Juste un mot si vous le permettez

Vendredi 6 mars 2015 - 09:18

II est des moments dans la vie d’une nation où certains principes cardinaux méritent d’être rappelés à certains de ses filles et fils, bien souvent aveuglés par des ambitions ou parfois même dépassés par les événements.
C’est le cas des principes du respect mutuel, du respect des règles du jeu démocratique, du respect de la Constitution, et du respect des Institutions établies

1°. Respect mutuel
Je pense qu’en politique comme en toute chose, la règle de base c’est avant tout le respect mutuel entre interlocuteurs, entre acteurs politiques, entre camps politiques, chacun jouant bien entendu le rôle qui lui revient.
Les insultes, les invectives, les diffamations, des attaques ad hominem ne doivent avoir aucune place dans un débat démocratique.
Notre démocratie a besoin d’enrayer la spirale des conflits où certains acteurs mal inspirés viennent chercher une tribune et y abandonnent leur crédit.
On peut s’opposer et se respecter en même temps. Quand on ne respecte pas son adversaire, on ne se respecte pas soi-même.
Et un homme politique qui ne se respecte pas, soi-même n’est pas digne d’être responsable au sein de la société.

2°. Respect des règles démocratiques
Je pense qu’on ne peut vouloir en même temps une chose et son contraire. Ceci est un principe universel bien connu.
On ne peut pas prétendre être démocrate et ne pas soi-même être capable de respecter les principes que nous dicte la démocratie.
En démocratie, l’Opposition ne gouverne pas, elle ne décide pas, elle ne s’impose pas et elle n’empêche pas la Majorité de reformer conformément à son programme.
En démocratie, l’Opposition a un rôle tout à fait autre à jouer et qui est non moins important que celui de la Majorité. Ce rôle c’est la faculté de critiquer l’action du Gouvernement et surtout de proposer une vision alternative.
Depuis plusieurs années maintenant et surtout depuis les derniers événements relatifs au débat autour de la loi électorale, j’ai la nette impression que l’Opposition politique congolaise se trompe de vocation.
Elle ne critique plus l’action du Gouvernement. Sur tous les plans, on sent une absence de débat sur les initiatives économiques et sociales du Gouvernement. Est-ce par manque d’intérêt ou par absence d’un projet alternatif ? Doit-on aboutir à la conclusion selon laquelle le Gouvernement fait un " sans faute " ou plutôt que le vécu quotidien du peuple n’intéresse nullement les opposants qui ont totalement l’esprit tourné vers les élections, moyens d’accès aux postes de responsabilité, et leurs intérêts partisans.
En lieu et place de la critique, elle conteste, elle menace, elle agite le chiffon rouge et au finish, évoque le Burkina-Faso, la Libye ou encore la Centrafrique.
Les élections, que nous aimons tant exiger nuits et jours, ne doivent pas être considérées comme une séquence ponctuelle de course aux responsabilités d’Etat, mais plutôt comme une étape d’un processus devant aboutir à la responsabilisation de celles et ceux qui, durant une période déterminée, disposeront de la faculté d’agir au nom de toute la nation. Laissant aux perdants uniquement celle de la critique et de la proposition, en attendant les échéances suivantes. Ainsi va la démocratie. Un vrai partenariat républicain qui devant exister impérativement sous forme de Pacte.
Si ce pacte venait à se briser, si certains ne jouent pas le jeu démocratique par impatience ou par mauvaise foi, c’est l’embrasement et le blocage pouvant déboucher à la guerre dite " civile ", chaque courant politique disposant forcément d’une portion du Peuple qu’il peut manipuler.

3° Le respect de la Constitution
Je pense que s’il est une chose qui doit nous mettre tous d’accord, c’est bien le respect de la Constitution. Ceci ne se négocie pas.
Il est d’autant plus choquant d’enregistrer une violation de la Constitution de la part de celles et ceux qui, en permanence, en exigent le respect aux autres.
La Constitution de la République consacre, et c’est tant mieux, l’indépendance de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).
Ou on veut donner du contenu au mot " indépendance " ou on veut tout simplement marcher dessus.
Autant on peut comprendre qu’un cadre de Concertation existe entre la CENI et les partis politiques, autant il est inacceptable d’admettre que ces derniers puissent dicter à la CENt ce qu’elle doit faire.
Ceux qui hier, ont exigé la publication rapide du calendrier électoral global doivent plutôt désormais mettre la pression sur le Gouvernement afin que tous les moyens soient mis à la disposition de la CENI en vue du respect du calendrier.
Il me paraît donc tout à fait ubuesque qu’après la publication du calendrier électoral global par la CENI, qu’un courant politique puisse entreprendre des démarches tendant à la remise en question du calendrier s’imposant à tous et en proposer un autre calendrier plus conforme à son goût et à ses ambitions.
Si chaque courant politique devait en faire autant, on partirait alors pour la gloire.
Je désapprouve donc cette façon d’agir. La scène des hommes politiques, "compétiteurs électoraux" dans le mur de l’arbitre CENI, entrain de dicter leurs vues est une scène malheureuse qui n’honore nullement notre classe politique et notre démocratie.
Nul autre consensus ne doit nous mettre d’accord si ce n’est le respect de la Constitution. Et il me semble que la CENI en a amplement tenu compte.
J’ai noté, en passant, la confusion que certains entretiennent entre la date de la convocation de l’élection présidentielle, devant avoir lieu 3 mois avant la fin du mandat présidentiel et la date de l’élection présidentielle qui sont deux moments différents.
J’encourage, à cet effet, la CENI à entreprendre une série d’actions de vulgarisation pédagogique car, tout compte fait, la société congolaise est encore à l’" école primaire " en matière électorale.
Aux femmes et hommes politiques, je leur suggère de mener la seule bataille qui puisse valoir véritablement, celle pour le triomphe de l’intérêt général. Je suis d’avis que chacun doit désormais se préparer aux élections dans un esprit républicain panoptique et positif.
Créer des cellules de réflexions sur l’avenir de la République Démocratique du Congo, sa place en Afrique et dans le monde, les questions de l’essor de notre économie, du redressement de nos tissus sociaux, l’avenir de notre système éducatif, la recherche scientifique dans notre pays, les défis écologiques de l’heure, la problématique sanitaire en RDC, la préservation de Paix, la sécurité des congolais, l’état de la justice, ... bref, autant des sujets qui doivent nous interpeller et occuper nos esprits de manière permanente. A suivre.

* Le titre et le chapeau
sont de Forum des As