L’Union des syndicats des professionnels de la presse d’Afrique Centrale (USYPAC) et la Fondation Friedrich Ebert Stiftung organisent à Kinshasa l’atelier sous-régional des journalistes d’Afrique Centrale, en vue d’adopter des résolutions et des recommandations susceptibles de contribuer à des élections apaisées pour le développement de la sous-région.
Lundi 22 juin, s’est ouvert à l’hôtel Africana Palace de Kinshasa/Lingwala l’atelier sous-régional des journalistes d’Afrique Centrale, organisé l’Union des syndicats des professionnels de la presse d’Afrique Centrale (USYPAC) et la Fondation Friedrich Ebert Stiftung.
Programmée pour les 22 et 23 juin 2015, cette activité est marquée par plusieurs exposés portant sur « Etat des lieux sur le processus électoral dans les pays d’Afrique centrale », « Les élections en Afrique centrale : état des lieux, défis et perspectives », « Les élections, vecteur de développement des communautés en Afrique Centrale ? ».
« Elections libres et transparentes : quel rôle pour les médias indépendants ? Comment les médias surveillent-ils les élections ? », « Le rôle du CSAC (Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication) pour une bonne couverture médiatique des élections en RDC sont les autres exposés programmés.
Le tout sera clôturé par l’adoption des résolutions et des recommandations pour finir par l’adoption de la Déclaration de Kinshasa.
Au cours de la première journée, il y a eu le mot de bienvenue du président de l’UNPC, Kasonga Tshilunde, les allocutions de la représentante résidente de la FES, Mme Susanne Stollreiter, du président de l’USYPAC Stanis Nkundiye et du président du CSAC, Tito Ndombi, qui a ouvert les travaux.
Dans son mot, Stanis Nkundiye, également secrétaire général du Syndicat national des professionnels de la presse (SNPP), a d’abord remercié la Fondation Friedrich Ebert (FES) qui a accepté de financer ces assises.
Il a aussi adressé des remerciements au gouvernement congolais pour avoir autorisé cette rencontre en accordant, avec diligence, le visa d'entrée aux journalistes venus de six pays de la sous-région d'Afrique Centrale, notamment du Cameroun, du Congo, de la Guinée Equatoriale, de la République Centrafricaine, de Sao Tomé & Principe et enfin du Tchad.
Ses remerciements sont allés enfin au président du CSAC qui, en dépit du deuil qui a frappé l'autorité de régulation, a accepté de donner à sa structure un peu de son temps en présidant cette cérémonie.
Il a rappelé que l'USYPAC se réunit pour la deuxième fois à Kinshasa, soulignant qu’ils se sont retrouvé en septembre 2012 à Kabinda Center autour du thème « 20 ans après la Déclaration de Windhoek, quel avenir pour la presse en Afrique Centrale? ».
Cette fois, a-t-il fait savoir, l’USYPAC a proposé aux participants de discuter du thème « Médias, Elections et Développement en Afrique Centrale ».
Journalistes, gardiens du temple
Il a fait remarquer que tous les acteurs impliqués dans le processus des élections reconnaissent le rôle essentiel et incontournable que jouent les médias avant, pendant et après les élections. Ces derniers étant considérés comme les « gardiens du temple».
« Au moment où les promoteurs des médias, surtout audiovisuels, se tirent les cheveux en se demandant à quelle porter frapper pour ne pas être emporté par la migration vers le numérique, au moment où beaucoup de médias mettent la clé sous le paillasson à cause de la crise financière qui n'épargne personne, comment les pouvoirs publics soutiennent-ils la presse pour que, sans aliéner son indépendance, elle arrive à rendre service aux citoyens par la diffusion d'une information vérifiée, crédible et objective? », s’est interrogé Stanis Nkundiye.
En fait, a-t-il relevé, « sans nous voiler la face, la question qui se pose à nous est celle de savoir si les médias d'Afrique Centrale, connus pour leur pauvreté notoire, ont les moyens d'être véritablement ce gardien du temple, l'œil du peuple dans le déroulement du processus électoral ».
Et d’égrener une série d’interrogations : « Les élections ont-elles aidé l'Afrique en général et l'espace CEEAC en particulier à sortir la tête de l'eau et à juguler le sous-développement? Ont-elles favorisé l'intégration des peuples et une juste répartition du revenu national ? Ou, au contraire, ne sont-elles pas à l'origine de la création de nouveaux riches et la disparition de la classe moyenne? Ont-elles permis d'endiguer les fléaux tels que le clientélisme, le tribalisme, la corruption, et l'impunité? Ont-elles contribué efficacement à la promotion des droits de l'homme? En définitive, les élections favorisent-elles l'éclosion de la démocratie et du développement dans un espace où tous les pays, à quelques exceptions près, portent le titre peu glorieux de PPTE, c'est-à-dire Pays pauvre très endetté.
C'est à ces questions que l'atelier tentera d'apporter des éclairages ? ».
Stanis Nkundiye a fait remarquer que l'Afrique centrale est en ébullition. Il a noté qu’« en 2016, les pays suivants organiseront des élections présidentielles: RDC, Congo, Tchad, Guinée Equatoriale, Gabon et probablement la RCA ».
« Si, en RDC, le débat sur la révision constitutionnelle est clos, il est d'actualité et virulent dans beaucoup de pays notamment au Congo, au Burundi, au Rwanda et ailleurs. Dans d'autres comme la RCA, la Guinée Equatoriale, c'est encore l'incertitude sur le processus démocratique. Tout peut arriver et remettre les compteurs à zéro », a-t-il indiqué.
En fin de compte, a-t-il conclu, « depuis le lancement du processus démocratique en 1990, seul un pays de l'espace CEEAC a connu l'alternance démocratique et le changement de majorité, c'est Sao Tomé et Principe. C'est un indicateur important qui renseigne sur les défis à relever dans la sous-région. Puisse cet atelier contribuer à promouvoir un nouveau départ pour l'Afrique Centrale ».