembre choisie pour marquer cette journée contre l’impunité sont plus que jamais importantes.
Cette journée rappelle l’obligation qui incombe aux Etats de protéger les journalistes, d’enquêter sur tous les actes de violence dont ils sont victimes et de traduire leurs auteurs en justice.
En RDC, les journalistes et les médias, sans distinction d’appartenance politique ou idéologique, évoluent dans un environnement généralement hostile à plusieurs égards (politique, économique, juridique, sécuritaire).
Tshivis Tshivuadi, Secrétaire général de JED et signataire de cette lettre ouverte, invite le ministre de la Justice à engager dorénavant des poursuites judiciaires à l’encontre de tous ceux qui s’attaquent aux journalistes à cause de leur travail ou violent impunément la liberté de l’information.
En attendant l’adoption par le Parlement et la promulgation d’une loi sur la dépénalisation des délits de presse, Alexis Thambwe Mwamba est prié de décréter un moratoire sur les arrestations et les emprisonnements des journalistes pour des délits tels que la diffamation ou l’offense aux autorités.
Jed sollicite auprès de ce membre du gouvernement son implication en vue d’ordonner la libération des personnes arrêtées pour des motifs liés à la liberté de presse, ou d’expression, et la réouverture de tous les médias actuellement fermés sur l’ensemble du pays.
Tableau sombre
Au cours de la dernière décennie, pas moins de 12 journalistes ont été tués dans des conditions qui n’ont jamais été clairement élucidées.
Des exemples de mal jugés qui émaillent les affaires judiciaires en RDC peuvent être multipliés à souhait.
Année après année, les différentes statistiques des menaces et des violences que subissent les professionnels des médias dans leur travail, indiquent que le métier d’informer constitue l’un des métiers les plus périlleux pour ceux qui l’exercent en RDC, note JED.
Qu’il s’agisse des assassinats, des agressions ou des menaces proférées contre les journalistes, les auteurs et responsables sont connus et identifiables, mais ils n’ont jamais été inquiétés, s’indigne l’Ong.
Selon cette dernière, 60 % au moins de cas d’atteintes sont le fait des hommes en armes, militaires ou policiers ; des officiers de l’armée ou des agents des services des renseignements… Mais ils sont des intouchables au pays de l’impunité, et où le crime semble être banalisé.
Complaisance des autorités
Malgré les alertes, les dénonciations et les protestations, pour cette année encore, JED n’a constaté aucun signe des autorités congolaises tendant à empêcher la perpétuation de la culture de l’impunité des attaques contre le journaliste.
Depuis le dernier Rapport de JED intitulé » L’armée, la police et les services de sécurité au banc des accusés » qui recensait 99 cas d’attaques diverses dirigées contre les médias, au cours de cette année, l’ong compte au moins deux journalistes tués à cause de leur travail ou de leur qualité de journaliste, une quarantaine de journalistes ou professionnels des médias, sont arrêtés et jetés en prison, soit agressés et menacés.
Pour mettre fin aux menaces et attaques contre les journalistes, JED a besoin d’une Justice juste, indépendante, et au service de tous les citoyens.
» Le moment est donc venu d’agir, et d’aborder courageusement cette problématique de l’impunité qui constitue un véritable fléau pour notre pays, et une gangrène qui ronge la liberté de presse « , écrit Jed.
A ce jour, selon Jed, au moins une dizaine de médias sont frappés d’interdiction sur l’ensemble du pays. Au total, JED a documenté au moins 72 cas d’attaques diverses contre la presse et la liberté de l’information au cours de cette année.
Ces atteintes sont généralement ou majoritairement le fait des personnes détentrice d’une parcelle de pouvoir public, et qui abusent ainsi de leur pouvoir, en toute illégalité et en toute impunité.
Pour JED, derrière chaque attaque contre un journaliste ou un média, il y a une victime, et il y a un bourreau.
Par Godé Kalonji