Le prof. Shomba aborde les évolutions de l’enquête sur la violence, la pauvreté et des discriminationsurbaines en RDC

Mercredi 14 octobre 2015 - 13:08

En sa qualité de coordonnateur d’un projet important

Le professeur Sylvain ShombaKinyamba est le coordonnateur du projet « Nature et acteurs de la violence, de la pauvreté et des discriminations urbaines en RDC», lancé en novembre 2013 et quiarrive bientôt à son terme.Il a fixé, à cet effet, l’opinion publique sur les évolutions enregistrées dans les enquêtes en cours deréalisation dans le cadre de ce projet.

Ces enquêtes ont été menées par deux Centres de recherche parrainés par l’Université de Kinshasa, à savoirla Chaire de dynamique Sociale « CDS » et l’Institut Congolais de Recherche en Développement et Etudes Stratégiques « ICREDES », autour de ce triptyque violence, pauvreté et discriminations urbaines, dans les deux villes ciblées de Kinshasa et de Mbuji-Mayi.

Il faut dire que le projet conduit par le professeur Shomba est financé,à l’issue d’un concours international,par le Centre de Recherche pour le Développement International « CRDI » basé à Ottawa (Canada) et The Departement For InternationlDevelopment « UKaid » du Royaume-Uni. Le Pr Shomba a accepté de répondre aux questions de La Tempête des Tropiques.

La Tempête des Tropiques : Le projet « nature et acteurs de la violence, de la pauvreté et des discriminations urbaines en RDC »s’avère important en rapport avec sa recherche et le maintien de la paix et même de la prévention de la violence criminelle dans les villes congolaises.Comment se présente ainsi le climat des rapports existants entre les deux Centres (CDS et ICREDES) qui l’exécutent en consortium depuis plus de deux ans?

Prof.Shomba : La qualité des rapports entre les chercheurs de nos deux Centres est excellente et c’est grâce à cela que les travaux vont bien de l’avant. En outre, ce sont des personnes qui se côtoient et s’apprécient depuis belle lurette.

Au plan de travail, chaque Centre a beaucoup appris et apporté à l’autre aussi bien au plan de l’expérience de terrain que théorique et même de la connaissance empirique en rapport avec les thématiques abordées. Ce rapprochement se renforce encoredavantage par l’appropriation des exigences de qualité que ne cesse de rappeler les responsables du CRDI-gestionnaires du programme.

TDT: Pouvons-nous sans attendre la fin de vos analyses, savoirde manière succincte, les principales tendances des résultats obtenus à ce jour par votre équipe?

Prof.Shomba : Cette question est non seulement anticipée mais aussi et surtout me met mal à l’aise dans la mesure où le triptyque abordé par notre équipe de chercheurs se montre très complexe et ne pouvait que donner lieu à plusieurs résultats, qui, à notre avis, sont tous importants pour permettre unesaisieglobale de différentes ramifications des thèmes abordés.

Toutefois, l’essentiel des résultats se concentrent sur aussi bien la marginalisation économique extrême de la masse juvénile et oisive commefacteur de basculement à la violence ; la densité du tissu urbain lacunaire (une extension non contrôlée des villes, le déficit d’urbanisme et des services sociaux de base, l’habitat précaire) qui sert de réservoirs aux criminels à peine dissuadés par une police limitée en effectif de son personnel et en moyens logistiques; l’ampleur de la violence qui fait que la police n’est plus l’unique dépositaire du maintien de la paix et de la prévention de lacriminalité, d’oùune participation progressive de la communauté (maitres volontaires, autodéfense populaire, chaines de télévisions qui s’emploient à dénoncer les actes d’extorsion des biens, de coups et blessures) qui s’observe sur plusieurs avenues et quartiers aussi bien de Kinshasa que deMbuji-Mayi; la prise de conscience de l’insécurité qui conduit à l’ajustement des comportements aux sentiments d’insécurité, l’élaboration des stratégies d’évitement volontaire des lieux ou des moments de la journée considérés plus dangereux, il s’agit ici ni plus ni moins d’une auto-exclusion, c’est-à-dire d’un couvre-feu de fait ; soucieuse de garantir la réussite de certaines manifestations publiques ou privées, la population et même l’autorité locale négocie la paix avec des gangs contre une rétribution même si par la suite, cette paix achetée n’est que fragile et éphémèrecar, parfois sert de mobile pour des nouveaux assauts à l’avenir sur les donateurs ponctuels.Ces résultats vont être davantage explicités et même complétés par d’autres à travers le rapport final du projet attendu dans les tout prochains mois.

TDT: Quels sont les principaux produits livrables jusqu’ici par votre équipe et sont-ils mis à la disposition du grand public?

Prof.Shomba : Plusieurs documents ont été conçus, rédigés et publiés dans le cadre de ce projet. Parmi les plus importants figurent notamment deux monographies de 104 pages chacune consacrées respectivement aux villes de Kinshasa et de Mbuji-Mayi, sites des enquêtes, un numéro spécial grand format de la revue Mouvements et Enjeux Sociaux (MES) comprenant quatorze articles de fondconsacrés au triptyque pauvreté, violence et discriminations urbaines en RDC, et autres articles de vulgarisation parus dans les journaux congolais ainsi que les interviews réalisées au niveau de la presse écrite et audio-visuelle.

TDT: Que vous reste t-il encore à organiser comme activités pour conclure votre investigation?
Prof.Shomba:Les principales activités restantes à parfaire sont en lien avec une batterie de huit questions qui configure et cerne entre autres problématiques: quels sont les facteurs sociaux, politiques, économiques et spécifiques qui contribuent le plus au triptyque urbanisation, inégalités/pauvreté et violence dans les villes congolaises;quels sont les mécanismes logiques spécifiques par lesquels l’urbanisation en RDC engendre la violence sociale, et en particulier chez les jeunes sous forme de « kulunisme » et de « suicidaire » dans les villes de Kinshasa et de Mbuji-Mayi; quels sont les modes d’approches utilisées par les acteurs étatiques et non-étatiques pour  éradiquer et/ou réduire la violence, la pauvreté et les inégalitéssociales dans le processus d’urbanisation de ces villes; et autres.

TDT: Votre dernier mot?

Prof. Shomba : je rêve à ce jour qui va sonner la fin que j’espère glorieuse de ces travaux combien nobles, complexes et délicats, je rêve encore davantage à l’idée que nous n’aurons pas perdu notre temps car l’impact de nos recommandations qui prendront appui sur notre plan stratégique de leur mise en œuvre se voudrait d’être remarquable.

Par LKT et HIVIM