Levé du deuil du patriarche Kalonji Mulopwe : Le fils ainé du défunt en appelle à l’unité des Kasaïens

Mercredi 8 juillet 2015 - 12:44

Il a aussi évoqué les relations de son père avec Etienne Tshisekedi et Léon Kengo wa Dondo

Le deuil de sa Majesté Albert Kalonji Ditunga Mulopwe, décédé à l’âge de 86 ans, a été levé le samedi 05 juillet à Mbuji-Mayi où plusieurs personnes en provenance de différentes entités politico-administratives du pays sont venues rendre leur dernier hommage à celui qui est considéré comme de l’Etat autonome du Sud Kasaï.

Le défunt a marqué le peuple kasaïen et son nom restera gravé en lettres d’or dans la mémoire collective des générations en générations qui ne cesseront de parler de Kalonji Ditunga Mulopwe.

Son fils aîné, Jean-Marie Mukania Kanungula qui est député national honoraire de son état, s’est confié à la rédaction provinciale de La Tempête des Tropiques avant de quitter Mbuji-Mayi. Au cours de l’entretien, il a évoqué les relations de son père avec les hommes politique de la R.D.Congo, le souci du développement de sa province et a plaidé pour que le Kasaï soit doté des infrastructures de bases pour un décollage économique.

La Tempête des Tropiques : Bonjour Honorable Mukania. Voudriez-vous vous présenter à nos nombreux lecteurs, avez-vous quel âge et résidez-vous où ?

Mukania Kanungula : J’ai l’âge que vous connaissez, le troisième âge.Plus de 66 ans. Je demeure présentement à Kinshasa, voilà !
TDT : Vous êtes ici à Mbuji-Mayi pour le deuil de votre père Albert Kalonji Ditunga Mulopwe. Dites-nous qui était votre père, ses relations avec Mobutu, Tshisekedi, Kengo wa Dondo, Kabila père et fils ?

M.K : Vous savez, c’est difficile de parler de son père, quand on est enflé, hanté des sentiments qui peuvent vous influencer, qui peuvent vous animer dans un sens ou dans un autre. Néanmoins, je vous donne brièvement sa biographie.

En bref, je peux dire que, mon père est sorti assistant agronome à Cadilac à Kamponde au Kasaï-Occidental oùil a donné cours avant de se lancer dans la politique. Il a monté un cabinet de comptabilité et de fiscalité, également il a travaillé dans les assurances.

En ce qui concerne, les relations avec les personnalités que vous venez d’évoquer, il a essayé d’avoir les bonnes relations avec ces hommes du pays dans la mesure du possible avec des hauts et des bas bien sûr ! Avec Kengo wa Dondo, il avait de très bonnes relations, d’ailleurs c’est ce dernier qui l’a reçu quand il est venu de l’Europe, avant de tirer sa révérence à Mbuji-Mayi. Dans l’ensemble, il avait de bons rapports avec diverses personnalités.

TDT : A-t-il eu de pouvoir surnaturel pour conquérir les cœurs de peuple Muluba ?
M.K : Je ne pense pas. S’il a conquis les cœurs du peuple Muluba, c’est compte tenu des actions qu’il a eu à poser, envers ce peuple à un moment donné de son histoire.

Vous savez on dit c’est devant les difficultés qu’un homme se découvre. C’est mon père qui a convaincu le Muluba à rentrer chez lui pendant qu’il était pourchassé et malmené de toute part du Congo, sur instigation du colonisateur. Il a été fondateur de la province du Kasaï-Oriental. C’est ce qui a permis à ce peuple d’avoir un chez soi. Au temps difficile, il s’est occupé de son alimentation et de sa sécurité. C’est pour ces raisons que les Baluba s’attachent à Mulopwe.
TDT : A l’époque, il avait tout le pouvoir, le contrôle de la MIBA et une forte personnalité. Mais à voir l’environnement dans lequel il a vécu on sent qu’il n’a pas la fortune : pas d’immeubles à Mbuji-Mayi, ni une bâtisse dans sa terre natale digne de son rang, est-ce une honte ?

M.K: Non, c’est n’est pas une honte, la circonstance explique cela. Il a eu le pouvoir et l’a exercé pendant combien de temps, C’est à peine en un an et demie et vous connaissez les évènements qui se sont passés en 1962 sous l’instigation des colonisateurs, avec Kankolongo Albert, Ngalula Joseph. Et bien, il a été chassé du pouvoir. Et puis quand il était au pouvoir, à son époque, il n’avait pas l’esprit de lucre et d’enrichissement.

Il a travaillé et avait le sentiment d’altruisme. Il avait à l’esprit l’apostolat en occupant toutes les fonctions. Exemple : Le sud Kasaï, n’était pas géré par lui. C’est le ministre des finances de l’époque dont j’ai oublié le nom, c’était lui qui avait le tout. Ensuite, quand on l’a chassé du pouvoir, les quelques biens qu’il possédait avaient été confisqués par Ngalula Joseph et les autres. Il est parti mains vides. Après son exil, il n’a pas tout récupéré à son retour en RDC.
TDT : Quel message apportez-vous au peuple est – kasaïen.

M.K : Mon père a lutté de son vivant pour l’unité du peuple kasaïen. C’est pourquoi il a lancé le slogan « Nkonga Yo ».
Je crois que pour honorer sa mémoire, c’est de recréer cette unité-là.
TDT : Qu’est-ce qui vous a frappé le plus ici au Kasaï et qu’entendez-vous du gouvernement central et du pouvoir provincial ?

M.K :Je vous ai dit, c’est l’abnégation, l’amour du prochain et l’altruisme. Et mon père quand il est venu au pouvoir n’a pas cherché à s’enrichir. Voilà ce que j’entends du gouvernement central et provincial ? Cette province a besoin de se développer. C’est une province qui a été créée dans les conditions difficiles.Le développement ne peut se faire que sur base des infrastructures socio–économiques mises sur pied par le pouvoir central.

Quand j’entends dire que les Baluba ne construisent pas chez eux. Ceux qui disent cela sont méchants. Ils ne connaissent pas la réalité. Les vecteurs du développement comme les écoles, les hôpitaux, les ponts, les aéroports ne sont pas consistants pour prétendre à un développement.

Il faut aussi de l’électricité, le barrage de Tshiala initié par les Belges à Bena Tshitolo dans le cadre du plan décennal a été malheureusement abandonné après l’indépendance alors que toutes les infrastructures de base, à savoir les digues et les emplacements pour les tribunes sont là.

Aujourd’hui, le gouvernement central réhabilite et construit dans d’autres provinces sans s’occuper de ce barrage entamé par les Belges et n’attend que d’être achevé.

Le bien-fondé de l’énergie n’est plus à démontrer pour provoquer un boom économique susceptible de provoquer l’éclosion des PME et la création de petits métiers.

Ce ne sont seulement les grandes sociétés qui sont à la base du développement, mais les PME contribuent efficacement au décollage des Nations. L’exemple des Etats –Unis et de certains pays européens en dit long.
TDT : Avez-vous un message pour la Jeunesse est-kasaïenne ?

M.K: J’exhorteles jeunes au courage, à l’abnégation et à l’altruisme. Je les invite à considérer une fonction politique comme un apostolat et non une occasion de s’enrichir au détriment de la population. Et j’ajoute aussi ou je reviens aussi sur cette question des infrastructures de base. Comme je le disais, quand on dit que les BALUBA n’investissent pas chez eux.

Je crois que c’est soit par ignorance soit par mauvaise foi. Quand par exemple vous prenez la province du Kongo central qu’on appelait Bas Congo ou ville province de Kinshasa ou le Katanga utile (c’est-à-dire Sud Katanga qui sont développés).

Ils ont des infrastructures de base qui ont permis le développement de ces provinces et ces infrastructures n’ont pas été créées à travers les investissements des originaires. Ce sont au contraire les investissements publics. Même du temps colonial, quand l’Union Minière a existé au Katanga, elle était une société à Charte avec une certaine prérogative d’une puissance publique, qui se substitue à l’Etat pour le développement qu’on leur avait concédé. C’est ainsi que l’Union minière a créé des routes. Donc, il faut qu’au Kasaï aussi, le gouvernement central investisse dans les infrastructures de base pour permettre le développement de notre province.

Il ne faut pas que nous soyons traités injustement en évitant la politique de deux poids, deux mesures. Il faudrait que nous bénéficiions aussi des infrastructures de base pour le décollage de notre province. Comme les autres Congolais, nous payons les impôts.
TDT : Merci
M.K: C’est moi qui vous dis merci, Monsieur le Journaliste pour le travail abattu par la presse.

Par Patrice Kabemba Shambuy