La province du Nord-Kivu dans la tourmente:Qui peut sauver Beni ?

Vendredi 15 mai 2015 - 11:24

Au moins 23 personnes tuées à coup de machettes

Les massacres à la machette de la population sont devenues monnaie courantes à Beni, au Nord-Kivu. Les violences s’intensifient à chaque attaque dont les auteurs seraient les rebelles ougandais ADF Nalu qui terrorisent la population dans cette partie de la province du Nord-Kivu.

Transformé en un mouroir, Beni compte chaque jour ses morts ; En effet, un massacre de civils a été perpétré dans la nuit du mardi 11 au mercredi 12 mai 2015 par des hommes armés à Mapiki et Sabu, deux villages du secteur de Beni-Mbau situés à près de 30 Kilomètres au nord-ouest de la ville de Beni.

Selon la société civile, une vingtaine de personnes ont été tuées à la machette. A en croire la société civile, c’est aux environs de 19 heures locales mardi, que des hommes armés ont fait une incursion à Mapiki et Sabu. Selon cette source, les assaillants ont découpé à la hache et à la machette plusieurs habitants, causant la mort d’une vingtaine d’entre eux.

Sept civils ont ainsi été tués à Mapiki et quinze à Sabu, selon un bilan livré par Teddy Kataliko, président de la société civile du territoire de Beni.

Jeudi matin, un grand nombre d’habitants s’est dirigé vers la morgue d’Oïcha pour vérifier si un ressortissant de leur coin figure parmi les victimes de la nuit dernière.

L’administrateur du territoire de Beni, Amisi Kalonda, confirme ce nouveau massacre. Mais il précise que jusque-là, seule une dizaine de corps ont été retrouvés par les services de sécurité dépêchés sur les lieux.

Amisi Kalonda a appelé les populations de sa juridiction à quitter rapidement les zones reculées et à se rapprocher des positions des Forces Armées de la RDC.

Signal fort à Boshab

Ces nouvelles tueries interviennent moins de 24 heures après le séjour du vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur à Beni, Evariste Boshab, qui était en mission d’évaluation de la situation sécuritaire dans ce territoire.

A la fin de sa mission mercredi à Beni, le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur a appelé la population locale à la vigilance pour faire obstacle aux groupes armés qui endeuillent les familles de cette partie du Nord-Kivu.

Sur place à Beni, la société civile locale suggère la signature d’une feuille de route conjointe avec le gouvernement en vue d’assurer la protection des civils dans ces entités.

La proposition d’un cahier des charges sur la question a été présentée mercredi par la société civile à Evariste Boshab lors de ses rencontres avec les forces sociales locales de Beni.

Paralysie totale

Le mot d’ordre des journées villes mortes lancé par la société civile de Beni, pour protester contre l’insécurité a été suivi.

A en croire les témoignages, le marché central Kilokwa et les commerces dans la ville n’ont pas ouvert malgré l’appel à la reprise d’activités lancé mercredi par le gouverneur Julien Paluku.

À Beni, « tout a été fermé » pour le troisième jour de suite, a affirmé Gilbert Kambale, un des instigateurs du mouvement « ville morte » lancé lundi.

« Les populations de Oicha et de Butembo ont emboîté le pas » en rejoignant la contestation, a ajouté Gilbert Kambale.

À Butembo, « tout a été fermé », selon Joseph Paluku, directeur d’une école secondaire.
A Oicha, l’activité économique a été paralysée, selon Jean-Paul Ngahangondi, un responsable de la société civile locale.

En fait, dans les différentes agglomérations au Nord de la province, les habitants ont observé la ville morte pour compatir avec la population victime de Beni et exprimer leur consternation face à ces massacres récurrents.

Toutes les activités sont restées paralysées et plusieurs familles continuent de se déplacer pour se réfugier vers la cité et la ville de Beni.

D’autre part, dans la localité de Bunyatenge, c’est le troisième jour, ce jeudi, qu’il a été constaté un arrêt des enseignements dans les écoles catholiques. Toutes les activités socio-économiques sont à l’arrêt.

Exaspérés par une nouvelle tuerie ayant fait plusieurs morts, de centaines d’habitants sont descendus dans les rues de Beni mardi en scandant des slogans hostiles à l’armée, au gouvernement ou au président Joseph Kabila.

Par Godé Kalonji Mukendi