Les cantonniers impayés arrêtent les travaux

Lundi 16 mars 2015 - 11:00

Les routes à nouveau impraticables

Les travaux de cantonnage manuel décrétés sur toute l’étendue de la province du Bandundu, depuis le milieu de l’année 2013, dans le cadre du service dit « service provincial de cantonnage manuel » (SEPROCAM), restent suspendus un peu partout, et les routes ont retrouvé leur état initial (herbes, érosions, sable, arbre tombé et barrons la route ect.). L’impayement des cantonniers serait à la base de cette malheureuse situation.

Dans certains coins de la province, les cantonniers n’auraient touché jusqu’ici qu’un mois de salaire, comme le cas de l’axe routier Kasongo-Lunda-Tembo, où ils n’auraient touché que le salaire du mois d’août 2013 (Cantonniers : 23.000FC ; chef d’équipe : 30.000 FC, encadreur : 60.000FC, plus 20.000FC de frais de mission, totale 80.000FC). Or sur cet axe, les travaux auraient commencé le 15 juillet 2013.

Mais les quinze jours de travail de ce mois n’ont pas été payés et depuis septembre 2013, les cantonniers endurent un calvaire.

Pas motivés

N’étant pas motivés, ils ont en général abandonné le travail. Pourtant, la province aurait débloqué d’énormes sommes d’argent pour l’entretien des routes. Même au point de vue matériel, les cantonniers ne sont pas bien équipés.

A part les bêches, machettes, haches et houes qu’ils auraient reçues, ils manquent beaucoup d’autres outils de travail.

Ce sont les pioches, les brouettes, les chaînes d’arpenteur et les rouleaux de fil pour le mesurage, les bottines, les blousons (salopettes), les chapeaux, les bidons d’eau vides, les barres de mine, les coupe-herbes (coupecoupes), les limes, les imperméables, les sacs vides etc.

Des vélos ont été promis aux chefs d’équipes, des motos aux encadreurs et aux superviseurs. Mais ces véhicules ne sont pas fournis.

Même un simple cantonnier doit en principe avoir un vélo pour se déplacer de son village à son tronçon routier, mais on n’y pense pas. La province ne doit pas lésiner sur les moyens pour pourvoir à tous ces matériels et pour payer les travailleurs, la réussite du cantonnage en dépend.

Pendant que les travaux piétinent, le coordonnateur provincial, numéro un du SEPROCAM, aurait fermé ses téléphones pour éviter les appels incessants des cantonniers.

Il nous revient par ailleurs qu’il y aurait insuffisance du personnel sur les routes. Par exemple sur un tronçon de 90 kilomètres, on affecte 24 cantonniers, ce qui fait une moyenne de plus ou moins 4 kilomètres par cantonnier, alors qu’il faut 1 cantonnier par kilomètre de route.

Spéculation et indiscrétion

Le suspens sur l’arrêt des travaux de cantonnage laisse libre cour à la spéculation et à l’indiscrétion. Tel ce coup de téléphone du 22 juillet 2014 d’un haut cadre de la province à Bandundu-ville, le chef-lieu, qui disait, pour l’essentiel, ce qui suit : « Les salaires des cantonniers ont été détournés.

Les députés mettent pression sur le gouverneur pour que la situation soit décantée. Une commission d’enquête a été montée à cet effet. Cette enquête est déjà terminée et le gouverneur a été en Europe ; il en est déjà rentré.

Le coordonnateur provincial est à Kinshasa et lui aussi peut descendre à Bandundu incessamment. On va présenter au progou (NDLR : gouverneur de province) les résultats de l’enquête et sachez que les députés sont allés en vacances parlementaires. Les membres de l’assemblée provinciale sont aussi demeurés impayés (colère !).

Nous allons voir ce qui va se passer le progou est déjà à son poste et le coordon aussi va vite l’y rejoindre. Selon les commentaires, les résultats seront fantastiques. Donc ne nous décourageons pas ».

Le gouvernement provincial doit pouvoir repenser la gestion du cantonnage manuel. La confier à de grandes sociétés industrielles ou commerciales, ou à des ong ayant des assises sûres serait le mieux. Dans le district du Kwilu comme dans les territoires de Kahemba et de Feshi, les ong ont déjà fait leur preuve dans l’entretien des routes.

Par notre correspondant permanent Robert Kitama