La Référence : une expérience inédite

Vendredi 3 avril 2015 - 12:51

Dès lors qu’un individu prend conscience que les lois qui régissent sa société sont injustes et arbitraires, il a le devoir de se révolter et de les combattre “. Cette citation combien profonde et combien significative de Mohandas Karamchand Ghandi que ‘on trouve au fronton de la Référence semble avoir été le leitmotiv de la démarche conjointe de MM. André Ipakala Abeiye Mobiko et Félix Kabwizi Baluku auxquels s’est joint celui que nous appelions Papa Lisongo Bonkiso ».

En ces années 90, la société zaïroise s’était en pleine déliquescence. Dans tous ses compartiments cela s’entend. Rien, en effet, ne marchait. Le Président Mobutu lui- même en avait pris conscience. Mais rien n’y fit. Les tentatives de récupération, par lui, des conclusions des concertations nationales qu’il avait initiées (16 janvier - 21 avril 1990) et qui ont produit 6.128 mémos; les hésitations sur la mise en route effective de la Conférence nationale ; la querelle sémantique au sujet de sa constitutionnalité, légalisé ou souveraineté ; la montée en puissance d’une opposition de plis en plus agressive assagie par les forfaitures infligées aux” 13 parlementaires “. Voilà autant d’ingrédients qui sous-tendaient cette déliquescence.

La pensée unique et le dirigisme sont une forme d’oppression. Une oppression qui, dans le cas d’espèce, se traduisait aussi par cette espèce de journalisme infantilisant qui n’émettait qu’un seul son de cloche, lequel ne pouvait être rendu que par des bouches et des plumes macérées aux harnais extrémistes. Une oppression à laquelle il fallait coûte que coûte résister. Sinon combat.tre. Un ancien, Ngenadia Onken a traduit cette servilité n ces termes dans un des out premiers numéros de La Référence : « La culpabilité du journaliste zaïrois de la IIème République provient du ait qu’il a su se compromettre en acceptant de travailler pour la désinformation de la population et en accordant son appui indéfectible à une cause qui se révèle être à la base de l’appauvrissement total de la population ».

L’Info qui libère

S’opposer, combattre, mais pour proposer quoi à la place ? C’est deux années plus tard que Nda Y’Aband, de son vrai nom Godefroid Bwiti Lumisa, le tout premier de Directeur de la Rédaction trouvera une formule qui traduise au mieux la pensée des initiateurs. “ L’info qui libère“. Qui, il fallait désormais un journalisme de référence et une information qui libère ».

Ainsi donc, la farouche volonté libératrice de Kabwizi, Ipakala et Lisongo va se matérialiser de la façon la plus remarquable. André Ipakala va actionner son portefeuille de relations et d’affaires. Et, déjà, au numéro 00 du tout premier Magazine, des annonceurs vont se bousculer au portillon pour des souscriptions d’espaces. C’est donc le départ d’une aventure prometteuse d’autant qu’au niveau de la Rédaction, Félix Kabwizi, le Directeur de Publication a puisé dans le meilleur de la 10ème promotion de l’ISTI (institut Supérieur des Sciences et Techniques de l‘Information), aujourd’hui IFASIC. La Rédaction de la Référence était donc la seule à ne regorger que des professionnels formés à l’école de journalisme. Avec le temps, elle s’est ouverte à des compétences d’ailleurs de divers domaines.

La Référence est un groupe qui porte bien son nom. Ou qui portait bien son nom. En ces années-là, des informations fouillées, vérifiées et diversifiées, c’était La Référence, Des analyses et enquêtes de fond, c’est ici et nulle part ailleurs. Le seul canard à se prévaloir d’une couverture nationale. La Référence e non seulement des représentations sur l’ensemble du territoire national, elle compte en plus toute une rédaction provinciale basée à Kisangani en Province Orientale. Elle se situe aux avants garde des innovations et de créativité avec sa page an- glaise, son édition dominicale et sa présence à l’étranger. A telle enseigne que tous les instituts sérieux de sondages dont les services de l’Eglise du Christ (au .Congo) la plaçaient toujours en tête des hits parades. Un sondé avait ces mots aimables et foncières vrais : « Une journée sans La Référence Plus constitue un déficit informationnel majeurs aux membres du gouvernement, au corps diplomatique, aux expatriés, au personnel de la MONUC, aux cadrés d’entreprises et à ceux de petites et moyennes entreprises, aux membres de la société civile, aux responsables des partis politiques, … ».

Un parcours sans pluriel et innovant

Fondée en copropriété comme ci-haut dit, le premier numéro de La Référence Magazine paraît le 02 avril 1990 sous format Magazine. Avec ne couverture quadrichromie. Cette parution est mensuelle. Cependant, à la demande de nombreux lecteurs qui tiennent à ne pas se sevrer, un mois durant, du type d’infos qu’on ne retrouvait qu’à La Référence, il a été décidé mettre sur pied un tabloïd qui servirait en quelque sorte de supplément au Magazine. C’est donc en août 1991 que le premier numéro du tabloïd sortira des presses sous le nom de “ La Référence Plus ». De 1991 à 1993, La Référence Plus paraître successivement comme bihebdomadaire, trihebdomadaire et quadrihebdomadaire avant de devenir quotidien en 1997 avec un tirage de 20.000 exemplaires.

Le grand succès révolté par la Référence Plus a, quelque peu, refroidi les ardeurs du Magazine. Mais après ce petit moment de léthargie, les deux parutions ont repris de plus belle. Mensuelle pour le Magazine, quotidien pour le tabloïd, hebdo pour la Dominicale. Entretemps, le Groupe de Presse s’est doté d’une imprimerie offset.

Avec ses supports diversifiés, La Référence e accompagné le pays dans sort parcours tortueux, sans toutefois oublier les grands événements de la planète. La Référence Plus a vu couler les larmes du Maréchal Mobutu le 24 avril à N’Sele. La Référence Plus e été surprise du retour à la tête du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR) à de celui, qui quelques jours plus tôt, se disait” arbitre au-dessus de la mêlée “. La Référence a assisté à la création des partis politiques sortis, pour la plupart, des entrailles du MPR. Elle a palpé les soubresauts de la naissance de la Conférence Nationale. Elle était là au Palais de Marbre quand un certain Abdoulaye Wade distillait son injure pédagogique aux opérateurs politiques zaïrois. La Référence e couvert les hauts et les bas de la parenthèse AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo).

Avec responsabilité, La Référence a déploré l’effritement de la nation avec la création des républiquettes nées de différentes rebellions. A l’odieux assassinat du Président Laurent-Désiré Kabila. Elle était à Sun City au Dialogue Inter Congolais. Elle a accompagné l’inédite formule 1+4 pour autant qu’elle conjurait la conflictualité au sommet de l’Etat. Les 33 candidats à l’élection présidentielle de 2006 ont côtoyés les colonnes de notre journal. Et même ceux sont venus en 2011.

Pas que forcément amer

Les supports du Groupe de Presse La Référence n’ont pas que fait état de ce qui attriste. Dans cet océan d’obscurité, La Référence a perçu quelques lueurs. C’est le cas des espoirs certains sur le retour d’une paix définitive à l’Est où les principales rébellions ont été mâtées. De la mise en place et du fonctionnement effectif des institutions nationales. La visite, dans ses installations, de certains ambassadeurs, chefs des missions, administrateurs des sociétés et personnalités de la société civile dans le cadre de sa rubrique « Invité du journal “. Si au niveau politique les gesticulations situationnistes s’incrustent davantage et dangereusement dans les mœurs, sur le plan économique et socioculturel. La Référence e couvert la (re)neissance du Franc congolais. Le Programme Intérimaire Renforcé a conduit à la stabilisation de la monnaie, du taux de change à l’allègement de la dette due au Club de Paris. La Référence a rendu compte des activités de tous les gouvernements qui se sont succédé, depuis. Elle na pas arrêté de multiplier des articles sur le travail particulier qu’abat le Premier ministre Matata Ponyo. La Référence est témoin privilégié des transformations qui s’opèrent positivement au pays.

Il est vrai que la crise est aussi passée par ici. Mais La Référence ne faiblit pas dans sa mission de faire davantage. Principalement maintenant qu’elle a franchi son quart de siècle de vie. C’est d’ailleurs le sens de la nouvelle orientation qui va faire qu’elle devienne essentiellement un média de la paix, de la démocratie, du développement durable, de la protection de l’environnement.

Par Théo Kimpanga