Kabila et Katumbi, politiquement irréconciliables

Lundi 29 décembre 2014 - 12:22

La méga bombe sur la métaphore des faux penalties qui faisait allusion à la triche de Kabila lors des précédents scrutins présidentiels, larguée par le populaire Gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, a touché le cœur de la Kabilie. Joseph Kabila, de source sure n’a pas du tout apprécié. Il rumine sa colère le temps de tendre un piège à Katumbi.La déclaration du président du Tout-Puissant Mazembe faite lors de son retour triomphal a ébranlé le système kabiliste qui ne sait plus où donner de la tête. Les éclats de la bombe Katumbi ont touché jusqu’au chef de l’Etat, présent à Lubumbashi, qui n’a eu d’autres choix que se replier dans sa ferme de Kundelungu à quelques kilomètres de la capitale cuprifère. N’ayant pas vu venir cette attaque à l’arme lourde de Katumbi, la Kabilie commence à réagir mais comme à l’époque de Kamerhe avec des insultes et des insinuations abjectes. Comme d’habitude, cette sale besogne revient à la RTNC et à un pseudo journaliste, le propagandiste Lushima. Ce dernier a offert un temps d’antenne au sulfureux Pasteur MakoloKotambola. Ils ont essayé de décrédibiliser Moïse Katumbi et d’encenser Kabila. Peine perdue, l’opinion n’est plus dupe ! Leur manipulation a suscité indignation et mépris. Quant à Katumbi, il a réagi avec sérénité par la diffusion dans certaines télévisions de la capitale d’un documentaire qui retrace son parcours notamment en Zambie où il a fait fortune dans les années 90 avec ses activités de minoterie, de transport, de la grande distribution, de poissonnerie et dans l’immobilier. La rhétorique des courtisans kabilistes voulait le présenter comme quelqu’un qui s’est enrichi grâce au poste de gouverneur du Katanga qu’il occupe depuis 2007. Les attaques ad hominem qui commencent contre Moïse Katumbi en disent long sur les rapports avec Joseph Kabila. Exécrables c’est peu dire ! Il est clair que Joseph Kabila doit composer avec Moïse Katumbi plus comme son partenaire. Kabila n’a pas le choix. Lui qui ne contrôle plus rien au Katanga si ce n’est les services de sécurité. Sur le plan politique, même l’assemblée provinciale est acquise au gouverneur si bien qu’il sera difficile de l’évincer de la tête de la province du Katanga. La dissidence de Katumbi, saluée par beaucoup, est différente à celle de Kamerhe car l’ancien président de l’Assemblée nationale n’avait pas la majorité au Parlement. Moïse Katumbi lui, a affaibli Kabila dans son fief présumé. Et plusieurs leaders Katangais de premier plan ont choisi Moïse Katumbi au détriment de Kabila. C’est le cas de Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, le président de l’Assemblée nationale, leader de la puissante ethnie des balubakat. Tous les leaders des autres communautés notamment les Rund, les Sanga et les Chokwe, ont fait allégeance à Katumbi. Moïse Katumbi s’avère être un très bon stratège face à la brutalité et la vulgarité de ses adversaires, il met en exergue son bilan, ses actions et sa popularité. En sa qualité de Gouveneur il a d’ailleurs inauguré un pont à Lubumbashi. Quoi qu’il en soit Katumbi n’a pas besoin de ce poste pour exister. Il avait déjà en 2011 fait part de son intention de se retirer de la politique mais c’est la population Katangaise par millions qui lui avait demandé de sursoir à sa décision. Une chose est cependant sure la dissidence de Moïse Katumbi vient de changer la donne politique dans la perspective de la présidentielle de 2016. Ce qui a fait dire à Olivier Kamitatu sur Twitter que le PPRD doit gérer les ambitions de ses membres. En tous les cas c’est à Kabila de lâcher du lest car dans sa famille politique il n’y a pas que de tapettes. La politique n’est-elle pas dynamique ?