La fondation Bill Clinton pour la paix (FBCP) s’inquiète toujours des conditions précaires des détenus du Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK), l’ex prison centrale de Makala. C’est ce qui ressort du rapport publié mercredi 03 juin dernier. L’examen minutieux de la situation des prisonniers en RDC en est le fruit. Les conditions de détention, les violations massives de droits de l’homme et la politisation de la loi d’amnistie telle que définie dans l’accord cadre d’Addis-Abeba, sont les points exploités dans ce rapport.
Cette organisation non gouvernementale de défense des droits de l’homme fait une comparaison sur les conditions des prisonniers dans la quasi-totalité de la ville de Kinshasa.En dépit des recommandations des états généraux de la justice en RDC, récemment organisés, sur l’amélioration de la justice et des services pénitentiaires, la justice congolaise a encore du chemin à parcourir.
Elle pèche, indique-t-on, par l’absence de l’application de beaucoup de décisions émanant de ces assises. Toutefois, il est sans ignorer que le ministre de la Justice, Alexis Tambwe Mwamba, fait de son mieux pour asseoir les choses dans ce secteur. Cependant, beaucoup reste encore à faire dans le domaine des procédures judiciaires, des conditions sociales, sanitaires et sécuritaires des prisonniers.
Le constat fait dans toutes les prisons de la RDC est le même. Toutes les prisons livrent des scènes affligeantes.Au grand regret de M. Emmanuel Cole, président de la FBCP, les prisonniers ne bénéficient presque d’aucune assistance de l’Etat. Sans l’aide de l’Eglise catholique et d’autres visiteurs, il y aurait mort d’hommes.
L’ETAT NE DISPOSE PAS DE MOYENS CONSEQUENTS POUR FAIRE FACE A
LA SITUATION
La situation constatée dans les prisons de Kinshasa, à l’instar de Ndolo, est de plus en plus inquiétante. Visiblement, l’Etat congolais ne dispose pas de moyens financiers et matériels conséquents pour s’occuper des prisonniers et leur assurer des soins médicaux adéquats, souligne Emmanuel Cole. " Le budget de la prison centrale de Makala est annuel alors que les anciens directeurs percevaient l’argent de l’Etat chaque trois mois. Or, la population carcérale s’accroît en moyenne de 50 à 100 unités par mois ", renchérit le patron de FBCP.
A en croire M. Cole, " le vrai problème de la majorité des justices des pays africains est leur dépendance vis-à-vis des pouvoirs exécutifs. L’ordre qui règne actuellement dans la prison de Makala est le fruit de multiples dénonciations des ONGDH autour de nombreuses tracasseries dont sont victimes les visiteurs sous la houlette de l’ancien directeur de la prison de Makala".
Cette ONGDH dénonce le nombre assez élevé de la population carcérale. En effet, la prison de Makala a été construite par le pouvoir belge, pour une capacité d’accueil de 1.500 personnes. Aujourd’hui, elle en compte 6.678 personnes. La majorité des incarcérés sont des prévenus plutôt que des condamnés. Les charges retenues contre incarcérés sont légères. Coups et blessures, dettes, abus de confiance, injures publiques. Parmi eux, les mineurs. Ce qui inquiète aussi le président de la FBCP. Pour lui, les mineurs croupissent en prison sans être jugés bien que l’Etat congolais ait mis en place une juridiction spéciale pour mineurs. Aucune formation initiée dans la prison afin de projeter une éventuelle libération des mineurs en vue de leur intégration sociale.
Pour rappel, c’est le sixième rapport sur les conditions infra humaines de détention des prisonniers et des détenus préventifs de cette ONGDH. La RDC a encore d’énormes progrès à réaliser dans ce domaine. Anne-Osée SEMOPA