Le Kongo central en proie à une insécurité grandissante

Lundi 10 août 2015 - 12:49

L’insécurité grandissante sévissant à travers toutes les grandes villes et grands centres de négoce de la province du Kongo Central depuis la deuxième quinzaine du mois de juillet dernier n’a pas laissé indifférentes les autorités policières de cette contrée de la République, qui tiennent à tout prix à l’anéantir.

En tout cas, il ne se passe plus un jour sans que l’on déplore çà et là des cas de vol, d’extorsion des biens…etc A tel enseigne que la population vit dans la peur, surtout lorsqu’on s’approche de la nuit.

Dans les villes de Matadi, Boma, Muanda, Mbanza-Ngungu et dans des grands centres tels que Kinzau-Vuete, Kwilu-Ngongo, Tshela…etc., on enregistre presque le même son de cloche.

C’est ce qui explique le déclenchement de l’opération » Kongo Central Kimya « , lancée le 31 juillet dernier à Matadi par le commissariat provincial de la police, à l’initiative du commissaire divisionnaire-adjoint, Philémon Patience Mushid Yahv, commandant provincial de la PNC/Kongo Central. Celle-ci, sans exception aucune, concerne toutes les garnisons de la police de cette province.

Elle a pour but de traquer les hors-la-loi jusqu’à leurs derniers retranchements, notamment par l’organisation des bouclages des quartiers. Des sources policières indiquent que les résultats jusque là enregistrés sont satisfaisants.

Ce qui fait la joie de l’ensemble de la population du Kongo Central, dont celle de Matadi, qui a assisté à l’arrestation de 38 jeunes gens habitant le quartier » Sans Loi « , pour la plupart des racketteurs, des voleurs à l’arme blanche, voire à l’arme de guerre, des vendeurs et consommateurs de chanvre…etc.

Interdiction aux motocyclistes de circuler après 22 heures

D’après Roger Nsinga, commissaire provincial-adjoint de la PNC/Kongo Central, ces racketteurs se faisaient parfois passer pour des motocyclistes, qui surprenaient leurs clients une fois arrivés la nuit à des endroits isolés et obscurs.

Le quartier Mbuzi, dans la commune de Mvuzi, a constitué la deuxième étape du bouclage que mène la police à Matadi. Aucun quartier ne sera épargné par cette opération, a encore laissé entendre le commissaire Roger Nsinga. Outre ces cas de banditisme, la ville de Matadi a également enregistré deux cas de meutre.

Il s’agit de celui d’un certain Nsimba Mavakala et celui d’un certain Nkoko Mvila, motocyclistes de leur état et habitant tous les deux la cellule Soyo 4, dans la commune de Matadi. Pour des futilités, les deux ont déclenché une bagarre qui, malheureusement, leur a couté la vie.

Ce drame s’est produit dans la nuit de dimanche 26 à lundi 27 juillet 2015. Aussitôt saisie, l’autorité urbaine a convoqué d’urgence une réunion du Conseil urbain de sécurité, à l’issue de laquelle un train de mesures sécuritaires ont été prises. Parmi lesquelles : l’interdiction formelle aux motocyclistes de circuler après 22 heures.

Boma, deuxième grande ville de cette province, se trouve elle aussi secoué par l’insécurité. Pour preuve, un vendeur des motos, dont le magasin se situe proche de l’hôtel » 1er Bassin « , dans la commune de Kalamu, a été visité nuitamment par une bande d’ » inciviques « .

Ces derniers ont tenté de le dépouiller de tous ces biens, mais sans succès. Et cela, grâce à la vigilance des jeunes gens du quartier qui veillaient au grain. Leurs cris et sifflements ont fait fuir ces malfrats.

Dans leur fuite, ils ont tiré en l’air, de peur qu’ils ne soient maitrisés et corrigés par la population en colère. C’était dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 août dernier. Un jour après, un autre groupe de bandits à mains armées composé de 8 personnes, toutes cagoulées, ont fait irruption dans la résidence d’un cambiste au quartier Kimbangu, dans la commune de Kalamu.

Après l’avoir menacé de mort, ils ont emporté respectivement une somme de 500.000 FC, un billet de 10 $ ainsi qu’un montant de 2.000 Kwanza. Enfin, au quartier Mvuangu, dans la commune de Nzadi, un boulanger s’est fait ravir tout l’argent d’une commande de pains qu’il détenait par des bandits. Cette situation, comme à Matadi, a fait l’objet d’une réunion du Conseil urbain de sécurité élargi, qu’a présidée Marie-Josée Niongo Nsuami, maire de cette ville.

D’importantes décisions y sont sorties. Notamment, la collaboration franche et sincère de la population avec la police et d’autres services de sécurité de la ville.

Vivre sous la hantise des délinquants

A la cité de Kwilu-Ngongo par contre, la population ne sait plus vaquer à ses occupations à des heures tardives. Ils vivent sous la hantise des délinquants qui y sèment panique et désolation. En l’espace d’une semaine, 17 personnes ont fait l’objet d’attaques de toute sorte de la part de ces hors-la- loi et quatre boutiques vidées de tous leur contenu au camp Manteke.

La population salue l’initiative prise par la police de lancer l’opération » Kongo Central Kymia » qui, çà et là, produit déjà ses effets.

La preuve est que le mercredi 5 août dernier, Philémon Patience Mushid Yahv a procédé à la présentation de deux groupes de bandits appréhendés grâce à cette opération. C’était dans l’enceinte du Commissariat provincial de la PNC/Kongo Central.

Serge Solomo alias » Toko Bika » aux arrêts

Le premier groupe est dirigé par un certain Serge Solomo alias » Toko Bika « . Ce dernier se faisait passer pour un député national de la circonscription électorale de la Funa. Lors de la fouille de leur chambre, conformément au mandat lui délivré par le Procureur Général près la Cour d’Appel de Matadi, la police a saisi entre leurs mains 2 faux diamants grosse pierre, 7 petites pierres de diamant, parmi lesquelles une bonne pierre, un appareil à tester les diamants et une Jeep Hummer, immatriculé 5331AQ 01.

Par ailleurs, avec son bataillon, le commissaire supérieur principal Joachim Kindu, commandant du commissariat urbain de Matadi a, quant à lui, mis la main sur 14 autres malfrats composant le second groupe de bandits présenté à la presse, parmi lesquels deux femmes.

Ces derniers sont tous vendeurs et consommateurs de chanvre au couloir » Chamukwale » à Matadi. Trois pantalons de tenue policière avec laquelle ils opéraient ont été également trouvés dans ce couloir pendant la fouille, a encore indiqué Joachim Kindu.

A noter que les deux groupes appréhendés ont été mis à la disposition de la justice, qui décidera sur leur sort. Mais en attendant, tous ont été déférés à la prison centrale de Matadi, où ils méditent sur leur sort.

Par Dieudonné Muaka Dimbi