Le Camp Kamerhe s’oppose au dialogue !

Mercredi 3 décembre 2014 - 07:48

*Aussi surprenant que peut paraître le virage à 90° opéré par l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) de Vital Kamerhe qui décline désormais toute idée de dialogue politique avec le pouvoir, la nouvelle mérite bien  une analyse approfondie. Une telle prise de position lourde de conséquences n’a rien de spontané. Kamerhe calcule et fait avancer ses pions. C’est lui qui prend des initiatives avec une certaine longueur d’avance par rapport à ses collègues. Dans deux ans, se dit-il, l’actuelle législature arrive à terme. Kamerhe veut alors jouer sa chance au fond et prendre le chapeau qu’il convoite. Le dialogue politique, s’il est convoqué, ne sera pas bénéfique à l’Opposition, confie-t-il. Dans la mesure où ce dialogue pourrait déboucher sur une transition, coiffée par le Président Joseph Kabila, de deux ou trois ans. Par ailleurs,  Kamerhe a demandé à l’Udps d’oublier la bataille de la conquête de l’impérium de Tshisekedi, le Président Joseph Kabila ayant consommé trois années du mandat réclamé.

Le Bureau politique de l’UNC, qui s’est réuni le lundi 1er décembre courant, a cru dénicher un piège que leur aurait tendu le pouvoir avec la création et la mise sur pied de l’Office National de l’Identification de la Population (ONIP), dont la finalité est de procéder au recensement administratif et scientifique de la population. L’UNC trouve exorbitant le budget, 500 millions de dollars américains, dont a besoin l’ONIP pour s’acquitter de sa tâche. Pour Vital Kamerhe et son parti, ces masses importantes d’argent devraient plutôt servir à financer l’organisation de la présidentielle et des législatives dans le délai constitutionnel. Parallèlement, l’UNC estime que l’une des priorités est l’organisation des élections provinciales de façon à mettre fin à l’illégitimité des Assemblées provinciales, du Sénat et des Gouverneurs de provinces. Au nom de la continuité de l’Etat, le dénombrement de la population serait remis à plus tard. Rien n’urge, insiste Kamerhe.

L’Udps appelée à changer son  fusil d’épaule

La nouvelle ligne tracée par Vital Kamerhe sera-t-elle acceptée et suivie par ses collègues de l’Opposition politique, l’Udps en particulier ? Difficile à y répondre pour le moment. Néanmoins, Kamerhe a demandé à l’Udps d’oublier la bataille de la conquête de l’impérium de Tshisekedi, le Président Joseph Kabila ayant consommé trois années du mandat réclamé. Selon Vital Kamerhe, l’année 2016 sera hautement politique avec plusieurs scrutins. En principe, la convocation de l’élection présidentielle est prévue 90 jours avant l’expiration du mandat. Va-t-on l’entendre de cette oreille du côté des jusqu’au-boutistes de l’Udps, ceux-là mêmes qui donnent du fil à retordre au Secrétaire général Bruno Mavungu ? La pilule sera amère à avaler, à première vue. Parce que, jusque-là, l’Udps a fait de la conquête de l’impérium,  une question existentielle. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’Udps envoie ses combattants battre le macadam afin d’exiger la convocation du dialogue politique sans exclusive, sous une médiation internationale. Que de marches de protestation, toujours réprimées, n’ont pas été organisées par les Forces politiques et  sociales à Kinshasa ?  Quoi qu’il en soit, l’heure est venue où les acteurs politiques doivent se remettre à l’évidence et opérer des choix stratégiques, si et seulement si les opposants envisagent une alternance en 2016. Rien, au stade actuel, ne permet de penser que si des élections sont organisées dans les conditions actuelles, l’Opposition les gagnerait. Il n’est pas exclu que, dans les jours à venir, l’Opposition se déchire pour des problèmes d’égo. Une Opposition désunie, sans stratégie commune de conquête de pouvoir, ne ferait trembler  personne. Ainsi, plutôt que de s’asseoir et regarder venir les choses, l’Opposition ferait œuvre utile en s’organisant autour d’un programme commun, d’abord et, plus tard, d’un leader devant  incarner  ses principales aspirations.

La Pros.