Les premiers vaccins contre Ebola sont arrivés au Libéria

Jeudi 5 février 2015 - 08:23

Le premier lot de 300 vaccins expérimentaux, le premier du genre produits par la société GlaxoSmithKline, est arrivé au Libéria, l'un des pays les plus touchés par la crise.

Dans les prochaines semaines, ces 300 doses permettront de démarrer le premier essai de grande ampleur pour ce vaccin expérimental, selon un communiqué de GlaxoSmithKline (GSK).

Cinq essais cliniques, de moindre ampleur, qui impliquent environ 300 volontaires sains en tout, sont en cours au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Suisse et au Mali.

« Les résultats initiaux de ces essais montrent que le vaccin candidat a un profil de sécurité acceptable, notamment au sein d'une population ouest-africaine, et ce dans tous les dosages évalués. Sur la base des données de sécurité et immunitaires récoltées lors de ces essais, GSK a sélectionné le dosage le plus adapté pour passer aux étapes suivantes des essais cliniques ».

Les analyses initiales de la phase I ont été publiées en novembre 2014 et d'autres études sur la même phase seront rendues publiques dans les mois à venir.

Les dosages choisis seront donc testés lors d'un essai clinique plus large de phase III, dirigé par l'institut de santé national des États-Unis (NIH). Jusqu'à 30 000 personnes seront impliquées dans cet essai. Un tiers d'entre eux recevront le vaccin candidat de GSK.
Il s'agira alors de comparer le vaccin candidat au vaccin contrôle, afin de déterminer si la réponse immunitaire identifiée lors de la phase I se traduit réellement en une protection efficace contre Ebola. L'essai débutera au Libéria dans les semaines à venir. Si GSK obtient le feu vert, d'autres lots de vaccins suivront rapidement.

Pour les campagnes de vaccination à grande échelle, il faudra encore attendre

« Ce premier lot de vaccins est une grande réussite et montre que nous sommes sur la bonne voie pour le développement accéléré de notre vaccin candidat contre Ebola. Les résultats initiaux de la phase I sont encourageants et nous permettent d'être confiants pour les prochaines étapes des essais cliniques, qui impliqueront la vaccination de milliers de volontaires, dont du personnel médical dans les zones très touchées par le virus. Si, comme nous l'espérons, le vaccin candidat protège véritablement ces volontaires, il nous aidera considérablement à mieux gérer l'épidémie actuelle et à empêcher de nouvelles épidémies », explique Dr Moncef Slaoui, président du groupe Global Vaccines chez GSK.

« Il est important de noter que ce vaccin est toujours en phase d'élaboration. Pour toute utilisation potentielle dans des campagnes de vaccination à grande échelle, le vaccin candidat devra convaincre les spécialistes de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et d'autres parties prenantes qu'il protège réellement d'Ebola sans causer d'effets secondaires importants. La production de grandes quantités de vaccins prend aussi du temps », ajoute-t-il.

L'OMS et les Centres de contrôle et de prévention des maladies des États-Unis ont épaulé GSK et soutiendront peut-être des essais dans d'autres pays, en Sierra Leone et en Guinée, par exemple, dans les prochains mois. L'entreprise pharmaceutique va également lancer sans attendre des essais de phase II dans les pays d'Afrique occidentale qui ne sont pas touchés par l'épidémie.

Sans intervention internationale, le nombre de cas d’Ebola pourrait être multiplié par dix

La commissaire chargée de la Coopération, de l'Aide humanitaire et de la Réaction aux crises, Kristalina Georgieva et le commissaire à la Santé, Tonio Borg, ont exposé la situation de l'Union européenne en ce qui concerne Ebola aux eurodéputés pendant la séance plénière du Parlement de Strasbourg fin 2014.

« Le nombre de cas d'Ebola dans le monde a doublé depuis la mi-septembre, a expliqué Kristalina Georgieva, passant de cinq à neuf mille personnes. Le nombre de morts du virus a également augmenté, atteignant un total de 4546, alors que l'on parlait de 2000 victimes il y a un peu plus d'un mois ».

Parmi elles, on compte au moins 300 membres du personnel médical qui travaillaient sur le terrain en Afrique de l'Ouest.

Selon la commissaire, l'Afrique occidentale ne fait pas seulement face à une crise sanitaire, mais également à une catastrophe économique et humanitaire. La Banque mondiale estime que, du début de l'épidémie à la fin de l'année 2014, les économies des pays touchés auront accusé une perte d'environ 5,7 milliards d'euros et pourraient, si la crise ne faiblit pas, enregistrer des pertes à hauteur de 19,5 milliards d'euros en 2015.

La Commission européenne a pris un certain nombre de mesures afin d'aider les pays touchés et de contenir la propagation de l'épidémie. Plus de 180 milliards d'euros ont été alloués à la crise Ebola par l'UE, qui a également redoublé d'efforts pour garantir l'évacuation des centaines de volontaires européens dans la région.

Des équipements médicaux, du matériel de protection et des avions spécialement conçus pour le transport de malades ont aussi été mis à disposition.

Le commissaire Tonio Borg a quant à lui annoncé aux eurodéputés qu'un réseau de laboratoires hautement sécurisés a été activé dans l'Union. Grâce à ces laboratoires, tous les pays membres seront équipés des structures nécessaires au dépistage des personnes contaminées.

« La Commission a également établi un réseau de cliniciens volontaires expérimenté dans le traitement d'Ebola en Europe », a ajouté le commissaire.

En outre, dans les jours qui viennent, la Commission approuvera le débloquement de 25 millions d'euros pour la recherche préclinique sur de potentiels vaccins préventifs.

Malgré ces efforts, les eurodéputés se sont montrés critiques quant à la réponse, jugée tardive, de la Commission face à la crise. Avoir les médicaments nécessaires ne suffit pas dans une telle situation, a notamment asséné l'eurodéputée espagnole Lidia Senra Sanchez, du parti GUE/GVN.

« Nous devons aussi combattre les causes de la vulnérabilité de l'Afrique de l'Ouest, comme le chômage, qui atteint 80 % de la population, ou la malnutrition, a-t-elle ajouté.

Se limiter à donner de l'argent à l'industrie pharmaceutique des pays occidentaux ne suffit pas, il faut également fournir une aide aux pays touchés qui ont besoin de personnel médical, entre autres. »

La propagation d'Ebola a par ailleurs été discutée par les ministres des Affaires étrangères de l'UE lors d'une réunion à Luxembourg le 20 octobre. Dans les conclusions du Conseil, les ministres demandent à tous les acteurs de mettre en place des campagnes d'information objectives à destination des citoyens européens et de « renforcer la coopération nationale et internationale aux niveaux adéquats ».