Le président doit sortir du silence

Mercredi 21 septembre 2016 - 07:00
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Les autorités congolaises seraient elles sourdes ? Autistes ? Enfermées dans leurs stratégies ou leurs stratagèmes? Depuis des mois, il suffisait d’interroger de simples citoyens pris au hasard, dans la capitale ou dans les villes de province, pour entendre le même son de cloche : attachés au respect d’une Constitution qu’ils ont adoptée par referendum à l’issue d’une guerre meurtrière, les Congolais refusent non seulement l’idée d’un report des élections, mais, pour le principe, la prolongation au pouvoir de l’actuel chef de l’Etat. Ingratitude ? Légalisme ? Il serait facile de se gausser de cet attachement au texte fondamental, de dire qu’ailleurs aussi, dans les autres pays d’Afrique, on viole sans scrupule les engagements pris, on s’accroche au pouvoir. Ces arguments n’ont pas de sens : ce que veulent les Congolais, c’est tout simplement le droit à l’alternance, au libre choix. Après 80 ans de colonisation, trois décennies de dictature mobutiste, quinze années de « kabilisme » qui se sont traduites par le début de la reconstruction du pays et un relatif apaisement mais aussi par le creusement des inégalités, les citoyens n’auraient ils pas le droit de prendre le risque du changement ? Le droit d’espérer et même celui de se tromper ? Les violences de ce 19 septembre étaient prévisibles, et on sait déjà que celles de décembre seront pires encore : ce n’est pas en silence, dans la résignation, que les Congolais permettront qu’ à la faveur d’arrangements politiques, leur constitution soit violée et il se trouvera toujours des politiciens pour les pousser à l’extrême. Il faut le rappeler : les acquis des quinze dernières années sont encore fragiles, la guerre rode toujours dans l’Est et ailleurs, les convoitises des prédateurs n’ont pas diminué. S’il veut désamorcer les périls qui s’accumulent et pourraient emporter son œuvre sinon sa personne, le président Kabila doit –enfin- s’exprimer. Parler clairement à son peuple, déterminer fermement les prochaines échéances et dire par quelle porte il veut quitter le pouvoir

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