Le MLC peut-il survivre à Jean-Pierre Bemba ?

Vendredi 3 juin 2016 - 12:23

Alors que l’on n’a pas encore séché les larmes du premier verdict rendu le 21 mars dernier par la Cour Pénale Internationale à charge de Jean-Pierre Bemba, voilà qu’il y a deux jours, une deuxième inculpation est tombée sur lui comme un couperet. Celle-ci est relative à l’affaire  de la subornation des témoins à décharge, découverte toujours lors des enquêtes concernant ce sale dossier des viols massifs, tueries, pillages et destructions méchantes perpétrés à Bangui par ses troupes.

Rappelons qu’en attendant le prononcé des peines lui infligées, Mme Fatou Bensouda, ci-devant Procureure près la Cour Pénale Internationale, avait rait un réquisitoire dans lequel elle réclamait pas moins de 25 ans de privation de liberté à charge du sénateur et président national du MLC.

Ainsi donc, au cas où le deuxième procès où J.P. Bemba comparait en compagnie d’autres co-accusés, entre autres Me Aimé Kilolo, son avocat principal, Mangenda et le député national Fidèle Babala, le reconnaissait tous coupable de cette infraction pénale, il y a lieu de mettre une croix sur la carrière politique du leader du MLC. Car, âgé aujourd’hui de 54 ans, une peine pouvant atteindre au minimum 30 ans vaudrait à notre compatriote une sorte de réclusion à perpétuité car il aura l’âge en ce moment-là 84 ans à sa sortie de prison. Sans pour
autant préjuger de son état de santé actuel, il y a fort à parier que cette peine lourde lui fermera la porte à un quelconque mandat électif pour espérer refaire sa carrière politique à n’importe quel niveau de
la course aux honneurs.

Or, connaissant la tradition non écrite de la vie politique congolaise, dès qu’un chef d’un parti disparait, ou en cas de crise interne, son mouvement ne lui survit tpas. Pour s’en convaincre, il suffit de relire l’histoire des grands partis politiques de ce pays depuis son avènement à la souveraineté internationale. La majorité des formations politiques sont attachées à leurs géniteurs jusqu’à être considérées comme des biens appartenant à la famille biologique qui nomme et révoque selon ses goûts et la tête du client.

Le plus souvent, ceux qui avaient pu s’attirer les faveurs du clan du géniteur en arrivent parfois à fonder plus tard un autre parti en ajoutant un qualificatif élogieux à la dénomination originelle pour contourner la loi. C’est ainsi que l’on se retrouve avec de nombreux partis portant la même dénomination à laquelle l’on a ajouté un adjectif pour faire la différence. D’où le RCD/ Libéral, le RCD/ Kis, le RCD/ Rénové, l’UDPS/ Kibassa, l’UDPS / Tshisekedi, le MNC/ Kalonji, le MNC/ Lumumba, le Cerea/ Kashamura, le Cerea/ Weregemere, etc.

En ce qui concerne particulièrement le MLC, avant même que le premier verdict ne tombe, il y avait déjà le MLC/ Libéral animé par Thomas Luhaka et en faveur duquel le ministère de l’ Intérieures n’avait pas tardé à délivrer un arrêté officiel. Combien y en aura-t-il si la deuxième chambre alourdissait la peine en y ajoutant celle relative à
cette affaire de la subornation des témoins ? Dieu seul le sait, prions pour notre compatriote et veillons.
F.M.