La République démocratique du Congo accueille, ces dernières semaines, des vagues de réfugiés qui fuient la guerre en Centrafrique. Selon un communiqué conjoint émanant du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) et du Programme alimentaire mondial (PAM), plus de 2.000 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, ont traversé la frontière en direction du Nord de la RDC en l’espace d’une semaine.
"Les nouveaux arrivés en provenance de Bangui, capitale de la RCA, sont actuellement enregistrés par les autorités de la RDC dans la ville congolaise de Zongo, proche de la frontière. La plupart d’entre eux seront installés dans le camp de réfugiés de Mole", indique le communiqué de presse.
"Ces réfugiés, précise ce communiqué, ont indiqué avoir rencontré des difficultés pour quitter Bangui, suite aux nombreuses barricades érigées à travers la ville. Ils assurent avoir fui leur pays pour échapper aux combats entre des rebelles Seleka et les militants anti-Balaka. D’après certains d’entre eux, leurs maisons ont été brûlées".
PLUS DE 100.000 REFUGIES RECENSES
"Aujourd’hui, attestent les agences humanitaires présentes au Nord de la RDC, le nombre total de réfugiés centrafricains en RDC dépasse largement l’effectif de 100.000 personnes. Depuis la fin du mois de septembre en effet, les tensions se sont accentuées significativement et des coups de feu retentissent dans de nombreux quartiers de Bangui. La situation a suscité l’évacuation de diverses organisations humanitaires qui travaillaient sur place".
La situation d’extrême instabilité au pays, et en particulier les violences à Bangui, pourrait aboutir à une nouvelle augmentation du nombre de réfugiés fuyant la Centrafrique pour la RDC lors des prochains jours.
LES HUMANITAIRES DEBORDES
Depuis le début de la crise en mars 2013, plus de 65.000 réfugiés centrafricains ont été installés dans quatre camps (Boyabu, Mole, Inke et Bili) dans les provinces congolaises du Nord et du Sud Ubangi, pendant que d’autres vivent avec des familles d’accueil. Leur survie dépend largement de l’assistance humanitaire qui y est fournie.
C’est dans cette optique que deux agences des Nations unies ont exprimé leurs inquiétudes concernant le manque de fonds pour maintenir cette assistance en faveur des réfugiés. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) a annoncé qu’il lui manque de fonds pour l’installation d’abris pour ces réfugiés, ainsi que pour leurs besoins de santé et d’éducation.
L’ALLEMAGNE MOBILISE 1 MILLION DE DOLLARS
En 2015, le HCR n’a reçu que 6 % des 57 millions de dollars américains nécessaires pour ces opérations qui incluent la relocalisation de nouveaux arrivants vers des camps, la construction d’abris et la distribution d’articles non-alimentaires. La condition des abris s’est détériorée à la mi-septembre suite au passage d’une tornade qui a détruit presque la moitié des abris dans le camp de Mole.
Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) se voit aussi confronté à un manque de 1 million de dollars américains pour son opération d’aide alimentaire d’urgence pour assister les réfugiés centrafricains en RDC. L’agence est très reconnaissante envers le gouvernement allemand pour une contribution de 1,5 millions d’euros annoncée en septembre afin de couvrir les besoins urgents d’assistance alimentaire.
Cependant, sans la confirmation de nouvelles contributions, les activités vitales du PAM pour les réfugiés seront fortement compromises dès la fin-novembre. Ceci pourrait avoir un effet déstabilisant dans la zone frontalière fragilisée où vivent les réfugiés. Yves KALIKAT