Les États africains, qui sont loin d’être de gros pollueurs, ont besoin de fonds pour lutter contre le changement climatique, et vite. La France leur a promis des financements, qui avaient déjà été annoncé en septembre 2015.
Le 1er décembre 2015, François Hollande a présidé un sommet intitulé « Défi climatique et solutions africaines » à l’occasion de la COP 21.
Outre le président français et le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, les dirigeants de douze États africains, la présidente de la Commission de l’Union africaine et les représentants de plusieurs organisations internationales, comme la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, ont participé à ce mini-sommet.
François Hollande a déclaré espérer que la COP 21 permette « la réalisation de projets concrets en Afrique, facilite l’adoption d’un modèle de développement plus sobre en carbone et accompagne l’adaptation au dérèglement climatique observé sur le continent ».
Face aux chefs d’État africains, le président français a répété l’engagement de la France, qui financera des projets d’énergie renouvelable en Afrique à hauteur de 2 milliards d’euros entre 2016 et 2020. Ce montant représente une hausse de 50 % des aides accordées à l’Afrique par la France ces cinq dernières années.
Il a souligné que ces financements devraient être mobilisés le plus rapidement possible, comme le souhaitent les pays africains. Avant le début de la COP 21, la Banque mondiale avait annoncé un plan d’action de 15 milliards d’euros pour aider l’Afrique à lutter contre les effets du changement climatique.
Un signal qui se veut positif, même si Oxfam ne tarde pas à remettre ces annonces dans leur contexte.
« Pour autant, il ne s’agit pas de nouveaux financements mais de la mise en œuvre de ce qui a déjà été annoncé lors de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre », rappelle ainsi Romain Benicchio, porte-parole d’Oxfam France. « Malheureusement, pour l’instant les engagements financiers pris par la France dans le cadre de son Plan de Loi de Finance 2016 sont loin de refléter ces annonces. »
Les promesses de la France sont de fait encore loin de ce qui est prévu dans le projet d’accord pour la COP 21, qui prévoit au moins 28 milliards d’euros d’aide à l’adaptation pour les populations les plus vulnérables d’ici 2020.
Pour Oxfam, la taxe sur les transactions financières (TTF), est « la meilleure opportunité pour la France et ses partenaires européens de générer des fonds additionnels significatifs à même de répondre à ce défi, et d’apparaître comme crédible sur la question des financements climats vis-à-vis des États, notamment africains, présents à la COP 21 ».
Un continent très vulnérable
L’Afrique n’émet que 4 % des gaz à effet de serre de la planète, mais est d’ores et déjà extrêmement touchée par le réchauffement climatique, qui entraine notamment une désertification du continent.
Sur ce continent de plus d’un milliard d’habitants, plus de 600 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité. L’une des priorités est donc de mettre en place des projets à grande échelle qui permettront aux habitants de bénéficier de l’électricité en produisant le moins de gaz à effet de serre possible.
C’est l’objectif de l’Initiative africaine sur les Énergies Renouvelables, portée par l’Union africaine et dont les projets pourraient bénéficier de financements français.
Autre priorité : enrayer la désertification. Les zones désertiques s’étendent de plus en plus, poussant nombre d’Africains à quitter leurs terres, qui ne peuvent plus les nourrir. Au niveau régional, la désertification entraine l’augmentation du nombre de déplacés climatique, mais menace également les activités d’environ 65 % des agriculteurs et devrait faire grimper les prix des aliments.
Plusieurs projets ont été lancés dans le but d’entraver ce phénomène, comme la grande muraille verte. Ce projet est apparu en 2002 lors d’un sommet sur la lutte contre la désertification qui se déroulait au Tchad.
L’idée principale est de créer une barrière d’arbres au sud du Sahara, afin d’entraver l’avancée du désert. Ce projet, soutenu par l’Union africaine, a toutefois besoin de plus de financements pour pouvoir se développer davantage.
Climat et anti-terrorisme
Le mini-sommet devrait se pencher tout particulièrement sur la préservation du lac Tchad (photo). Un exemple qui n’est pas pris au hasard, puisque la lutte contre le réchauffement climatique rejoint ici la lutte contre le terrorisme.
« Quand on parle du lac Tchad, on parle Boko Haram », a expliqué à RFI une source à l’Élysée. « Nous luttons contre ce groupe militairement mais il faut penser à l’après, en développant ces territoires. »
La pauvreté qui résulte de la désertification pousse en effet des jeunes à s’enrôler, ou les empêche d’échapper au groupe islamiste terroriste qui sévit dans la région.