(KINSHASA)- A peine libre, Jean Bertrand Ewanga, le secrétaire général de l’Union pour la nation congolaise, décrit les conditions carcérales à la prison centrale de Makala qu’il qualifie de mouroir. ‘‘ Makala est un mouroir d’où on n’est jamais sûr de sortir vivant ou indemne’’, affirme l’opposant. Il a déploré la situation dans
lesquelles vivent les prisonniers. Des pratiques révolues comme la torture, la sodomie sont encore courantes dans cette maison carcérale. A cela s’ajoutent, des cas de traitement inhumains et dégradants, gronde Ewanga. ‘‘J’ai été confronté aux réalités dures et mêmes révoltantes de cette prison. Je me suis parfois demandé si le gouvernement était conscient du rôle d’une prison’’, a-t-il insisté. Pour lui, les douze mois passés à Makala lui ont permis de pénétrer les arcanes de la justice congolaise gangrenée par l’arbitraire et la corruption. Et Ewanga de conclure qu’à Makala, l’être humain n’a aucune valeur. L’opposant s’indigne que l’Etat ne prête la moindre attention à cette prison. De nombreux innocents, des oubliés de justice sont maintenus en détention, juste soit par ‘‘la volonté
délibérée d’un individu ou d’un groupe d’individus’’.
Le secrétaire général de l’Unc a constaté qu’il y a des personnes condamnées à la place des autres, des personnes amnistiées par ordonnance présidentielle mais maintenues en prison par décision des gens se réclamant du pouvoir. Autre anomalie qu’il a décriée, c’est la gestion de la dite prison. L’élu de Mbandaka note que l’administration de la prison est confiée ‘‘aux bandits ‘‘Kuluna’’ ou aux prisonniers militaires qui perçoivent indument des redevances hebdomadaires auprès des occupants’’. Pour quitter le pavillon, dit-il, et avoir une place au pavillon, le gouverneur du pavillon vous somme de payer entre 20 et 100 dollars américains, selon le cas. A défaut de s’exécuter, déplore Jean Bertrand Ewanga, les services vont vous contraindre d’aller vidanger et déboucher les installations hygiéniques. ‘‘Ils le font à mains nues, sont exposées ainsi à diverses maladies notamment la tuberculose, la typhoïde, l’amibiase, les infections sexuellement transmissibles ainsi que les maladies de la peau sale. Avec tous les risques que cela comporte’’, ralle Ewanga. La prison de Makala a été construite pour 1500 personnes mais aujourd’hui elle abrite 7 mille personnes. M. Ewanga n’a pas manqué d’exprimer sa compassion aux autres détenus leaders de l’opposition qui continuent à croupir injustement en prison. ‘‘Je pense plus particulièrement aux nombreux compatriotes, victimes d’injustices sans nombre, condamnés par le régime à croupir sans raison et sans jugement en prison et qui espèrent un jour recouvrer la liberté par le combat que nous menons tous. Il s’agit de mes camarades des cellules Eugène Diomi Ndongala, Vano Kiboko, Jean Claude Muyambo, Christopher Ngoyi, Cyrille Doee Mupapa, Yves Makwambala, Fred Bauma et Godefroid Muanabuato’’, a-t-il
déclaré.