Les marginaux se disputent la palme de l’insécurité

Jeudi 10 mars 2016 - 09:40

Vagues d’agressions dans les rues, sur les petits ponts et petits sentiers reliant des quartiers, aux abords des cours d’eau, vols à main armée en cascade dans de maisons d’habitation, cambriolages de boutiques et autres alimentations, dans les différents quartiers des communes de la ville de Kinshasa : les plaintes de victimes se multiplient aux postes de police. Les commissariats et les districts de la police, eux, s’intéressent aux statistiques, localisant dans leurs différents secteurs, les lieux d’agressions, le nombre de malfaiteurs, celui de victimes et le type des butins et des lésions subies.

Les habitants de onze communes traumatisés à souhait, éprouvent quotidiennement une peur panique devenue leur seconde nature. Si les paniquards se sont interdits des sorties nocturnes, les téméraires préfèrent affronter le danger à leurs risques et périls. Chaque jour, la comptabilité du banditisme ne cesse de s’alourdir, au point que sur le plan de la sécurité, force est de constater que les différentes bandes de malfaiteurs  et les différentes écuries de marginaux, jadis éradiquées, ont toutes repris du service.

Pour les victimes, la police territoriale chargée d’assurer la protection des personnes et de leurs biens, le jour comme la nuit, ne fait pas assez pour lutter contre le banditisme qui chaque jour, prend de proportions alarmantes.

De ces plaintes, on peut retenir qu’alertée au téléphone ou par des informateurs occasionnels, cette police ne réagit que pour déplorer l’insuffisance des effectifs. Quelquefois, les policiers trouvés au poste, bien qu’animés de bonne foi, exigent les frais de déplacement, avant d’aller secourir les habitants du quartier en détresse.  Et il faut alors débourser quelque chose.

Que cette formalité soit remplie, le temps mis pour réunir quelques agents courageux, aura permis aux brigands de vider le lieu et de s’évanouir dans la nature !

Et comme pour les prévenir de leur arrivée dans le secteur, les policiers dépêchés sur le lieu, tirent quelques coups de feu en l’air. La stratégie paye, car l’on ne trouvera l’ombre d’aucun malfaiteur. D’où certaines mauvaises langues laissent entendre qu’il y aurait une sorte de complicité qui voit les bandits opérer en toute quiétude dans une zone hautement sécurisée sans crainte d’être pourchassés.

Réaction de certains habitants : se prendre en charge et enrayer l’insécurité

Dans certains quartiers où le banditisme a atteint la cote d’alerte, les jeunes sportifs organisés en brigades antigang, ou brigades anti kuluna, proposent la thérapeutique à ce fléau. Moyennant le paiement de quelques primes leur versées par des habitants du quartier, ces bénévoles ont déjà réussi quelques arrestations de marginaux qu’ils ont acheminés aux postes de police des environs.

Devant cette solution pratique, les délinquants de la pire espèce ont été mis en déroute, les obligeant à émigrer ailleurs. Au moins, avec ces brigades antigang, la sécurité denrée rare, a été restaurée dans les anciens fiefs des malfaiteurs. Alors se pose la terrible question de leur existence.

Faut-il oui ou non, abolir cette structure informelle qui a rendu de précieux services à la population  dans certains coins et recoins de la ville de Kinshasa où le « vide » de la police s’est manifesté ?

Les réactions divergent à ce sujet. Si pour certains, ces brigades «  d’autodéfense » populaires sont entrées dans nos mœurs et ont justifié leur présence, par leur mission presqu’héroïque, et à risques, pour les autres, l’informel ne doit pas supplanter le formel. La police doit jouer son rôle et remplir ses missions sans failles, ni tergiversations. Malheureusement, certains partis politiques jouant aux pyromanes, entretiennent des marginaux et les agitent comme des épouvantails pour agresser les partisans des formations politiques adverses. Une sorte de bombe à retardement pour les habitants.

C’est ici le lieu d’interpeller les responsables de la sécurité de la ville pour neutraliser toutes ces écuries de marginaux qui, à la longue, pourraient si elles ne sont pas bien « payées «  pour leur sale besogne, se muer en milices ou groupes armés. Leur éradication poserait plus de problèmes que ceux suscités pour leur entretien régulier. Qu’on se le dise !

J.R.T.