« Likofi ya mukolo »

Lundi 2 février 2015 - 08:08

En battant les Diables rouges (4-2) samedi dernier à Bata, les Léopards vengent des centaines des milliers des familles violemment expulsées du Congo-Brazzaville.
* Liesses populaires sans précédent à Kinshasa, dans les grandes villes et même dans les villages.

Une défaite des Léopards de la République démocratique du Congo (RDC) face aux Diables rouges de la République du Congo (RC), aurait suffi pour que les compatriotes de Joseph Kabila soient dans tous leurs états. Mais, Dieu le maître des temps et des circonstances étant toujours du côté de ceux qui respectent les prescrits de lois et règlements universels, la RDC a battu à plate couture la RC. Plus qu’une simple victoire, tout un réconfort moral, un grand impact psychologique pour un pays qui a subi toutes sortes d’exactions, d’humiliations avec les vagues d’expulsions massives des Congolais du Congo-Kinshasa sans aucune raison obéissant à la rationalité. Une démystification ayant même poussé les Congolais du Congo-Brazzaville à se rabattre sur des actes de bas-étage se résumant en des scènes de pillage des boutiques tenues par des sujets libanais. Mais, pour leur part, après les expulsions massives subies au Congo d’en face, les Congolais de la RDC auraient en tout cas subi pire humiliation s’ils avaient courbé l’échine, à la Coupe d’Afrique des nations 2015, face à leurs voisins d’en face. Dieu étant juste, ce sont les Diables rouges qui se mordent le doigt devant les vaillants Léopards.

A Kinshasa, la victoire des "Léopards" sur les "Diables rouges" a déclenché des concerts de klaxons et donné lieu à des scènes de liesse populaire célébrant le retour de la RDC dans le dernier carré de la CAN. Des scènes de liesse ont été aussi observées dans plusieurs villes de la RDC. A Kinshasa, Matadi, Mbandaka, Kisangani, des milliers de personnes sont sorties dans la rue pour célébrer la victoire de leur sélection qualifiée pour les demi-finales de cette compétition. Les Léopards ne s’étaient plus qualifiés pour les demi-finales d’une Coupe d’Afrique des Nations depuis 1998.
Dans la capitale congolaise, une foule en liesse s’est déversée sur le boulevard du 30 juin juste après le coup de sifflet final de l’arbitre. Hommes, femmes, jeunes et enfants, sifflets à la bouche et drapelet aux couleurs du pays à la main, ont déambulé dans les principales artères de la ville de Kinshasa, chantant la victoire des Léopards. Entonnant la chanson des supporters de V. Club composée à l’honneur de leur entraîneur qui est aussi le sélectionneur de la RDC, des groupes de jeunes ont répété jusque tard dans la nuit : " Ibenge coacher eeeh coacher eeehhh !!!! "

PILLAGES SIGNALES A BRAZZAVILLE
En revanche, à Brazzaville, des violences ont éclaté après le match. Dans un quartier du sud de la capitale congolaise, quelques centaines de jeunes se sont livrés à des pillages, notamment des magasins d’électroménager tenus par des Libanais, ont indiqué des habitants dans des témoignages rapportés par AFP.
D’autres témoins ont fait part d’affrontements entre plusieurs centaines de manifestants et des policiers antiémeutes dans le nord de la capitale. Une trentaine de personnes auraient été arrêtées, mais le porte-parole de la police n’avait pu être joint pour donner sa version des faits.
Les précédents matchs du Congo dans la compétition avaient été suivis à Brazzaville d’actes de vandalisme et de pillage, et le maire de la capitale, Hugues Ngouélondélé, avait appelé le public de sa ville à faire "preuve de fair-play". Un fort dispositif policier avait été déployé en ville pour contenir d’éventuelles violences.

LES REFOULES DE BRAZZA EXPLOSENT DE JOIE
Au croisement des avenues Kabambare et Kasa-Vubu, juste en face de la maison communale de Kinshasa, les refoulés de Brazzaville qui y ont érigé leurs taudis explosent. La joie a atteint son paroxysme, après le coup du sifflet de l’arbitre Seychellois. Un véritable sentiment de revanche pour ces compatriotes qui ont été violés, maltraités, avant d’être sauvagement renvoyés dans leur pays d’origine.
" Ils nous ont violés, torturés, malmenés, maltraités… nous à notre tour, nous les avons salement violés sur un terrain de football, véritable " mbata ya mukolo nde yango oyo " ", ont-ils laissé entendre au cours d’une chanson improvisée à la fin du match. Les femmes, voire les jeunes filles sont restées à moitié nue, secouant habits ou foulards pour célébrer la victoire de nos vaillants Léopards. Un véritable défilé triomphal, la route bondée de monde. A ce moment, tous les véhicules étaient dans l’obligation de parquer.

A 2-0, LA TENSION MONTE SUR L’AVENUE BOKASSA
Sur l’avenue Bokassa, où défilent petits commerçants et commerçants ambulants, la tension commençait déjà à monter quand les Léopards perdaient par deux buts à zéro. Cette même température se ressentait aux alentours du grand marché où la plupart des gens suivaient le match dans des terrasses.
La colère avait tellement monté que les jeunes gens entrevoyaient l’idée d’un pillage des boutiques des étrangers qui quadrillent le grand marché. Pour maintenir leur décision, certains jeunes allaient s’échanger et revenaient en culotte et maillot de corps, visages renfrognés.
Dans la commune de Lemba, la population en liesse a pris d’assaut l’avenue Kianza et le Rond Point Super Lemba. La foule impressionnante qui jubilait sur l’avenue Kianza a rendu difficile la circulation des véhicules sur ce tronçon. Au niveau du Rond Point Super Lemba, la fête était totale. La population s’est retrouvée en ce lieu pour fêter la victoire des Léopards sur les Diables rouges. " La RDC est un Grand pays, " Eloko ya Makasi " que le petit Congo- Brazza puisse s’informer auprès des Burkinabé lors de la CAN 1998. Menés par 4-1 pour le match de la troisième place, les Léopards ont marqué trois buts en moins de dix minutes. Et au finish, la RDC a battu le Burkina Faso aux tirs aux tirs au but et est sortie troisième de la compétition", rappelle un étudiant en liesse.

RENVERSEMENT DE SITUATION
A deux buts partout, c’était la joie. Mais à 3-2, c’était la folie. Certaines filles sont restées presque nues. En soutien gorge.Les bus qui desservent les communes de Kalamu, Lemba, Ngaba, Masina, etc. en provenance du grand marché " Zando ", ont préféré garer. Obligeant même les passagers de redescendre pour remonter après. Tout simplement parce qu’après le match, l’ex-avenue Bokassa était noire du monde. Même les mamans n’ont pas pu se contenir. Elles ressentaient en cette victoire une véritable revanche de la RDC face au refoulement massif de leurs compatriotes de Brazza. Surtout que la plupart de leurs enfants vivaient du commerce entre Kinshasa et Brazza.
Avec cette défaite infligée au Congo-Brazza, des observateurs redoutent la reprise des expulsions sauvages des Rd Congolais du pays de Sassou. Car, déjà la semaine dernière 38 rd Congolais étaient encore refoulés. Mais le football, c’est le fair-play et ce fair-play doit primer également dans les relations de bon voisinage entre Etats. Ce n’est qu’un jeu, après tout. Rachidi MABANDU, MOLINA & A. LUKAMBIL